Idriss Déby : « Boko Haram fera encore beaucoup de dégâts » au lac Tchad
Le président tchadien Idriss Déby Itno a prévenu samedi qu’en dépit de la grande opération déclenchée en avril par son armée contre Boko Haram, ce groupe jihadiste allait continuer « à faire beaucoup de dégâts » dans le bassin du lac Tchad.
« Nous aurons affaire à Boko Haram pendant encore longtemps. Les incursions vont continuer », a déclaré M. Déby, invité de l’émission « Le débat africain » diffusée sur Radio France Internationale samedi. Le groupe jihadiste « fera encore beaucoup de dégâts. Il faut avoir peur », a-t-il martelé au cours de cet entretien qui s’est déroulé au palais présidentiel de N’Djamena
Née dans le nord-est du Nigeria en 2009, l’insurrection de Boko Haram s’est peu à peu propagée aux voisins camerounais, nigérien et tchadien de ce pays, particulièrement dans la région du lac Tchad, située à la frontière entre ces quatre pays. Plus 36.000 personnes ont été tuées depuis. En 2016, le groupe s’est scindé en deux branches : la faction historique, dirigée par Abubakar Shekau, et l’Iswap, affilié à l’Etat islamique (EI).
Des problèmes de coordination
Les quatre pays riverains luttent depuis 2015 contre ces groupes jihadistes, au sein d’une Force multinationale mixte (FMM). Mais cette force « n’a pas suffisamment fait le travail pour nous permettre d’endiguer ce mal », a déploré M. Déby, parlant notamment d’un problème de coordination entre les pays. Le Tchad avait lancé seul en mars une grande opération militaire en profondeur au Niger et au Nigeria affirmant à son terme avoir chassé Boko Haram de son territoire et tué plus de 1.000 de ses combattants. Le président avait ensuite été élevé au titre de Maréchal par les députés tchadiens.
Mais début juillet, au moins huit de ses soldats ont péri dans une nouvelle attaque sur son sol, et, il y a une semaine, au moins dix civils ont été tués dans un village par Boko Haram. Le président a réaffirmé samedi que les jihadistes ne se trouvaient plus sur le territoire tchadien. Toutefois, il a précisé que les incursions de combattants basés au Niger et au Nigeria continueraient de « venir faire du mal la nuit ».
Dans cet entretien, le président Déby a également abordé la question de la lutte contre le jihadisme au Sahel, le Tchad étant membre de la Force du G5 Sahel. En janvier, il avait accepté d’envoyer un bataillon de 480 hommes dans la région des « trois frontières », en proie à de fréquentes attaques jihadistes, entre Mali, Niger et Burkina Faso. Mais ces soldats avaient finalement été déployés en mars sur le lac Tchad, pour soutenir la vaste opération militaire déclenchée par N’Djamena. « Nous sommes en préparatif d’un autre bataillon qui va être équipé et qui va regagner la zone des trois frontières », a déclaré samedi M. Déby, tout en demandant le soutien financier et matériel des partenaires étrangers.
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