Bénin: déjà le désamour entre le parlement et le gouvernement?

A peine investi, le président de l’Assemblée nationale s’est retrouvé avec ses collègues en plénière pour des préoccupations majeures de la République. Ce vendredi 28 juin 2019, aux débats autour de l’orientation budgétaire ,  le gouvernement n’a pas répondu présent . Et, la réaction des parlementaires n’a pas été favorable au gouvernement de la rupture.

La légitimité de la huitième législature est remise en cause par les forces de l’opposition béninoise. Jusqu’à preuve du contraire, les politiciens béninois, dans leur ensemble, s’attardent sur les questions liées à la légitimité du parlement dirigé par Louis Vlavonou. Certains, à l’instar de Candide Azannaï, clament ouvertement que la huitième législature n’existe pas. Pour d’autres, c’est une caisse de résonance du gouvernement pour duper le peuple . Les élus, conscients des conditions spéciales dans lesquelles ils ont été élus, font des pieds et des mains pour obtenir leur légitimité. Allusion faite au discours de Louis Vlavonou le jour de son investiture.

C’est dans cette fièvre assez particulière que le gouvernement a opté pour la politique de la chaise vide au parlement lors des débats cruciaux au cours desquels les députés pourront démontrer leur indépendance à la communauté nationale et internationale. L’absence des ministres à l’Hémicycle le vendredi, surtout ceux des finances, du développement, des affaires sociales, a percé l’âme de certains représentants du peuple. Aké Natondé, Nuhoum Bida ou encore Abdoulaye Gounou n’ont pas fait dans la dentelle pour critiquer le gouvernement qui semble ne pas leur permettre de gagner à nouveau la confiance du peuple.

Un gouvernement réfractaire à la contradiction?

Tout en a l’air. En effet, au cours de la législature précédente, la septième, les membres du gouvernement ont opté pour la politique de la chaise vide à maintes reprises. Ils ont priorisé d’autres préoccupations plutôt que d’aller débattre des questions les concernant avec les députés. Il était quand même prévisible qu’un match amical pourrait se jouer entre ce parlement-ci et le gouvernement étant donné que tous les députés sont de la majorité présidentielle. Mais, les premiers événements sont loin de confirmer cette thèse. Si les ministres ne revoient pas dans les délais raisonnables leur posture, le climat peut se détériorer entre les deux institutions en dépit des atouts dont elles disposent pour une belle complicité.