Le président Talon dans son allocution du 16 décembre 2016 nous disait dans son programme d’action de gouvernement intitulé « Bénin révélé » que son quinquennat 2016 -2021 serait porteur d’espérance. Le Bénin était à ce moment je cite « un modèle de démocratie et de stabilité qui dispose d’atouts nécessaires pour devenir un espace de développement durable et inclusif, de dynamisme économique et de progrès… Ce potentiel ne demande qu’à être révélé». Fin de citation
Dans le paragraphe relatif à la santé, il promettait de réorganiser le système de santé pour tous mais surtout la construction d’un nouveau centre hospitalier universitaire dit hôpital de référence.
Dans la crise pandémique covid-19 qui ébranle le monde actuellement, il importe que nous nous tournions vers nos dirigeants afin de les mettre face à leur responsabilité. Car force est de constater que l’hôpital de référence qu’on nous a promis ne sera pas livré en 2020 afin que nous puissions tester son opérationnalité devant une des plus grandes crises sanitaires que notre pays va traverser dans les prochaines semaines, voire les prochains mois.
Le premier des Béninois nous demandent de compter sur nous-mêmes sic!
Dans une volonté manifeste de juguler cette pandémie, une question me taraude l’esprit au regard des dispositions prises par certains pays comme le togo, le Niger, la Côte d’ivoire, le Sénégal pour ne citer que ceux là.
Si la croissance économique est un indicateur de performance, il s’avère que les pays sus cités ont avec le Bénin, une croissance positive donc signe d’une certaine vitalité.
Mieux, les chantres de la ‘’rupture’’ nous vantent les réformes dans la gouvernance publique devant entraîner entre autres, une réduction du train de vie de l’Etat, l’assainissement des finances publiques et surtout une meilleure perception des recettes de l’État.
J’attirais votre attention il y a quelques jours sur la frénésie du gouvernement pour les emprunts obligataires. Pour rester factuel faisons ensemble un constat : le 5 mars 2020, ils sont allés chercher 88 milliards de francs CFA, 10 jours après toujours sur les mêmes marchés financiers 30 milliards puis au début du mois d’avril le 2 avril 2020 précisément, je lis que notre argentier national repart une fois de plus pour une levée de 70 milliards.
Je veux rappeler à tous que nous parlons d’emprunts donc de dettes qu’il nous faudra rembourser. Ces remboursements seront effectifs dans quelques années. Ainsi, pour le dernier emprunt effectué soit 44 milliards de nos francs (levés), si nous prenons un remboursement in fine notre peuple remboursera autour de 69 milliards en 2031.
Mes chers compatriotes, départissons nous de toute considération partisane et imaginez un instant l’ensemble des sommes levées sur les marchés en mars puis avril. En 2028, 2029, voire 2031 nous serons en train de rembourser un peu plus de 250 milliards sans compter les encours précédents. Surtout que la dette du Bénin au 31 décembre 2018 représente 56,2% du PIB, bien en dessous des critères de convergence de l’UEMOA.
Toutefois ce que nous devons intégrer est que cette réalité ne comprend pas les engagements pris à travers les contrats en PPP (Partenariat Public Privé) car il s’agit de dettes « gré à gré » qui n’ont pas un impact immédiat sur l’endettement mais devrait à terme avoir un impact sur la solvabilité du Bénin.
En résumé, si on intègre ces PPP à la dette, nous dépasserons le niveau des 70% d’endettement. Pour faire simple, lorsque vous vous portez caution pour un locataire, si ce dernier n’honore pas ses engagements, en votre qualité de caution le propriétaire peut se retourner contre vous. C’est ce qu’on appelle souvent en langage comptable « engagements hors bilan ».
Mes chers amis, les rupturiens sont en train de compromettre l’avenir des prochaines générations. Mais..
