États-Unis : les sénatrices américaines autorisées à apporter des bébés au Congrès grâce à Tammy Duckworth

Le combat de Tammy Duckworth, sénatrice américaine, pour amener son bébé au Congrès a porté ses fruits.

En effet, Tammy Duckworth, sénatrice démocrate d’Illinois, est devenue la première sénatrice américaine à accoucher alors qu’elle était au pouvoir.

Mais, la règle en vigueur est que, personne d’autre n’est autorisé dans la salle, lorsque les cent sénateurs américains votent au Capitole. Ce protocole posait problème pour la sénatrice démocrate Tammy Duckworth, qui a donné naissance à sa deuxième fille le 9 avril. Duckworth, qui a pris un congé de maternité d’une semaine, souhaitait être présente pour les votes prévus en avril, tout en ayant la possibilité de s’occuper de sa fille et d’allaiter.

Elle a donc proposé une loi autorisant la présence d’enfants de moins d’un an au Congrès, et elle vient d’être adoptée au Sénat à l’unanimité. La question ne s’était pas vraiment posée avant Duckworth, qui est la première sénatrice de l’histoire américaine à accoucher pendant son mandat.

Elle s’était inquiétée de la façon dont elle pourrait prendre soin de sa fille nouveau-née dans l’exercice de ses fonctions constitutionnelles. Les sénateurs ont dit qu’il était important qu’ils montrent l’exemple en adoptant des politiques favorables à la famille.

Le changement a été approuvé à l’unanimité

«Je tiens à remercier mes collègues des deux côtés, particulièrement ceux du leadership et du comité des règles, d’avoir contribué à faire entrer le Sénat dans le XXIe siècle en reconnaissant que les nouveaux parents ont parfois des responsabilités au travail», a déclaré Mme Duckworth  dans un communiqué.

Le président du comité sénatorial des règles, Roy Blunt, a déclaré que le fait d’être un parent était un travail difficile et que les règles du Sénat ne devraient pas le rendre plus difficile.

«Je suis content que nous ayons pu faire cela pour répondre aux besoins des parents au Sénat, je félicite Sen Duckworth et sa famille, et j’ai hâte de rencontrer sa fille», a-t-il dit.

Mme Duckworth, 50 ans, a donné naissance à sa fille Maile – son deuxième enfant – dans un hôpital de banlieue de Washington DC.

Elle était déjà l’une des 10 femmes à avoir accouché alors qu’elle occupait un poste fédéral élu, son premier enfant, Abigail, étant née en 2014 alors qu’elle servait à la Chambre des représentants des États-Unis.

Tammy Duckworth et sa fille Abigail, en janvier 2017.
© Joshua Roberts / Reuters

Tammy Duckworth, un parcours atypique

Tammy Duckworth n’est pas une sénatrice comme les autres. Pilote d’hélicoptère dans l’armée, elle a été déployée en 2004 en Irak, où elle a perdu ses deux jambes lors de l’attaque de son appareil. Depuis, elle s’est engagée en politique, avec l’aide de Barack Obama, qui a été sénateur de l’Illinois avant elle. Elle a été élue au Sénat en novembre 2016, après avoir siégé pendant 10 ans à la Chambre des Représentants. Issue d’une famille métissée -son père, militaire américain vétéran de la Seconde guerre mondiale et de la guerre du Vietnam, a rencontré sa mère thaïlandaise aux origines chinoises alors qu’il était basé en Thaïlande-, Tammy Duckworth est une figure importante du parti démocrate, et a pris la parole aux conventions nationales du parti en 2008, 2012 et 2016.

Engagée politiquement, elle a toujours manifesté son opposition à la guerre en Irak, «décidée par l’ego d’un ou deux individus et basée sur des mensonges». Mais elle avait accepté son déploiement, comme elle l’avait raconté à aux confrères de « Paris Match » en 2009 : «Parce que, dans notre unité, nous sommes une famille, et que je n’allais pas laisser ma famille aller en Irak sans moi. J’ai choisi de piloter des hélicoptères parce que c’est la seule arme dans laquelle une femme peut s’approcher du front. Si nous voulons avoir les mêmes salaires, être traitées d’égal à égal avec les hommes, il faut aussi que nous risquions nos vies. De toute façon, tout cela était valable autrefois ; car, en Irak, il n’y avait pas de front. Homme ou femme, tout le monde risquait sa vie.» Après son accident, hospitalisée à Washington, elle avait refusé la venue du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld. Barack Obama, lui, était venu, sans photographe : «Les autres viennent pour vous réconforter, mais aussi pour faire leur propre publicité.» De ces moments, les deux politiciens ont gardé des liens forts et elle avait intégré son administration en février 2009, au sein du département consacré aux Vétérans.