Au moins huit personnes soupçonnées d’avoir bu le sang de leurs victimes ont été lynchées à mort par des groupes d’autodéfense ces dernières semaines dans le nord du Malawi, a-t-on appris jeudi auprès de la police locale.
La présence de « vampires » fait l’objet de rumeurs et d’incidents réguliers dans ce pays d’Afrique australe, où les croyances traditionnelles restent très ancrées dans la population. En 2017, neuf personnes avaient été tuées et 250 arrêtées pendant une série de violences similaires.
Cette nouvelle vague a débuté à la mi-mars 2020. « Depuis que les premières rumeurs ont couru, des gens ont commencé à rendre leur justice et à arrêter toutes les personnes qu’ils jugeaient suspectes », a expliqué à l’AFP le porte-parole de la police de la province du nord, Peter Kalaya. A ce jour, huit personnes ont déjà été tuées par les populations locales, a-t-il précisé. Parmi ces victimes figurent deux ressortissants du Mozambique voisin, tués lundi. Les services de police ont arrêté un total de 117 personnes en lien avec ces affaires.
Les Nations unies ont appelé les autorités à mettre rapidement un terme à cette vague de violences. « Ces épisodes de justice populaire se nourrissent de mythes et de désinformation qui mettent en péril l’Etat de droit et le respect des droits humains », a souligné dans un communiqué Maria Torres, la responsable de l’ONU pour le pays.
Le président Peter Mutharika a pour sa part accusé l’opposition d’être à l’origine de ces rumeurs de « vampires ». « Des Malawites innocents ont brutalement été tués par la foule car soupçonnés d’être des suceurs de sang. Ces rumeurs sans fondement ont été délibérément fabriquées », a-t-il dénoncé lors d’un discours télévisé mardi soir. « Nous savons que cela relève d’une stratégie politique visant à créer la peur et la panique pour empêcher les gens de s’inscrire sur les listes électorales », a-t-il poursuivi, « et tout ceci alors que nous menons la guerre contre le coronavirus ».
Selon le dernier bilan, huit cas de contaminations par le covid-19, dont un mortel, ont été officiellement recensés au Malawi. Le pays est appelé aux urnes pour élire son président en juillet prochain, après l’annulation de la réélection en mai 2019 de M. Mutharika en raison de fraudes.
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