Bénin: « depuis 2016, Albert Tévoédjrè a été humilié et maltraité », Joël Aïvo

Le professeur Joël Aïvo, dans une tribune publiée sur sa page facebook, parle des derniers mots qu’il a eus avec le patriarche Albert Tévoédjrè avant son décès. Le professeur de droit constitutionnel a saisi la même occasion pour lui rendre l’hommage dû à son rang.

Dernière conversation avec Albert Tévoèdjrè

Ce 9 octobre 2019 à 15h, Albert Tévoédjrè m’appelle. D’une voix à peine audible mais résolue, me demande d’accepter de parrainer une conférence sur la paix en Afrique à l’occasion de ses 90 ans. Par devoir et avec enthousiasme, j’ai accepté. Puis il insista pour que mon allocution à la clôture de cette conférence soit consacrée à la valeur du serment du Président de la République. Je dois, me demande t-il, mettre en relief la charge juridique des mots prononcés par un Chef d’Etat le jour de son entrée en fonction. Ce qui lui tenait le plus à cœur, c’est le caractère sacré du serment qui ne peut, selon lui, être de vains mots prononcés par le Président élu. Nous nous sommes quittés avec l’engagement de nous revoir le 9 novembre 2019. La commande étant lancée, Albert Tévoédjrè est parti plus tôt. Il n’a pas attendu ce 10 novembre, il en a vu d’autres, 89 fois.

Mes cher(e)s ami(e)s, si la vie politique est une école, Albert Tévoédjrè fut mon premier maître d’école. Il m’a pris très tôt en charge, presque au berceau au début des années 1990. J’ai donc commencé mon apprentissage de la vie publique, en quelque sorte « l’école primaire » avec lui. Ensuite, j’ai poursuivi au « secondaire et au supérieur » avec Adrien Houngbédji. Avec le premier, j’ai appris la tactique. Albert Tévoédjrè m’a définitivement convaincu que « le hasard se prépare ». Avec le second, j’ai découvert le très haut niveau de la politique et les exigences de la conquête du pouvoir.

C’est fort de ces liens que j’ai vécu péniblement les évènements des dernières années du « Renard de Djrègbé ». Depuis 2016, Albert Tévoédjrè a été humilié et maltraité. J’ai été témoin de ses épreuves et vu cet homme se battre pour mériter le respect de l’Etat et l’attention de ceux qui lui doivent presque tout. Avec Albert Tévoédjrè, j’ai vu comment ceux qui vous sont dévoués aujourd’hui peuvent vous lâcher quand vous avez perdu vos instruments d’influence et de pouvoir. Mais de toutes ces épreuves et de bien d’autres, hélas, aucune ne peut effacer ce parcours exceptionnel d’Albert Tévoédjrè au service du Bénin, de l’Afrique et des Nations Unies. Ses derniers jours ont été difficiles mais il est resté digne, fidèle à ces convictions. Malgré l’orage, tout au long de nos échanges, l’auteur du mémorable « Rapport du 28 février 1990 » n’a de cesse de me rappeler trois choses. D’abord, que la démocratie n’est pas une denrée périssable. Ensuite, que le consensus est le choix fait par ce pays qui a souffert de la radicalisation idéologique de quelques-uns. Enfin, que la dignité de l’homme n’est pas négociable.

Et pourtant, notre pays semble ne plus avoir de symboles, de figures républicaines qui transcendent nos clivages et imposent pour l’éternité, le respect de la Nation. Or, s’il n’y a plus de respect pour rien ni pour personne, si nous n’avons pas de consensus sur le respect, voire la vénération que méritent par exemple les acteurs de l’indépendance de notre pays, les résistants contre le PRPB, les vétérans de la Conférence nationale, la Constitution de 1990, si l’Etat n’a plus d’égard pour les quelques rares personnalités qui ont fait la grandeur et la gloire récente de notre pays, il est à craindre que, demain aussi, rien ni personne n’échappe à cet effet d’essuie-glace qui efface tout de notre passé et démolit nos figures, nos héros.

Pour ma part, ce n’est pas une bonne perspective pour notre pays. C’est la raison pour laquelle les personnes qui s’opposent à la violence mais croient désespérément à la paix et au rassemblement des Béninois doivent se donner la main pour raviver l’esprit de ce pays rené par le Consensus.

Albert Tévoédjrè est donc mort, quelle perte !!!!

Que Dieu veille sur son épouse et console sa famille.

Frédéric Joël Aïvo.