D’aucuns vont m’objecter qu’on ne peut se développer sans s’endetter car l’emprunt étant considéré comme un effet de levier important pour toute nation cherchant à parvenir à un mieux-être de ses populations. Le cas des États-Unis d’Amérique venant immédiatement à l’esprit de ces détracteurs. Ce qu’ils oublient c’est que premièrement le dollar est la monnaie valeur-refuge et étalon dans le monde. Et deuxièmement que les États-Unis s’appuient sur une politique volontariste du monde des affaires sans exclusive aucune.
Alors pourquoi le président Talon affirme t-il le 29 mars 2020 que l’État n’a pas les moyens de protéger sa population ? Pourquoi le Bénin n’a pas les moyens de supporter les conséquences sociales et économiques d’un confinement total ou partiel de sa population ? À quoi sert alors tout cet argent dont on ne voit pas les réalisations ? Je n’ose pas croire que c’est pour honorer les salaires des ministres, des députés et autres collaborateurs extérieurs du chef de l’Etat ou d’autres charges liées aux entreprises du président Talon ?
Dans la lutte contre le covid-19, des possibilités s’offrent au Bénin pour faire le minimum syndical. Dans la guerre sanitaire que livre le monde à cette pandémie, des laboratoires développent des tests sémiologiques dont les résultats sont presque instantanés. Il existe aujourd’hui des protocoles pour traiter le mal.
Où chercher l’argent ?
Dans un premier temps, je suggère d’aller vers un collectif budgétaire car nous sommes dans une situation exceptionnelle. Puis dans un deuxième temps, de geler les remboursements de l’ordre de 10 milliards par mois tel qu’énoncé par l’article 33 de la loi de finances de 2020. La majorité des institutions ont appelé au gel des remboursements. Cela nous permet donc de thésauriser de la liquidité pour agir pour le peuple.
Enfin, l’Etat doit se tourner vers les partenaires bilatéraux et multilatéraux comme l’OMS qui vient de bénéficier d’un appui de la BAD dans ce cadre justement. La BOAD, le FMI ou la Banque mondiale (au titre du mécanisme d’aide accéléré) pour ne citer que ces institutions. Il y a de la liquidité disponible en ce moment.
Une fois acquis, je propose un dépistage généralisé dans les villes comprises dans le cordon sanitaire afin d’identifier de potentiels porteurs de virus et le confinement des seuls malades.
Je demande une subvention supplémentaire des masques et que le port du masque soit rendu obligatoire sur toute l’étendue du territoire.
La vulgarisation des gestes barrières afin que cela soit un réflexe pour tous.
Enfin, Je m’en voudrais de ne pas finir cette tribune sans proposer une certaine vision sur notre système de santé de demain. Un hôpital de référence oui, mais sera-t-il accessible à nos braves populations, j’en doute!
Mon doute repose sur les bruits qui courent dans les couloirs des milieux internationaux où il est susurré que notre hôpital de référence sera en affermage. Malheureusement nos hôpitaux n’ont d’hôpital que le nom. Ils sont sans équipements, insalubres, digne de pays ravagé, sinistré, fragmenté, saccagé. Il n’y a que le personnel qui même volontaire est impuissant dans une telle situation.
Il faudra désormais une véritable politique stratégique de la santé pour accompagner l’effort de la construction de l’hôpital de référence. Je pense qu’un système proche du miracle cubain devient un impératif. Car l’accès aux soins de santé doit être à terme un droit fondamental du citoyen. L’Etat doit investir dans une médecine de proximité, centrée sur la famille et la communauté et non sur l’individu. La santé doit être prise dans son ensemble. Une médecine de prévention avec un déploiement sur le terrain du personnel soignant.
L’Etat devra massivement accompagner cet effort en misant sur la formation des médecins, des infirmières et tous les métiers afférents. Aucun sacrifice ne doit être trop grand quand il s’agit de son pays.
Et il nous faut penser l’humain avant le business!
Une pensée à mes concitoyens catholiques en cette semaine pascale, puisse leurs prières exhaussées afin que nous passions ces périodes sans encombre.
Excellente semaine, n’oubliez pas les gestes barrières..
Qu’en pensez vous ?
Ganiou SOGLO
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