L’Afrique pourrait souffrir plus des conséquences de Covid-19 que de la maladie elle-même

L’ancien président du Nigéria, Olusegun Obasanjo, et l’ancien Premier ministre éthiopien, Desalegn Boshe, ont averti que la réponse de COVID-19 devrait se concentrer sur la sécurité alimentaire, l’agro-industrie et le développement rural.

En même temps que plusieurs personnalités et organisations avertissent déjà du pire pour l’Afrique en ce qui concerne les retombées du coronavirus pour l’Afrique, deux autres personnalités du continent lancent à leur tour leurs alertes. Selon Obasanjo et Boshe, le continent noir pourrait être le plus touché par les retombées économiques de COVID-19 que par la pandémie elle-même. Dans un rapport de Punch, citant une publication sur le site Web du Fonds international de développement agricole, jeudi, les deux anciens dirigeants ont estimé que 80 millions d’Africains pourraient être plongés dans l’extrême pauvreté avec les perturbations causées par le Coronavirus sur le système alimentaire.

«Jusqu’à présent, l’Afrique a échappé aux pires conséquences sanitaires de la pandémie de covid-19. Cependant, le continent semble être le plus touché par les retombées économiques de la crise: 80 millions d’Africains pourraient être plongés dans l’extrême pauvreté si aucune mesure n’était prise. Et les perturbations des systèmes alimentaires font craindre que davantage d’Africains ne tombent dans la faim. Les populations rurales, dont beaucoup travaillent dans de petites exploitations agricoles, sont particulièrement vulnérables aux effets de la crise. Il est donc vital que la réponse covid-19 aborde la sécurité alimentaire et cible les ruraux pauvres », ont écrit les deux ex-dirigeants dans la publication, dont ils sont coauteurs.

«L’agriculture représente 65% de l’emploi en Afrique et 75% de son commerce intérieur. Cependant, le riche potentiel de l’agriculture en tant qu’outil pour promouvoir la sécurité alimentaire et lutter contre la pauvreté est menacé par les effets de covid-19. »

La publication a également radiographié l’importance de l’agriculture sur l’économie africaine, ajoutant que des efforts doivent être faits pour prévenir les pénuries alimentaires. «L’effet des mesures restrictives sur le commerce des produits alimentaires est particulièrement préoccupant, en particulier pour les pays importateurs de produits alimentaires, mais aussi en raison de la contraction des marchés d’exportation pour les agriculteurs du continent. Les gouvernements africains ont défini des mesures de relance pour atténuer les impacts économiques nationaux et régionaux de covid-19. Ce faisant, ils doivent se rappeler que les investissements dans l’agriculture peuvent réduire jusqu’à cinq fois plus la pauvreté que les investissements dans d’autres secteurs », souligne la publication.

Aussi, a-t-il été dit dans cette parution que «partout, les petites exploitations agricoles contribuent traditionnellement énormément à la sécurité alimentaire mondiale. Partout dans le monde, les systèmes dominés par les petites exploitations produisent 50% de toutes les calories alimentaires sur 30% des terres agricoles du monde. En Afrique subsaharienne, cependant, le rôle des petites exploitations est encore plus important: 80% des exploitations sont petites dans la plupart de ces pays. ». Les données de l’Organisation mondiale de la santé ont montré qu’il y a plus de 72 000 cas confirmés de covid-19 sur le continent africain. Une ventilation des données a montré que l’Afrique a enregistré plus de 25 000 récupérations et 2 400 décès, jeudi.