Rwanda – Commémorations du génocide: Emmanuel Macron esquive l’invitation de Paul Kagame
Emmanuel Macron ne se rendra pas à Kigali le 7 avril prochain pour la 25e commémoration du génocide rwandais. Le président français sera représenté sur place par Hervé Berville, un jeune député de 29 ans, natif de Kigali.
Invité officiellement par Paul Kagame, président du Rwanda, à participer aux commémorations du 25e anniversaire du génocide des Tutsi, Emmanuel Macron ne se rendra pas à Kigali le 7 avril.
«La France sera aux cotés du Rwanda dans ce moment de recueillement», a indiqué l’Elysée, sans donner de raison à l’empêchement d’Emmanuel Macron. «Le président de la République m’a demandé d’être son représentant personnel lors des commémorations du 25e anniversaire du génocide des Tutsi le 7 avril», a indiqué à l’AFP Hervé Berville, député du parti présidentiel LREM âgé de 29 ans.
Né à Kigali et orphelin, M. Berville a été adopté à 4 ans par une famille française, en 1994. Il a été l’auteur d’un projet de loi visant à renforcer l’aide de la France aux pays en développement, pour répondre à l’engagement pris par Emmanuel Macron.
Entre Paris et Kigali, le délicat jeu de rapprochement
Le président français aurait été le deuxième président français à se déplacer à Kigali depuis le génocide. Nicolas Sarkozy avait été le premier chef de l’État français à se rendre au Rwanda en février 2010. A cette occasion, il avait admis à Kigali des «erreurs d’appréciation» de la France à l’époque du génocide, sans présenter d’excuses formelles. Près d’un quart de siècle plus tard, le rôle joué par la France au Rwanda reste encore un sujet hautement polémique, objet de tensions récurrentes entre Paris et Kigali.
Le président rwandais Paul Kagame, dont le mouvement rebelle a mis fin au génocide, a accusé les autorités françaises d’avoir soutenu le pouvoir hutu et d’avoir été un acteur des tueries ayant fait, selon l’ONU, quelque 800.000 morts entre avril et juillet 1994, essentiellement parmi la minorité tutsi, mais aussi chez les Hutu modérés. Paris a toujours démenti toute implication dans les massacres.
L’invitation faite à M. Macron avait été perçue comme un nouveau réchauffement des relations entre les deux pays, après le soutien appuyé de Paris à Louise Mushikiwabo, ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères, à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie.
Même si, depuis 2015, il n’y a toujours pas d’ambassadeur de France au Rwanda, en mai 2018, Paul Kagame avait été reçu à l’Elysée pour la première fois depuis 2011.
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