Syrie : intenses bombardements à Ghouta, « enfer sur terre » selon le secrétaire général de l’ONU
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a réclamé mercredi un accès à la zone où les bombardements ont encore fait mercredi 50 morts, dont huit enfants, selon un dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Les équipes de secours ont découvert dans la nuit huit corps de civils dont quatre enfants, tous de la même famille, dans la ville d’Hazeh, selon cette source. Cette nouvelle campagne aérienne, la plus dévastatrice contre cette région depuis le début de la guerre, a été lancée dimanche, en prélude à une offensive terrestre du régime, selon un journal proche du pouvoir de Bachar al-Assad.
Elle a coûté la vie à plus de 320 civils, dont 76 enfants, selon un dernier bilan de l’OSDH. Au moins 45 femmes ont été tuées et plus de 1.650 personnes blessées.
Les destructions sont énormes dans cette vaste région, dont les quelque 400.000 habitants sont soumis à un siège asphyxiant du régime depuis 2013, avec des cas de malnutrition et de personnes affamées.
« Nos équipes doivent être autorisées à se rendre dans la Ghouta orientale pour porter secours aux blessés », a déclaré dans un communiqué Marianne Gasser, représentante du CICR en Syrie.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a réclamé hier un arrêt immédiat des combats dans la zone rebelle de la Ghouta orientale, assiégée par le régime syrien
Selon M. Guterres, la Ghouta orientale est devenue « l’enfer sur terre ». « J’appelle toutes les parties impliquées à un arrêt immédiat de toute action de guerre dans la Ghouta orientale afin de permettre une aide humanitaire à ceux qui en ont besoin », a-t-il déclaré au Conseil de sécurité. Le président français Emmanuel Macron a également demandé « une trêve » dans cette région, où le régime syrien s’en prend « aux civils », ce que la France condamne « vigoureusement ».
Le régime cherche à reprendre la Ghouta orientale, d’où les rebelles tirent des obus sur la capitale. Dix-huit personnes ont ainsi été blessées mercredi à Damas par des tirs d’obus, selon l’agence officielle Sana.
Avant la Ghouta orientale, dernier bastion contrôlé par les insurgés près de Damas, plusieurs zones rebelles, comme la vieille ville de Homs en 2012 ou Alep en 2016, ont été écrasées par des bombardements et un siège étouffant pour forcer les combattants anti-régime à déposer les armes et les civils à fuir.
Déclenché le 15 mars 2011, le conflit en Syrie a fait plus de 340.000 morts. Après avoir d’abord opposé les rebelles au régime, il s’est complexifié avec l’implication de groupes jihadistes et de puissances étrangères. Avec l’intervention de la Russie en 2015, le régime Assad, qui était en mauvaise posture, a réussi à reprendre le contrôle de plus de la moitié du territoire.
Les frappes du régime sur la Ghouta ont repris malgré les protestations de la communauté internationale, nouvelle démonstration de son impuissance sur le conflit. Sur un autre front, les forces prorégime ont acheminé d’autres combattants dans la région d’Afrine (nord-ouest) pour venir en aide à une milice kurde syrienne (YPG, Unités de protection du peuple) cible depuis un mois d’une offensive militaire de la Turquie voisine.
La Turquie a affirmé qu’elle considérait comme une « cible légitime » tout groupe qui viendrait en aide aux YPG, une « organisation terroriste » selon elle.
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