Sénégal : les révélations de présumés djiadistes qui donnent des frayeurs aux populations
Ils font l’objet de graves accusations qui pourraient leur coûter très cher. La cour criminelle de Dakar les soupçonne d’avoir voulu créer une base djihadiste au Sénégal avec le soutien du groupe islamiste nigérian Boko Haram et de l’organisation Etat islamique. Les révélations faites par certains prévenus donnent froid dans le dos.
Coumba Niang est une mère sénégalaise de 34 ans. Elle fait les grands titres de la presse sénégalaise au lendemain des révélations qu’elle a faites au procès d’une trentaine de personnes jugées par le tribunal correctionnel de Dakar pour actes de terrorisme, financement du terrorisme et blanchiment de capitaux.
C’est l’une des deux épouses de Makhtar Diokhane, un des principaux prévenus de ce procès inédit au Sénégal. Il a fréquenté Boko Haram au Nigeria avant d’être interpellé au Niger et remis aux autorités sénégalaises.
«Avant de partir pour le Nigeria, Makhtar Diokhané m’avait confié de l’argent que je n’ai pas compté», affirme-t-elle à la barre où elle est apparue voilée. Elle assure avoir remis, à plusieurs reprises, de l’argent à des proches de son mari sur instruction de ce dernier. «Les demandes d’argent étaient répétées», précise-t-elle.
Ce que la police à découvert
Selon l’accusation, la police avait saisi lors d’une perquisition au domicile de Coumba Niang, près de Dakar, une somme de 14.500 euros et plusieurs documents relatifs au djihad. Ces documents détaillent notamment les techniques et stratégies de combat pour déstabiliser «un Etat mécréant». Ils passent en revue les techniques d’enlèvements, de rapts et d’assassinats. Des livres légitimant les exécutions sommaires de personnes opposées au djihad y ont été également retrouvés.
Dans le box des accusés, la presse sénégalaise s’intéresse à un autre prévenu: l’Iman Alioune Ndao, considéré comme «le guide spirituel» d’une cellule terroriste qui voulait installer un califat en Afrique de l’Ouest avec comme base la Casamance, dans le sud du Sénégal.
Alioune Ndao est dans le collimateur des renseignements sénégalais depuis 2012. Il a été arrêté en octobre 2015 pour apologie du terrorisme avec de nombreux autres imams. La police avait trouvé chez lui de l’argent, des ordinateurs, des publications relatives à l’Etat Islamique et à Boko Haram ainsi qu’un pistolet et des munitions. Les enquêteurs l’accusent d’avoir entretenu «des centres d’endoctrinement et des gîtes pour jeunes terroristes en partance ou de retour des fronts de Libye, de Syrie, du Nigeria ou du Niger».
«J’ai appris à tirer des rafales et à conduire des chars»
Parmi ses anciennes recrues, certains accusés ont admis avoir effectué des voyages entre le Sénégal et le Nigeria. C’est le cas de Mamadou Ndiaye, alias Abou Youssouf.
«J’ai été au Nigeria dans les zones de turbulences. J’ai fait six mois là-bas…J’ai participé à la bataille de Goza. J’ai appris à tirer des rafales et à conduire des chars», raconte Mamadou Ndiaye dont les propos à la barre sont rapportés par Walf, un quotidien sénégalais.
Le journal Sud Quotidien revient sur les aveux d’Abdou Akim Mbaché, un autre prévenu qui a été interrogé par les juges à Dakar. «J’ai combattu dans les rangs d’Aqmi dans le nord du Mali. J’ai été initié à la fabrication d’explosifs. J’étais parmi les combattants choisis par Aqmi pour surveiller trois otages européens», confesse-t-il.
Le manuel du djihadisme sénégalais
La presse sénégalaise rapporte des révélations sur le contenu du manuel du djihadisme sénégalais et sur la stratégie d’assassinats d’enfants, de femmes, de déstabilisation des forces de sécurité et d’exécution de tout musulman opposé au djihad.
Des révélations terrifiantes qui inquiètent les Sénégalais. Ils s’interrogent sur les conclusions qui sortiront de ce procès dans un pays qui compte 90% de musulmans et qui a été jusqu’à présent épargné par les attentats djihadistes ayant frappé d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.
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