«Performance économique du Bénin appréciée par le FMI : de la poudre aux yeux !»
Créé pour appuyer les économies fragiles, le Fmi (Fonds monétaire international) s’est durablement ancré dans notre paysage institutionnel, macro-économique et financier. Son aide était supposée de nous aider à nous passer de l’aide pour paraphraser feu le respectable héros de l’Afrique, ce capitaine forçant l’admiration, cette espèce rare Thomas Sankara.
Nos pays sont devenus des malades chroniques ayant besoin ad vitam eternaem des médicaments du docteur Fmi. N’en déplaise à nos altermondialistes et autres gauchistes, notre dépendance endémique du Fmi est due non à un système «complotiste» de l’Occident mais à la malhonnêteté de nos élites dirigeantes. Une mission du Fonds monétaire international (FMI) conduite par Christine Lagarde, séjourne actuellement dans notre pays.
Lors de la conférence de presse conjointe organisée par Patrice Talon, et Madame Christine Lagarde, la Directrice du Fonds Monétaire International, à cette occasion a fait comprendre que si elle est au Bénin, c’est parce que le pays respecte ses engagements. Elle a salué les efforts fournis par les autorités béninoises tout en encourageant le Gouvernement de la Rupture à poursuivre les réformes engagées en faveur notamment d’un meilleur climat des affaires et d’un développement pour tous.
Elle se réjouit des performances macroéconomiques soutenues de l’économie béninoise. L’ancienne ministre française de l’économie de Nicolas Sarkozy a déclaré que la performance économique du Bénin en 2018, sera supérieure à celle de 2017, soit environ 6%. Tout ça c’est de la littérature. Elle est carrément en déphasage avec la réalité du pays profond, la réalité du quotidien du béninois lambda. Macro-économique ou micro-économique, effectivement des termes copier-coller d’un autre continent.
C’est inquiétant ! Que voit-on du niveau de vie du béninois lambda ? Comment se porte le secteur de la santé, de l’éducation de base au Bénin, devenue du commerce ? Comment se porte l’agriculture et l’élevage dans les campagnes à l’intérieure du Bénin ainsi que dans les villages. Que sont devenus les béninois aujourd’hui ? Que deviendront-ils avec cette façon de voir l’économie de notre pays ? Le Bénin pourrait-il décoller comme ça ? Non ! Nous sommes pessimistes là-dessus, de toutes les façons.
La politique économique développée depuis quelque temps par le gouvernement ne va pas dans le sens d’une croissance inclusive et surtout dans le sens de la politique de Réduction de la pauvreté désormais paradigme du FMI. Et ce pour les raisons évidente l’on ne peut dire à ce moment quel est le budget qui a été exécuté cette année au Bénin. Est-ce celui adopté par le parlement et qui s’élève à 2010 milliards de CFA.
Si oui pour quoi le budget 2018 prévoit un niveau inférieur à celui de 2017 (soit 1600 milliards ???) alors qu’il est reconnu que la situation est plus favorable en 2018 du fait de la remontée de la situation économique au Nigeria ? Si le budget de 2017 devrait être revu à la baisse en cours d’exercice pourquoi n’a-t-on pas à la représentation nationale pour un collectif budgétaire ? Le budget 2018 a multiplié les taxes au détriment des petites gens et petits producteurs et a procédé une défiscalisation pour les gros.
Que ce soit dans les programmes sociaux tels que l’enseignement, la santé notamment, le gouvernement a procédé à une réduction drastique des ressources affectées aux programmes sociaux. Avec des opérations de déguerpissements massifs en début d’année 2017, nous avons assisté à la destruction massive des conditions de travail des petites gens ; avec la destruction massive et accélérée des emplois par les privatisations sauvages et les licenciements, nous avons atteint dans notre pays un niveau d’aggravation généralisée du chômage et de la pauvreté jamais égalé depuis les années 1989 au Bénin.
Nous proposons aux responsables du FMI de venir passer au moins une nuit dans un village d’une quelconque commune du Bénin, ils verront que le développement vu par eux n’est pas celui des populations locales qui ne comprennent rien des termes que le FMI utilise.
Tant que nous ne cesserons pas de compter sur les ressources financières des PTF seulement, tant que nous ne développerons pas nous-mêmes nos produits locaux, tant que nous ne gérerons pas bien les ressources financières du pays il n’y aura pas de décollage économique véritable avec ses effets sur la vie des populations : accès aux soins de santé, à l’eau potable, à l’école digne de ce nom, aux routes, aux pistes rurales indispensables au désenclavement intérieur et extérieur du pays, au développement des unités industrielles sources d’emplois pour de nombreux jeunes désœuvrés.
C’est à partir de ce moment que l’on peut parler d’une amorce du développement. Dans la vie, il y a un moment où il faut savoir terminer le banquet. Le peuple du Bénin a été trop longtemps spolié, moqué et bafoué.
Gilbert Makou
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