Bénin: une occasion en or pour Patrice Talon de décharger le ministre Séverin Quenum
Dans le rocambolesque scandale de tricherie lié au dernier concours de recrutement de 100 auditeurs de justice, Séverin Quenum s’en sort indemne. Si la démission est la chose la moins partagée au Bénin, le Président Patrice Talon doit étendre les tentacules de ses reformes à cette sphère de probité et exiger la démission de son ministre de la justice.
Tard dans la nuit du mardi 22 au mercredi 23 Décembre 2020, le tribunal de première instance de première classe de Cotonou a condamné les quatre personnes mises en cause à la suite de l’enquête sur les cas de tricheries enregistrés lors de la composition au concours de recrutement de 100 auditeurs. Selon le verdict, les deux principales accusées dans l’affaire sont condamnées à 36 mois de prison dont 12 mois ferme.
Malheureusement, le directeur adjoint de cabinet du ministère de la justice aura été condamné à seulement 06 mois de prison, et ceci avec sursis. Même si une amende de 38.710. 160 francs CFA doit être payées par les accusés, on peut aisément conclure une clémence de la justice béninoise face à ce scandaleux dossier dans lequel Séverin Quenum, le ministre béninois de la justice et garde des sceaux, s’en sort indemne.
Quelle obligation de probité pour le « rupturiens » ?
Le vendredi 19 Décembre 2019, le président Patrice Talon, dans son discours sur l’état de la Nation, avait déclaré que « plus aucun acte de prévarication n’est toléré ». Affichant sa volonté et sa vigueur à lutter contre la corruption, le chantre de rupture a toujours montré que la lutte contre la corruption est un impératif vital pour le Bénin. Mais dans les actes, beaucoup restent à faire tant est que les proches de ces gouvernants continuent allégrement de s’adonner à ces pratiques honteuses.
Si dans ce dossier de flagrant délit de tricherie, le cabinet du ministère de la justice a été directement impliqué, la responsabilité du ministre doit être engagée si le mal veut être attaqué à sa racine. Sachant qu’il serait très difficile, voir impossible, au Procureur de la République nommé par le ministre de la justice, d’asseoir la responsabilité de son ministre de tutelle, une démission doit être exigée par le premier magistrat du pays.
Le président Patrice Talon qui a toujours été accusé d’avoir la main moins lourde face à des actes de corruption impliquant ses proches doit pouvoir démonter sa bonne foi que la justice sous la rupture n’est pas sélective. Ne pas relever le ministre Sévérin Quenum de ses fonctions serait un aveu de lâcheté au vu de la fermeté affichée dans les paroles à lutter contre la corruption.
Parce que « les loups ne se mangent pas entre eux » ?
Dans un passé récent, Ignace Sossou a été condamné par la même justice à 18 mois de prison ferme pour avoir prétendument rapporté de fausses déclarations du Procureur de la république. Aujourd’hui, ce même Procureur, face à des proches éhontés du système en place a les mains moins lourdes. Les deux femmes impliquées dans ce rocambolesque scandale qui a fait perdre des millions à l’Etat béninois et aux pauvres citoyens, s’en sortent avec 12 mois de prison ferme. Le Directeur adjoint de cabinet (DAC) du Ministre de la justice et de la législation, ne saura même pas l’odeur que dégage les toilettes de la prison civile de Cotonou.
Les Béninois sont vraiment restés sur leur soif face à ce verdict dans ce dossier de tricherie dont les auteurs sont des candidats et/ou acteurs à des postes de responsabilité dans l’appareil judiciaire du pays. Et demander la démission de Séverin Quenum, Ministre de la justice et de la législation et aussi celle de Adidjatou Mathys, ministre du Travail et de la Fonction publique, ne serait pas de trop. Le peuple a soif de la justice « équitable ».
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