Bénin: Alain Orounla annule-t-il les « mesures coercitives » du procureur?

Dans une interview accordée à la radio mondiale ce mardi 29 octobre, le ministre de la communication et de la poste, porte-parole du gouvernement, a fait savoir que Boni Yayi n’est objet d’aucune poursuite judiciaire. Ce qui contraste non seulement avec les faits mais aussi et surtout avec les déclarations du procureur de la République près le tribunal de première instance de Cotonou.

Le ministre de la communication et de la poste, Alain Sourou Orounla, sur Rfi ce mardi matin, a déclaré que « Boni Yayi n’est objet d’aucune poursuite judiciaire ». Cette déclaration de l’avocat, quand bien même elle peut être perçue comme une des mesures visant la décrispation de la tension socio-politique au Bénin, remet en cause les différentes déclarations du procureur de la République près le tribunal de première instance de Cotonou. En effet, déjà le 29 mai 2019, Mario Métonou, au cours d’un point de presse, faisait comprendre que le soulèvement de Cadjèhoun a été une « action planifiée, concertée et bien coordonnée ».  C’est d’ailleurs ce qui a motivé le ministère public à inviter le parquet à se déclarer incompétent afin de mieux se pourvoir, avait-il expliqué.

Plus sérieusement, le 18 juin, le procureur est revenu à la charge déclarant « une implication personnelle de l’ancien président de la République, M. Thomas Boni Yayi » dans les événements violents des 1er et 2 mai. Mario Métonou, disposant certainement des preuves de l’implication de l’ancien chef d’Etat dans les violences, avait fait savoir que le juge du 4è cabinet « envisage à son encontre la mise en œuvre de mesures coercitives ». C’est dans cette optique que les militants du parti Fcbe réclament de toute force l’abandon des poursuites contre leur leader. En amont, le ministre de l’intérieur, Sacca Lafia a fait savoir qu’un soulèvement se préparait au domicile de Boni Yayi. C’est l’information qui a occasionné la présence des forces de l’ordre dans sa rue histoire de contenir la foule. Le présumé coupable n’ayant pas encore répondu aux questions du juge, il est difficile de comprendre ce qui a fait oublier les poursuites judiciaires à son encontre.

Une loi d’amnistie pour quoi faire, in fine ?

La loi d’amnistie envisagée devrait régler ces questions, espérait la classe politique. Contre toute attente et se substituant à la justice, Me Alain Orounla a mis fin aux poursuites judiciaires. Loin de prouver combien il est vain de voter une loi d’amnistie quand il est aussi loisible pour un ministre de passer un coup de chiffon sur les charges prononcées contre un individu. Il suffira juste que le gouvernement, via son porte-parole, déclare qu’aucune charge ne pèse contre les jeunes en prison pour avoir participé d’une manière ou d’une autre aux manifestations post-électorales et le tour est joué. Alors que la justice n’a pas notifié l’abandon des charges contre le présumé commanditaire des violences post-électorales, la déclaration du ministre sonne tel une immixtion de l’Exécutif dans le judiciaire.

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