Brésil: Jair Bolsonaro, candidat de l’extrême droite élu président
Au Brésil, l’ancien capitaine de l’armée a été élu président avec une majorité absolue dimanche 28 octobre 2018, soit 55,70 % des voix contre 43,30% pour son adversaire de gauche.
Ces résultats officiels non définitifs, portent sur 88,8 % des bulletins communiqués par le Tribunal supérieur électoral (TSE). Ibope, l’institut brésilien de sondage, a également annoncé la victoire du candidat du Parti social libéral sur Twitter. Et déjà, plusieurs milliers de ses sympathisants se sont réunis en début de soirée devant son domicile pour célébrer la victoire du député dans un quartier aisé de Rio de Janeiro.
Précisons qu’ils étaient 147 millions de Brésiliens à se rendre aux urnes, ce dimanche 28 octobre 2018 pour départager le sulfureux candidat d’extrême droite, qui était le grand favori, de son adversaire du Parti des Travailleurs (PT) l’ex-président emprisonné Lula.
https://twitter.com/IBOPE_In/status/1056668309788213248
Démocratie en danger ?
Après le scrutin du 7 octobre qui a vu Bolsonaro frôler une élection dès le premier tour (46% des suffrages), les Brésiliens ont fait leur choix plus par rejet que par conviction: « contre la corruption » pour le candidat d’extrême droite, « contre la haine » pour celui de gauche. Alvaro Cardoso, 55 ans, n’a pas hésité: « Bolsonaro va balayer les corrompus, il va chasser ces escrocs, ces communistes », voulait-il croire après avoir voté à Rio pour le candidat d’extrême droite qui a capitalisé sur l’exaspération des Brésiliens. Renata Arruda, 41 ans, a voté Haddad. « Je n’ai jamais vécu une élection aussi polarisée. Je pense que c’est à cause de Bolsonaro qui est quelqu’un d’agressif, de fou. J’ai très peur », a-t-elle réagi en fondant en larmes dans un bureau à Sao Paulo, à l’évocation de ce chantre de la dictature (1964-1985).
Même si Jair Bolsonaro a promis d’être « esclave de la Constitution », Tomaz Paoliello, professeur de Relations internationales à l’université catholique PUC de Sao Paulo, considère que son élection présente « de gros risques pour la démocratie ». « Il a toujours pris position pour discréditer les institutions démocratiques. Une fois au pouvoir, il pourrait mettre en oeuvre un vrai démantèlement de la démocratie », a-t-il affirmé.
« Le futur président devra respecter les institutions, la démocratie et l’Etat de droit », a déclaré Dias Toffoli, président de la Cour suprême, après s’être rendu aux urnes avec la Constitution. Pour Marcio Coimbra, de l’Université presbytérienne Mackenzie, le Brésil a des garde-fous solides avec « un parquet fort, une Cour suprême forte et un Congrès qui fonctionne ».
Jair Bolsonaro a voté dans la matinée à Rio, évitant soigneusement la foule. Accompagné de sa troisième épouse Michelle, il n’a fait aucune déclaration, « pour des raisons de sécurité ». Le mois dernier, il a été hospitalisé pendant trois semaines après avoir frôlé la mort dans un attentat à l’arme blanche. Après une dure campagne de l’entre-deux tours, alimentée par des discours de haine et émaillée de violences, le vote s’est déroulé dans le calme, a confirmé le ministre de la Sécurité publique, Raul Jungmann.
Le président sortant Michel Temer a indiqué que la transition débuterait « dès demain », lundi.
Pays en crise
Dans un pays miné par une violence record, le marasme économique, une corruption endémique et une crise de confiance aiguë dans la classe politique, Jair Bolsonaro a réussi à s’imposer comme l’homme à poigne dont le Brésil aurait besoin.
Catholique défenseur de la famille traditionnelle, il a reçu le soutien crucial des puissantes églises évangéliques et a indigné, par ses déclarations outrancières, une bonne partie des Noirs, des femmes et des membres de la communauté LGBT. Fernando Haddad, 55 ans, avait promis de « rendre le Brésil heureux de nouveau » comme sous les mandats de Lula dans les années de croissance (2003-2010).
Mais il n’a pas fait l’autocritique du PT, jugé responsable par beaucoup des plaies actuelles du pays, notamment la corruption.
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