Bénin : projet de mandat unique, Patrice Talon ravale ses vomissures

Sans surprise, le président béninois Patrice Talon a annoncé samedi, sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Chose contraire à sa déclaration solennelle de 2016, celle de ne briguer qu’un seul mandat à la tête du Bénin.

En fin de tournée de réédition de comptes le samedi 16 janvier 2021, le président béninois Patrice Talon, a clairement avisé sur sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Le chef de l’Etat a annoncé qu’il va se représenter à la prochaine élection présidentielle et se veut être « l’homme » qui va renforcer « la bonne gouvernance au Bénin ».

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“Ce que les Béninois défendent avec acharnement, ce n’est plus seulement deux choses ; c’est maintenant trois choses : démocratie, nos libertés et la bonne gouvernance. Pour ma part, je resterai dans l’action permettant de renforcer la bonne gouvernance. Je serai candidat à cause de ça”, a-t-il déclaré pour justifier sa décision.

Serment trahi

En annonçant sa candidature à un second mandat, Patrice Talon a brisé son serment de 2016. Durant la période de la campagne présidentielle ou encore, lors de son investiture en 2016, il avait juré ciel et terre qu’il ne fera qu’un seul mandat.

« Je ferai de mon mandat unique une exigence morale en exerçant le pouvoir d’Etat avec dignité et simplicité. Je m’acquitterai de mes devoirs de Président de la République avec humilité, abnégation et sacrifice pour le bien-être de tous”, avait-il déclaré.

Dans son discours, le chef de l’Etat en avait l’air bien sérieux. Mais 05 ans plus tard, il a ravalé sa vomissure et rejoint ainsi, le panthéon des présidents africains qui n’ont aucun respect pour la parole donnée. Mais, ce changement de ton et de tonalité du président à l’approche de la présidentielle était pourtant prévisible. Car, au vu des réformes politiques entreprises lors de ces 05 dernières années, l’envie de briguer un nouveau mandat à la tête du pays y transparaissait.

“[Rires] Il est nouveau…”

Il y a de cela 4 ans, l’ex-président gambien, Yahya Jammeh, avait fait savoir que cette option du président Patrice Talon résulterait du fait qu’il soit nouveau dans le système. “[Rires] Il est nouveau…”, avait-il répondu au journaliste qui voulait avoir son avis sur la déclaration du président béninois. Pour lui, la limitation de mandat en Afrique serait une source d’instabilité politique et de non aboutissement des projets de développement.

“Soyons sérieux : en Afrique, lorsque vous démarrez un projet, il vous faut au moins un an pour trouver les financements, six mois pour réaliser les études de faisabilité, etc. Il est à peine lancé que votre mandat est terminé. Voilà pourquoi tant de projets n’aboutissent jamais. Prôner la limitation des mandats en Afrique, c’est prôner l’instabilité.” , avait-il déclaré.

Des propos auquels Patrice Talon s’étaient même permis d’y répondre, dans un ton d’homme fier, arguant d’être quasi incorruptible.

Le président de Gambie a fait une petite blague sur la question. C’est vrai que le pouvoir tente, corrompt et finit par vous transformer, mais je ne pense pas que le pouvoir changerait ma nature. 

Patrice Talon

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D’une assemblée monocolore au loi de parrainage qui fait frémir l’opposition, les principaux concurrents de Patrice Talon ont été écartés de diverses manières. Selon plusieurs observateurs politiques ou leaders d’opinion, autrefois le laboratoire de la démocratie, le Bénin a progressivement reculé au plan de la démocratie ces dernières années.

« La démocratie béninoise est en train de mourir sous le règne de l’actuel chef de l’Etat », dira Kemi Seba.

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