Bénin – Célébration du 11 mai à l’UAC : la conscientisation dans la fumée ?

Baptisée « Journée de conscience de l’Afrique », la date du 11 mai de chaque année n’en a jamais donné l’ère, en tous cas, pas à l’Université d’Abomey-Calavi où elle est célébrée dans la dérive.

« 11 mai sans tabac », c’est le slogan qu’énoncent les organisateurs de la journée de commémoration de la mort de Bob Marley, mais malheureusement ce 11 mai à l’UAC est la journée où le tabac et toutes sortes de stupéfiants dictent leur loi dans les coins et recoins du haut lieu du savoir. Les organisateurs de cette emblématique journée ont toujours œuvré pour limiter les dérives, mais n’y sont jamais parvenus. Le Rectorat de l’UAC a dû, à un moment donné, prendre ses responsabilités en interdisant la célébration de ladite journée dans l’enceinte du campus. Cela n’a visiblement pas arrangé les choses, car dès la reprise depuis l’année passée, la célébration est toujours pareille.

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Pendant que d’autres savourent les morceaux de l’artiste, repris par les groupes musicaux des associations estudiantines, d’autres découvrent en eux des talents dans la consommation du tabac. Il y a des habitués, mais dans le lot on y retrouve aussi des néophytes qui avouent être corrompus par l’environnement alors qu’ils sont venus juste dans le but de profiter de la bonne musique. Ghislain H. est un fan de Bob Marley, depuis qu’il a découvert la commémoration du décès de son artiste préféré à l’UAC, le 11 mai est devenu une date sacrée dans son agenda.

Au début, Ghislain s’est toujours insurgé contre la consommation du tabac constatée sur les lieux. Il s’arrangeait toujours pour ne pas rester dans les rayons des fumeurs. Mais depuis quelques éditions, lui-même, autre fois donneur de leçon, ne s’en passe plus. « Je ne suis pas un fumeur. Mais chaque fois quand je viens au 11 mai, je ne résiste pas à la fumée qui circule autour de moi. Tu te retrouves avec des amis qui fument, et du coup tu as envie de faire comme eux pour la circonstance. », a-t-il confié.

Comme lui, beaucoup d’autres jeunes tombent dans ce piège de suivisme croyant qu’ils sont en train de célébrer l’artiste. Mais au-delà de ceux qui le prenne sous l’effet de la tentation, il y en a qui ne touchent pas le tabac, mais rentre chez eux avec une bonne dose de fumée dans l’organisme.

La philosophie de l’artiste mal perçue

Bob Marley à travers sa musique chante la révolution noire, la prise de conscience pour une vraie émergence des peuples noirs. Les thématiques qu’ils développent dans ses morceaux en disent long sur sa philosophie. Il est vrai que l’artiste ne cache pas son grand penchant pour la consommation du tabac. Mais, au fond ceci ne saurait être son idéologie.
Les initiateurs de la fête du 11 mai à l’UAC ont sans doute compris la chose. Les différentes activités qui meublent la célébration chaque année l’illustrent parfaitement. Conférence débat, séance de sensibilisation sur les méfaits de la consommation du tabac, concert live pour faire revivre à la communauté estudiantine les messages de l’artiste.

Mais, il semble qu’ils ont à faire avec une cible qui a une autre vision des choses. Cette dernière pense que la commémoration du décès de Bob Marley n’a pas autre signification que de faire l’apologie du tabac. La célèbre phrase de l’artiste est utilisée ici pour justifier la dérive : « No Ganja no Music ». Ceux qui sont de cette logique sont visiblement dans une ignorance que les initiateurs doivent ramener à la raison. Il y a donc lieu de prendre d’autres mesures pour empêcher la fête du tabac tous les 11 mai à l’UAC. Ce n’est qu’à ce prix que le 11 mai retrouvera sa lettre de noblesse pour les vrais amoureux du reggae.