RDC – Assassinat de Kabila: le colonel Eddy Kapend parle pour la première fois

Après sa sortie de prison à la suite d’une grâce présidentielle, Eddy Kapend, longtemps resté silencieux depuis sa libération, s’est finalement exprimé à travers une vidéo, dans laquelle il a remercié le président et les Congolais pour leurs soutiens. Il a également révélé avoir été emprisonné à tort, en ce qui concerne le meurtre de l’ancien président, Laurent Désiré Kabila.

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, jeudi, le Colonel Eddy Kapend s’est prononcé en langue locale congolaise Lunde et a, dans un premier temps, remercié tous ceux qui lui ont apporté leurs soutiens et leurs prières pendant qu’il était en prison. « Je suis votre fils que les méchants ont envoyé à la mort sans avoir fait aucun mal. Mais grâce à vos prières, grâce aux prières de tous les Ruund (l’ethnie congolaise à laquelle il appartient, Ndlr), grâce aux prières de tous les compatriotes congolais…Dieu a exaucé et a touché le cœur de son excellence Felix Tshisekedi, il m’a libéré, m’a fait sortir de la prison », a déclaré Kapend.

L’ancien officier de l’armée congolaise est ensuite revenu sur ce qui l’a conduit en prison, l’assassinat de l’ancien président, Laurent Désiré Kabila, et a encore clamé son innocence face à ce crime. « Je vous confirme que moi je n’avais fait aucun mal à Kabila, je ne l’avais pas tué », a-t-il déclaré, en s’adressant au chef coutumier de sa communauté. « Le sang des Ruunds n’est pas celui des traîtres. Je suis un fils de Mwant Yav ; Kapend est fils de Mwant Yav. J’avais fait le bien, j’ai fait tout ce qui m’avait été demandé de faire. Mais ceux à qui j’avais fait du bien, les gens à qui j’avais donné le pouvoir, se sont retournés contre moi, m’ont envoyé en prison avec l’intention de me tuer », a ajouté Eddy Kapend.

Ses compagnons d’infortune

Eddy Kapend a finalement eu une pensée pour ses compagnons d’infortune avec qui il a vécu les tourments de ces accusations de meurtre et leur a rendu hommage. « Beaucoup de personnes avec qui j’étais là-dedans (en prison), sont décédés. C’est notamment le cas de votre fils, le Général Yav, il est mort en laissant des orphelins », a-t-il indiqué, en citant d’autres de ses camarades décédés. Il poursuit en déclarant que « Dieu nous a gardé en vie, nous le peu d’hommes qui sommes restés (…) J’ai été libéré ensemble avec eux, nous nous portons bien ».

Le colonel Eddy Kapend était l’aide de camp de l’ancien président assassiné, Laurent Désiré Kabila. Il a été accusé avec plusieurs autres militaires et agents de renseignements d’être auteur de ce meurtre. Ils ont tous été rapidement jugés par un tribunal controversé et condamné à la peine de mort. Une condamnation qui, malgré les années, a continué par choquer les organisations de défense des droits humains.

La Grâce présidentielle

Eddy Kapend, qui a toujours clamé son innocence, avait déjà bénéficié d’une réduction de peine à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance de la RDC, le 30 juin dernier, lorsque le président Tshisekedi avait annoncé les commutations de sentences et des grâces collectives pour plusieurs centaines de prisonniers. Kapend a finalement été gracié avec 22 autres de ses coaccusés pour « des raisons humanitaires », selon les autorités actuelles de la République démocratique du Congo (RDC). Il a reçu son certificat de libération en janvier 2021 après 19 ans passées derrière les barreaux, dont 18 dans le couloir de la mort.

Le gouvernement souligne, cependant, que « cette grâce n’est pas un chèque en blanc. La grâce ne va pas effacer les crimes pour lesquels vous avez été condamnés. Une telle mesure, c’est tout simplement parce qu’on veut remettre le pays sur les rails et apporter une certaine quiétude aux Congolais ». Cette libération intervient alors que le président Félix Tshisekedi a coupé les ponts avec son prédécesseur et ex-allié, Joseph Désiré KABILA, en mettant fin à la coalition FCC-CACH. Plusieurs observateurs suggèrent que la grâce accordée à Kapend et ses camarades, pourrait être une occasion pour la RDC de rouvrir ce qu’ils considèrent être un dossier sombre de la présidence Kabila.

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