Bénin: les enseignants du supérieur bientôt évalués

Le président de la République, Patrice Talon, ne veut laisser nulle place où la main ne passe et repasse. Après donc les instituteurs et enseignants du secondaire, cap sur les universitaires dans les tout prochains jours. Ils subiront, eux aussi, une évaluation diagnostique.

Ce n’est plus un secret désormais. La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Eléonore Yayi Ladékan, a engagé le processus auprès du chef de l’Etat. A l’université de Parakou ce vendredi 11 octobre, elle ne s’est pas empêché de lâcher le morceau quitte à mettre ses collègues en position. Dans son discours elle a fait comprendre aux enseignants d’université que c’est le président de la République qui en a décidé ainsi. Puisqu’elle n’est pas capable de rouspéter, elle a dû accepter au nom de tous les enseignants.

Le chef de l’Etat a dit qu’après  »le niveau primaire et secondaire, ce sera le tour du supérieur….(rires). Vous comprenez que j’ai souri et j’ai répondu oui, nous sommes prêts. Oui, nous sommes prêts. Autrement ça cacherait quelque chose. Voilà que je l’ai dit en votre nom, alors soyons prêts. Soyons vraiment prêts », a-t-elle invité ses collègues. Reste à savoir si l’intersyndicale des enseignants du supérieur va accepter cette option quand on sait qu’elle s’était foncièrement opposée à l’évaluation diagnostique des enseignants du primaire et du secondaire.

2 comments

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Anonyme

Les enseignants du supérieur ont toujours été évalués et à l’international. Chez nous c’est l’évaluation par les pairs, une évaluation sans concession et je m’étonne que ce soit maintenant que certains découvrent cela. Nous n’allons quand même pas réinventer la roue. Le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche au plus haut niveau est un milieu très concurrentiel car dans le monde sans frontières dans lequel nous vivons aujourd’hui, le concept central de réseau domine et structure l’organisation et la circulation de l’information, dans le cadre de la mondialisation et de la globalisation des échanges économiques, sociaux et culturels, la conséquence inévitable est la standardisation à l’échelle planétaire des normes de production, d’évaluation des savoirs et des savoir-faire. Pour ceux qui ne le savent pas encore, les universités ne se considèrent plus comme faisant partie d’un système national, protégé par l’état qui en aurait fixé les règles concernant les programmes d’études à mettre en place et les recherches à mener. Nos universités doivent maintenant se prévaloir de leurs propres performances pour obtenir des fonds suffisants afin de proposer des programmes de qualité en matière d’enseignement et de recherche. Dans un tel contexte, L’université doit pouvoir rayonner au-delà de ses murs et marquer sa présence dans l’ensemble du pays comme au niveau international. Nous serons alors de plus en plus dépourvus de protection dans un monde hautement concurrentiel, et cela est aussi vrai pour un pays comme le Bénin où prédomine encore un système d’université publique et où le gouvernement détermine le cadre dans lequel le monde universitaire doit fonctionner. En conséquence, nos universités doivent de plus en plus rivaliser entre elles pour attirer les meilleurs étudiants, les meilleurs enseignants-chercheurs et chercheurs pour des travaux de recherche de qualité et des fonds suffisants pour fonctionner. Il faut donc cesser de donner l’impression que les enseignants au niveau le plus élevé doivent simplement obéir aux diktats d’un quelconque inventeur de nouveaux concepts auxquels ils seraient obligés de s’adapter. Les universitaires ne transmettent pas seulement le savoir comme une marchandise à la demande des employeurs du secteur marchand mais ils donnent aussi à leurs apprenants la capacité de remettre en cause et de rénover ces savoirs et savoir-faire. Ils doivent pour ainsi dire irradier toute la société de l’esprit scientifique sans lequel on ne saurait parler d’innovation et de développer.

Professeur Augustin AINAMON

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