10 comments

comments user
magbedo

C’est un trop bête ce qu’à dit ce Prof. Un être humain est il immortel? Lui qui parle au lieu de penser à lui même à sa vie et à sa petite famille, il parle comme si Albert T ne doit pas mourir . Qu’est ce arrive à certains prétendus intellectuels de ce pays le Bénin? ils sont vraiment tarés. Un être humain naît, il vie une vie courte ou longue mais il doit partir un jour. Mais parler comme si sa mort est provoquée ou voulu par quelqu’un c’est ce qu’il faut éviter. Les pauvres contribuables Béninois qui meurent dans l’anonymat tous les jours ne sont ils pas des humains? Alors que leurs contributions participe au développement du Bénin. Cesser de d’être………..

    comments user
    george

    SURTOUT UNE PERSONNE QUI MEURT a 90 ans QUANT LES 3/4 DE SES COMPATRIOTE NE DÉPASSENT pas 60 ans parce qu’ils n’ont pas les moyens de se soigner et non pas droit au machin sanitaire à l’étranger

    comments user
    DJOBIDO

    Vous parlez pour ne rien dire.

    comments user
    AHOUNOU

    Je soutient le prof Joel A.

comments user
Dine le Président

Où sont passés les 110 millions FCFA de la Fondation Mgr De SOUZA qu’il a utilisé pour organiser un autre événement qui n’a rien avoir avec l’illustre Mgr.

En tout cas, passé de vie à trépas, les deux se retrouveront pour le règlement financier. Mais, pour le moment, ceux qui attendent les fonds pour continuer leurs activités vont souffrir.

comments user
Anonyme

Le Bénin est malade de ses intellectuelles .

comments user
ATHEE

Il suffit juste de se référer aux propos de Jérôme Carlos à l’occasion du décès de Tévoçdjrè pour se convaincre que ce M. a été toute sa vie un intrigant. Personne ne peut soupçonner Jérôme Carlos de malveillance à l’égard du Renard de Djrègbé… Albert a commencé depuis 1962 à pilonner le gouvernement de Maga au point que ce dernier a été obligé de le nommer Ministre de l’Information… Après, c’est la dénonciation d’un complot imaginaire qui a conduit à l’emprisonnement de Ahomadégbé… et sa nomination à l’UAM…Les intrigues ont conduit à son éviction de cet organisme…A l’OIT, il s’est présenté contre son DG (ce qui ne se fait pas), il échoua.. Ensuite, les théories fumeuses et brumeuses (pauvreté, richesse des pauvres, minimum social commun,…), lutte pour se mettre en avant pour ses intérêts (nous avons vaincu la fatalité…), le rappel et le soutien à Kérékou contre Soglo qui l’avait ignoré afin d’hériter du marroquin de Ministre d’Etat, le parrainage de Yayi Boni pour un poste de médiateur de la république…..Ensuite les histoires de Frère Melchior, Bénin, pays de paix qui peut vendre la paix en Afrique, … Et ensuite.. le détournement de 100 millions de la Fondation Gantin (il va régler ça là-bas avec le Cardinal)…
Et pour finir, il parle d’humiliation. Voilà quelqu’un qui a toujours vécu au crochet de l’Etat grâce à ses combines et intrigues.. Il a suffi qu’on lui retire les trois gardes de corps qui lui avaient été attribués abusivement par le Président de l’incurie Yayi Boni pour qu’il se déclare avoir été humilié par Talon. De quel droit a_t_on pu lui attribuer des policiers et militaires gardes pour assurer le gardiennage de son refuge du pellerin? Quelle est la loi qui autorise cela si ce n’est du brigandage et du ganstérisme d’état?
Voila la vie de l’intrigant qui vient de trépasser. Condoléances quand même

comments user
Nourou BONOU

Je suis d’accord avec tous ceux qui peuvent que le monde est mortel. Certes, il y a certaines personnes qui dura

comments user
DJOBIDO

Ne salissez pas la mémoire de gens qui ne sont plus là pour repondre. C’est trop facile.
Un peu de respect pour la mémoire du Pr. Albert TEVOEDJRE. Une de nos icônes respectées.

comments user
la rupture

Voilà ceux dont on parle. Il parle d’humiliation et de maltraitance parce qu’on n’a pas laissé son mentor abuser des biens de l’Etat puisque c’était la mode à une certaine époque pas lointaine. Lui, il confond sa profession d’enseignant à celle de politicien.