Londres: un deuxième patient officiellement guéri du Sida
Après « le patient de Berlin », voici maintenant « le patient de Londres. » Dix ans après un premier cas confirmé, un deuxième malade serait guéri du VIH, le virus responsable du Sida.
Il est surnommé « le patient de Londres ». Un deuxième malade serait durablement guéri du VIH, le virus à l’origine du Sida, selon une étude publiée dans Nature et présentée à la Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections à Seattle (Etats-Unis). Ce malade n’aurait pas montré de signes d’infection depuis 19 mois. Ce n’est pas le premier cas de rémission définitive du VIH au monde. Il y a dix ans, un premier patient, surnommé lui, « le patient de Berlin », avait lui aussi été guéri.
Tous deux ont reçu le même traitement, une transplantation de moelle osseuse avec une mutation génétique rare qui empêche le virus de s’installer. Cette mutation rend inopérant un récepteur du VIH connu sous le nom de CCR5. « Ce deuxième cas montre que le patient de Berlin n’était pas une anomalie. Il confirme le rôle des CCR5 dans la transmission du virus du Sida« , explique à Sciences et Avenir Bernard Lagane, chercheur à l’Inserm et spécialiste du VIH.
Le seul moyen de guérir
Cette guérison constitue, partiellement, un espoir pour les 37 millions de personnes qui vivent avec le VIH dans le monde. Seules 59% d’entre elles bénéficient d’une thérapie antirétrovirale (ARV), le seul traitement capable de stabiliser la maladie et que les patients doivent prendre à vie.
« Le problème, c’est que même avec des antirétroviraux efficaces, des réservoirs du virus persistent dans l’organisme, des formes latentes du virus qui restent intégrées dans le génome ». Pour guérir, il ne suffit pas simplement de détruire les cellules malades. Il faut aussi les remplacer. C’est ce qui s’est passé chez les deux patients guéris. « Après la transplantation, impossible pour le virus de se fixer sur le récepteur CCR5. Il n’a plus moyen de se répliquer ».
Beaucoup de patients exclus pour le moment
Si le traitement a fonctionné sur les deux malades, c’est parce que le type de VIH avec lequel ils sont infectés n’utilise que les récepteurs CCR5. « D’autres formes de virus utilisent d’autres portes d’entrées comme les CCR4. Tout dépend du type de virus contracté par l’individu », précise Bernard Lagane. Une avancée majeure, mais pas de cure miracle, donc. « Le traitement ne fonctionnera que si quelqu’un a un virus qui n’utilise que le récepteur CCR5 comme porte d’entrée, ce qui est le cas d’environ 50% des gens qui vivent avec le VIH, voire même moins« , souligne le docteur Timothy J.Henrich, spécialiste du Sida à l’université de San Francisco en Californie chez nos confrères du New York Times.
Reste à savoir si la guérison de ce deuxième patient s’avère durable. « Si quelque chose s’est produit une fois, il peut se reproduire une deuxième fois », affirme Timothy Tay Brown, le premier patient guéri. « Ça fait longtemps que j’attends un peu de compagnie ». Pendant sa prise en charge, Timothy Ray Brown a souffert de complications de la greffe pendant de longs mois, avait dû être placé dans le coma et avait failli mourir. « Je dirais que ça change un peu la donne« , affirme le docteur Ravindra Gupta, virologue à l’University College de London, qui a présenté ces résultats au meeting de Seattle. « Après le patient de Berlin, tout le monde pensait pensait qu’il fallait quasiment mourir pour guérir du VIG, mais finalement, peut-être que ce n’est pas nécessaire ». Pour l’instant, les spécialistes s’accordent à dire que ce traitement reste dangereux et douloureux.
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