Cameroun – Vidéo d’exactions : L’ONU exprime sa consternation

Le Haut-commissariat des Nations-Unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est dit « absolument consterné » au sujet de la vidéo virale montrant des présumés soldats camerounais exécutant deux femmes, un enfant et un bébé, pour appartenance à l’organisation terroriste Boko Haram.

Dans un communiqué rendu public mercredi, le HCDH a exprimé sa profonde inquiétude que ce ne soit pas un cas isolé. « Le gouvernement du Cameroun a l’obligation d’enquêter d’urgence sur ce crime atroce. Je suis profondément inquiet que ces meurtres capturés par caméra ne soient pas des cas isolés », a déclaré Zeid Ra’ad Al Hussein, Haut-Commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme, dans son communiqué.

L’affaire de cette vidéo remonte à une dizaine de jours. Le gouvernement camerounais avait démenti le fait qu’il s’agisse de soldats camerounais qui ont commis ces exactions, montrant les spécificités des uniformes militaires de l’armée camerounaise par rapport aux tenues portées par les hommes sur la vidéo.

Toutefois, suite aux différentes réactions condamnant « un crime atroce », les autorités ont arrêtés trois soldats camerounais, qu’ils ont remis à la sécurité militaire. Il est à rappeler, par ailleurs, que plusieurs ONG ne cessent de dénoncer et de condamner des actes de violences commis par l’armée camerounaise, notamment dans les régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest qui réclament leur indépendance. A ce propos, le HCDH a regretté le refus des autorités camerounaises d’autoriser des missions d’observation de l’ONU dans ces régions.

 « Il est regrettable que le Gouvernement camerounais n’ait pas donné au bureau des Nations -Unies pour les droits de l’homme l’accès aux régions du nord-ouest et du sud-ouest, en dépit de demandes répétées», a déclaré l’instance onusienne dans son communiqué de ce mercredi.

« Compte tenu de la gravité des informations faisant état de violences contre les Camerounais dans l’ouest du pays, nous avons demandé à pouvoir vérifier les allégations de violations et d’abus commis à la fois contre les forces de sécurité et contre les éléments armés « , a déclaré le Haut-Commissaire Zeid. « Nous allons maintenant devoir explorer d’autres options, y compris la surveillance à distance », a-t-il ajouté.

Depuis octobre 2016, le Cameroun fait face à une recrudescence de la violence dans les régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest, suite à un mouvement d’humeur d’avocats anglophones n’ayant pas obtenu la traduction de documents nécessaires à leur travail. Le mouvement a dégénéré en insurrection armée depuis décembre 2017, ce qui a coûté la vie à des dizaines de personnes aussi bien dans les rangs des forces de l’ordre que parmi les sécessionnistes. La population civile a fui, quant à elle, la région par milliers.

« Les chiffres de l’ONU indiquent que plus de 21 000 personnes ont fui vers les pays voisins, tandis que 160 000 ont été déplacées à l’intérieur du pays par la violence ; beaucoup d’autres se seraient cachées dans les forêts », rappelle le HCDH dans son communiqué.