Mali: le Mouvement du 5 Juin-RFP tire à boulets rouges sur la transition en cours

Le médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), au Mali, l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan, a reçu une délégation du Mouvement du 5-Juin-RFP dans le cadre de la mission de bilan des 100 jours de la transition dans le pays.

La rencontre entre Goodluck Jonathan et le M5 a découlé sur des demandes du mouvement populaire malien. Dans une note adressée au médiateur, la délégation du M5 a énuméré plusieurs défauts de la transition et surtout le fait qu’elle serait accaparée par les militaires.

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« Depuis les évènements du 18 août 2020, le M5-RFP n’a pas eu l’occasion d’exposer à la CEDEAO ses appréciations sur la conduite de la Transition en cours qui, au stade actuel, pour nous, peuvent être synthétisées en quatre points principaux », a indiqué le porte-parole, le Choguel Maïga, avant de tirer à boulets rouges sur la transition en énumérant les quatre points.

 1- L’engagement partagé d’instaurer au Mali une Transition civile est violé. Ainsi : Le Président de la Transition est un Colonel-major à la retraite qui ne détient pas la réalité́ du pouvoir ; Les véritables leviers du pouvoir sont détenus par le Vice-président de la Transition, un militaire chef de la Junte ; Les postes clés du gouvernement sont détenus par les militaires membres de la Junte ; Les 4/5 des ministres ont été désignés par la Junte sur la base des seules affinités ; Le Premier ministre civil est manifestement dans l’impossibilité d’exercer pleinement son autorité de Chef d’un gouvernement qui lui a été imposé ; Le Président du Conseil National de la Transition (CNT) est un militaire membre de la Junte ;

Tous les membres du CNT ont été nommés par le Vice-président de la Transition en violation flagrante et dans le mépris total des décrets sur la mise en place de l’organe et de la Charte de la Transition. Une majorité de gouverneurs des régions sont des militaires. L’essentiel des nominations au sein de l’Administration sont faites par les militaires et choisies parmi les proches de la Junte.

2- Des menaces très fortes pèsent sur la tenue d’élections régulières, libres, transparentes et crédibles.

En effet, les autorités de la Transition s’éloignent de plus en plus de la mise en place d’un organe unique et indépendant de gestion des élections qui demeure une exigence quasi-unanime de la classe politique et des acteurs sociaux et un gage de la crédibilité des élections.

En lieu et place, le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, en charge de l’organisation des élections, a mis en place une cellule d’appui qui, si elle n’est pas contestée dans le principe, s’est, de façon inacceptable accaparée de certaines prérogatives de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et de la Délégation Générale aux Elections (DGE).

Tout laisse croire que par ce biais, les autorités de la Transition veulent organiser une cession du pouvoir après ne parodie d’élection. Un tel dessein ne saurait être accepté.

3- Un processus non inclusif de révision de la Constitution est en cours :

L’opinion nationale en général et le M5-RFP en particulier ont entendu avec effarement un membre du gouvernement annoncer que le processus de révision de la Constitution a démarré. Pour le M5-RFP, ce processus ne saurait en aucun cas être ni technocratique ni secrète mais au contraire ouverte, inclusive et consensuelle. Tel n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui. C’est le lieu et le moment de rappeler qu’au Mali, trois tentatives de révision de la Constitution ont échoué à cause entre autres du caractère non consensuel du processus.

4- L’inacceptable mise en place rampante d’un régime autocratique :

En témoignent les arrestations extrajudiciaires qui se généralisent et qui sont inacceptables dans un Etat de droit nonobstant la présentation ultérieure des personnes « enlevées » devant les autorités judiciaires.

Mais c’est la mise en place du CNT qui est l’illustration la plus achevée du mépris affiché pour l’Etat de droit et l’imposition, par la force et la manipulation, des desiderata de la Junte militaire qui d’ailleurs continue à exister en droit et en fait à Kati. A cet égard, le M5-RFP estime qu’un acte formel de dissolution du CNSP doit intervenir sans délai.

Choguel Maïga, porte-parole du M5-RPF

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