Le Bénin sous Patrice Talon n’est pas une dictature mais « une démocratie stricte »

L’expression « dictature » est dans la bouche de quiconque n’est pas d’accord avec le régime actuel au Bénin, ou est dans une guerre personnelle avec Patrice Talon. Cependant, il faut dire que la dictature dans ce sens n’est pas forcément le terme approprié pour qualifier la gestion du pouvoir par le président béninois.

C’est évidement une opinion mitigée en matière de point de vue et cela dépend de là où on se retrouve dans la sphère politique du Bénin. Cependant, essayons d’être quelque peu objectif (sachant qu’il ne s’agit que d’un idéal utopique, l’objectivité) dans la façon de voir les choses.

Le président Patrice Talon a fait de son mandat une opportunité de faire évoluer le Bénin en matière de développement infrastructurel, économique, politique et administratif. un objectif qui n’a pas été occulté, nonobstant les difficultés. Même si l’aspect social a pas mal été survolé dans bien des cas, il n’en demeure pas moins abordé.

Il faut vraiment se rendre à l’évidence qu’avec la gouvernance Talon, le Bénin fait un grand pas vers un avenir moins sombre. Outre les infrastructures, l’administration du pays s’est améliorée en matière de prestations de services et les Béninois sont moins irrespectueux des lois de la société. Talon a fait du Bénin en cinq ans, un Etat moins anarchiste et plus respecté.

Cependant, toutes ces prouesses ne se sont pas faites d’un coup de baguette magique. Il y a eu des sacrifices, de gros sacrifices, et les Béninois les ont faits sous différentes formes. Talon et ses compagnons n’ont pas raté leur coup de tenter un musellement des politiques et aussi des faiseurs d’opinion.

Les sacrifices durs et parfois injustes

Avant d’en arriver à ce résultat, il a fallu à Patrice Talon et à son équipe, de se débarrasser courageusement de tous les obstacles les empêchant d’atteindre les objectifs fixés. Des politiques aux hommes d’affaires en passant par les journalistes, les web-activistes et pseudo-web-activistes, les flics, les fonctionnaires de tous genres, les citoyens lambda ou encore des Etats partenaires, tout le monde en a eu pour son compte en ce qui concerne les abus, l’excès de zèle et l’insouciance par moment de ce régime et de ces « potes ». Tout le monde se plaint, même ceux qui n’y comprennent rien; Talon est devenu l’homme à abattre dans le pays, à tort ou à raison.

Mais Talon avait pourtant prévenu qu’il fallait faire des sacrifices et « serrer la ceinture ». On avait pensé qu’il ne s’agissait que du panier de la ménagère, mais on se rend à l’évidence qu’il était question de tous les domaines. Le président béninois à de l’ambition pour le pays, cela ne fait aucun doute; et pour y arriver, l’homme ne peut pas compter sur la bonne foi de ces politiques (tant de la majorité que de l’opposition) qui ne sont assoiffés que de pouvoir sans aucune pensée pour le peuple qu’ils prennent pour bouclier quand ça commence à leur échapper.

Mais il faut tout de même que le président sache que tout ceux qui critiquent dans une certaine objectivité ne sont pas forcément des ennemis. Sur ce point, Patrice Talon doit discipliner sa troupe qui en fait un peu trop dans l’abus de pouvoir.

Dictature ou démocratie?

Il n’y a pas encore de dictature au Bénin comme tentent d’en convaincre le peuple, certains politiques et autres personnalités aux intentions douteuses. Comme l’a si bien trouvé le ministre de l’intérieur ukrainien, Arsen Avakov, la nouvelle expression de « Démocratie stricte » est très bien adaptable à ce que développe le Bénin aujourd’hui. Il s’agit certes, d’une démocratie imparfaite mais précieuse pour faire bouger le pays et tenter de le faire sortir de ce gouffre dans lequel l’anarchie des temps anciens l’y a plongé.

Pour reprendre des termes d’un éditorial du journal Le Monde, si « imparfaite » et « brouillonne » soit-elle, la démocratie béninoise existe, et elle constitue une rareté précieuse dans l’espace ouest-africain qu’il faudrait, pourquoi pas, l’exporter dans toute l’Afrique afin de sortir ce continent du piège sans fin dans lequel les mentalités de ses fils et les occidentaux l’on conduit.

Ces cinq dernières années, la scène politique et l’opinion béninoises ont profondément évolué. Pour la première fois dans l’histoire de ce pays sexagénaire, l’élection présidentielle à venir n’est pas le « cirque » que l’on observe chaque cinq ans mais plutôt une confrontation d’idéologies sociopolitiques (même s’il reste encore un long chemin pour parfaire le système).

Cependant, cela ne doit pas conduire à occulter ou à minimiser les importantes lacunes de la classe dirigeante, son incapacité à se réformer en profondeur et le rôle toujours prépondérant qu’y jouent les élites férues de l’ancien système. Il est donc important de soutenir le projet Talon avec l’esprit critique et non l’esprit de critique.

Pour bien gouverner le Bénin, il faut des tripes

Le Bénin comme plusieurs pays d’Afrique, a besoin de gouvernants audacieux qui n’ont pas peur des réformes et qui non plus, n’ont pas peur de la confrontation d’idées. Le dirigeant doit savoir reconnaître qu’il n’a pas la science infuse et surtout penser à faire son job au lieu de penser à consolider son pouvoir pour dépouiller le pays. Et c’est le grand malheur de plusieurs Etats d’Afrique. Comment «dénicher» un homme d’Etat capable de prendre à témoin le peuple, de loin plus conscient que ses élites, pour oser de grandes décisions sans avoir peur de déplaire ?

Un homme d’Etat qui a des tripes et qui est capable, par sa consistance intellectuelle et sa maîtrise des grands dossiers, de faire valoir les intérêts du pays même si on doit le haïr, de clouer le bec à tous les vautours mal famés qui sévissent partout dans le pays et qui empoisonnent le climat socio-politico-économique. Un homme d’Etat entouré de conseillers qui travaillent sur des solutions et non qui créent des problèmes! Patrice Talon n’en est pas encore un bien accompli, c’est évident. Mais de tous les hommes politiques que connait actuellement le Bénin, c’est le seul qui se rapproche du profil et qui semble faire le job. Il ne manque pas de « couille », ce mec !

Cependant, avoir des tripes ne veut pas dire tout se permettre. Patrice Talon et son équipe doivent savoir raison garder car à vouloir en faire trop ils pourraient finalement tout gâter. Le développement certes, le respect des lois qu’on s’est fixé d’accord, mais il ne faut pas, au nom du pouvoir, contourner la loi pour nuire à un béninois; ou pour protéger des gens qui se sont rendus coupables de telle ou telle infraction. Le courage doit pouvoir aller avec une once de justice même si personne n’a dit que la vie était juste.

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