Eurobonds réussis: « Le Bénin a un bon ministre des finances », Lionel Zinsou

Dans un entretien accordé au magazine panafricain Jeune Afrique, l’ancien premier ministre du Bénin, Lionel Zinsou, a opiné sur la double émission d’eurobonds, réalisée par le pays. Dans sa peau de banquier d’affaires, le challenger de Patrice Talon à la présidentielle de 2016 trouve que le succès connu par le Bénin dans cette opération est historique.

Le Bénin a décroché, par des eurobonds, un milliard d’euros, soit 656 milliards de francs Cfa, auprès des investisseurs internationaux. Pour Lionel Zinsou, la réussite de cette émission du Bénin est « très frappant ». « C’est la première émission de ce type de l’année, qui a, en outre, été suivie d’une émission de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), également spectaculaire (…) Ces deux émissions font l’histoire. On ne le dit pas assez, mais il s’agit d’un basculement », a-t-il fait constater.

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L’économiste évoque quatre facteurs pour justifier son avis. Il parle premièrement du prix de la dette, qui est « de plus en plus bas ». Deuxièmement, il fait fait constater que « la maturité est longue : les trente ans du Bénin et les douze ans de la BOAD, c’est du jamais vu dans cette zone du
monde »
. En troisième lieu, Lionel Zinsou note une forte participation des investisseurs venus d’Asie, notamment, en ce qui concerne l’eurobond de la BOAD. Il qualifie cet intérêt de l’Asie de « complètement nouveau ». Enfin, l’ancien premier ministre de Boni Yayi constate que la réussite de ces eurobonds montre que la position des investisseurs sur la perception du risque en Afrique a évolué.

Un vote de confiance…

Cet engouement des investisseurs sur l’émission réalisée par le Bénin, est perçu par le banquier comme un « vote de confiance« . Selon Lionel Zinsou, personne n’aurait parié que le Bénin pourrait proposer une telle maturité. « Nous sommes donc face à un vote de confiance, un plébiscite des capitaux », a-t-il précisé.

Sur trente ans, on peut amortir des investissements d’infrastructure qui ont des rendements à deux chiffres.

Lionel Zinsou

Lionel Zinsou évoque la soutenabilité de la dette en analysant le niveau de taux à dix ans (4, 8% pour le Bénin et 2,75% pour la BOAD). Il met en rapport lesdits taux avec le taux de croissance du PIB en valeur (inflation
comprise), qui est projeté entre 7 et 9 % dans la zone économique. « …quand vous avez une croissance supérieure à votre taux d’endettement, il se fait un basculement : vous êtes alors dans une situation où vous gagnez plus en richesses créées que ce que vous payez en service de la dette. Cela signifie que la dette est soutenable, que l’on entre dans un cercle vertueux« , a-t-il expliqué.

Des investissements publics…

En Afrique, quand on parle de la dette publique, la question qui revient souvent, c’est « Où vont les sous mobilisés ? ». Sur la question, Lionel Zinsou constate que de plus en plus les pays africains font une gestion rigoureuse de l’argent mobilisé sur les marchés financiers. Du Bénin en Côte d’Ivoire, en passant par le Sénégal, le banquier note un investissement public dans plusieurs domaines.

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Au Bénin, au Sénégal ou en Côte d’Ivoire, Lionel Zinsou ne voit pas d’éléphants blancs. « Les investissements, ce sont des centrales, des ports, des routes… Des équipements qui ont des effets sur l’ensemble de l’économie. C’est un grand changement par rapport à l’Afrique d’il y a quarante ans. Les investissements publics sont disciplinés et rentables », a-t-il confié à Jeune Afrique.

« Le Bénin a un bon ministre des finances »

Cette prouesse réalisée par le Bénin, devrait-elle être mise à l’actif du Ministre de l’économie et des finances, Romuald Wadagni ? L’ancien premier ministre ne fait pas un long commentaire sur la question. Il y répond plutôt avec diplomatie. Pour lui, le Bénin a un bon ministre des finances; mais le mérite revient à tout le peuple béninois. « Ce qui compte, c’est la signature du pays. Ce sont les 12 millions de Béninois », a-t-il dit.

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