Somalie: les députés prolongent le mandat du président Mohamed Abdullahi de deux ans

Les députés somaliens ont voté lundi la prolongation de deux ans du mandat du président de Somalie, Mohamed Abdullahi Mohamed, après des mois d’impasse sur la tenue d’élections dans ce pays en crise de la Corne de l’Afrique. Cependant, le président de la chambre haute, le Sénat, qui doit approuver ce projet de loi, a immédiatement déclaré cette décision inconstitutionnelle.

Déjà théâtre de la guerre avec les islamistes shebab, le pays est en crise constitutionnelle depuis que le mandat du président Mohamed Abdullahi Mohamed, plus connu sous son surnom de « Farmajo », a pris fin en février. Farmajo et les dirigeants des cinq États fédéraux semi-autonomes de Somalie avaient conclu un accord en septembre qui ouvrait la voie à des élections parlementaires et présidentielles indirectes fin 2020 et début 2021.

Mais cet accord s’est effondré après des désaccords sur l’organisation du scrutin, et les nombreux pourparlers n’ont pas permis de sortir de l’impasse entre Mogadiscio et ces États régionaux. « (…) 149 députés ont voté en faveur du projet de loi », avec une abstention et trois votes contre, a déclaré lundi le président de l’Assemblée, Mohamed Mursal.

Ce projet de loi, qui prolonge jusqu’en 2023 le mandat de Farmajo, ouvre la voie à une élection sur le mode « une personne, une voix » cette même année, le premier scrutin au suffrage universel direct depuis 1969. A l’occasion de ce vote, le président Farmajo a déclaré que le projet de loi avait été introduit après les tentatives des Etats régionaux de « saboter » les efforts précédents pour organiser une élection.

« Le gouvernement jouera son rôle dans la mise en œuvre de cette loi (…) qui oriente le pays vers la tenue d’élections directes et rend au peuple somalien ses droits constitutionnels », a déclaré le président dans un communiqué.

Le vote a été immédiatement condamné par plusieurs sénateurs de la chambre haute. Selon le président du Sénat, Abdi Hashi Abdullahi, il « entraînera le pays vers l’instabilité politique, l’insécurité et d’autres situations imprévisibles ».

Un autre sénateur, Ilyas Ali Hassan, a jugé cette prolongation « inconstitutionnelle »: « le mandat du parlement a expiré et ils n’ont aucune autorité pour introduire une loi électorale ». « Et même s’ils en avaient le mandat, il est impossible que la chambre basse puisse introduire seule une loi électorale sans l’aval du Sénat », a estimé ce sénateur.

La Somalie n’a pas eu de gouvernement central efficace depuis l’effondrement du régime militaire de Siad Barre en 1991, qui a entraîné des décennies de guerre civile et d’anarchie alimentées par des conflits entre clans.

Le pays est également toujours aux prises avec le groupe militant islamiste Al-Shebab, lié à Al-Qaïda, qui a contrôlé la capitale jusqu’en 2011, avant d’en être chassé par les troupes de l’Union africaine (UA). Les shebabs conservent certaines portions du territoire et mènent régulièrement des attaques contre des cibles gouvernementales, militaires et civiles, à Mogadiscio et dans les villes régionales.

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