« Serez-vous assez Noirs ? », une tribune de Lionel Zinsou sur la mort de George Floyd
Dans une tribune sur sa Page Facebook, l’ancien Premier ministre béninois, le banquier d’affaire Lionel Zinsou, s’est fendu d’une tribune dans laquelle il remercie George Floyd, étouffé le 25 mai dernier, à Minneapolis, sous le genou d’un policier blanc, entouré de trois de ses collègues.
Le président de SouthBridge, l’ancien ministre béninois Lionel Zinsou, dans une tribune sur la mort de l’Afro-Américain George Floyd, le 25 mai 2020, sous les genoux d’un policier blanc, a remercié cette victime d’avoir suscité, à travers plus de 200 pays à travers le monde, l’indignation face à un comportement séculaire.
Le banquier d’affaire, Lionel Zinsou, remercie George Floyd, parce qu’il a réussi à susciter l’indignation à travers le monde. « Vous avez, en un jour, créé des millions de blacks, de nègres, de niggas… de toutes les couleurs et qui crient, dans toutes les langues, leur rejet des lynchages et de l’injustice ordinaire. Leur colère est celle des foules immenses et des générations nouvelles qui n’ accepteront plus la persistance séculaire de la discrimination des minorités, ni chez eux ni chez vous, cette oppression quotidienne, insidieuse, aléatoire et résistante aux Lois.« , lit-on dans la tribune.
Les Africains seront-ils assez noirs?
Si le banquier d’affaire se réjouit de l’indignation suscitée par le décès de George Floyd à travers le monde, il ne cache pas néanmoins sa tristesse, lui qui est à cheval sur deux races et surtout pour les Africains, dont le sort n’est pas aussi reluisant que celui de la minorité afro-américaine.
En effet, faisant un parallélisme entre ce que vit la minorité afro-américaine aux Etats et ce que vit le continent africain par rapport au reste du monde, le président de Terra Nova interroge ses frères africains sur leur capacité à s’indigner face à l’injustice. « Et, vous mes petits-enfants, Florence et Nathanael aux yeux pers, Ayo, notre petit Yoruba blond, vous vous poserez la même question. Votre Afrique est restée pour le monde ce que les minorités afro-américaines sont restées pour les Amériques : l’envers et la négation du progrès des autres. «Serez-vous assez Noirs ? ». C’est à dire assez rebelles, assez révoltés, assez fiers, assez confiants. N’y aura-t-il pour toujours que nos musiques, nos âmes et nos arts comme uniques métaphores de nos grandeurs et de nos libertés ?« , s’est interrogé le Franco-Béninois. Lire ci-dessous l’intégralité de la tribune.
Qu’en est-il de sa situation, lui qui n’est ni blanc ni noir
Et moi, le « Sang-mêlé », né incolore, puis-je jouer tout seul mon destin; puis-je survivre seul et sans couleur quand tant de femmes, d’hommes et d’enfants sont prédestinés à l’inégalité et à la souffrance des destins volés ? s’est-il demandé.
Le président de Terra Nostra est d’autant plus désorienté, parce qu’il dit avoir longtemps cru qu’être noir ou blanc n’avait aucune réalité intime, que seules comptaient les barrières de classe, que les mérites républicains fabriquaient des vies réussies. » Je me suis ému en son temps de la création d’une association représentative des Noirs de France. Comme si nous devions nous définir par le seul regard des autres, qu’il soit de sympathie, de désir ou de haine, et comme si nous devions nous accepter comme une minorité parce que nous étions visibles« , écrit-il dans sa tribune.
Cette identité carcérale est tout spécialement insupportable aux métis, qui font en permanence l’expérience déconcertante du racisme minoritaire, mais universel. « Banquier en France, j’ai bien réussi pour un Noir; Premier ministre en Afrique, j’ai bien réussi pour un Blanc… Aujourd’hui, je crois que je comprends.« , publie-t-il.
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