Tchad : le titre de maréchal d’Idriss Déby fait polémique
Le président tchadien Idriss Déby Itno a été élevé au rang de maréchal, mardi dernier, à l’occasion des 60 ans d’indépendance du pays. Un titre qui divise la classe politique. L’opposition y voit un rappel du sombre passé du continent.
Au pouvoir depuis une vingtaine d’années, Idriss Déby Itno est depuis quelques jours au cœur d’une grosse polémique. Le président tchadien a été élevé au rang de maréchal, mardi, à l’occasion des 60 ans d’indépendance du pays. A l’occasion, l’Assemblée nationale a organisé une cérémonie spéciale pour officiellement porter au président ses nouveaux galons. Un acte qui a rendu furieux, l’opposition et son chef de file, Saleh Kebzabo, qui s’est montré très critique : « C’est un crime national que de faire coïncider cet événement avec l’anniversaire de notre indépendance. Le mode de fonctionnement que nous connaissons va faire en sorte que chaque année, on va plutôt privilégier le maréchal et donc on va reléguer le 11 août 1960 aux calandres grecques. C’est irresponsable et personne ne peut l’accepter ».
Mais du côté de la majorité, on ne fait pas la même lecture de la situation. « Les députés, élus du peuple, jettent un regard rétrospectif sur ce qui a été accompli en 60 ans et ils ont identifié un des enfants du pays qui a consacré le plus clair de son temps à défendre l’intégrité du Tchad, la sécurité de nos concitoyens, donc ils ont décidé de l’élever à la dignité de maréchal, le jour des 60 ans de notre pays. C’est symbolique, pour lui dire : nous sommes fiers de votre engagement pour assurer l’intégrité de notre territoire et la défense de nos concitoyens », a rétorqué Jean-Bernard Padaré, porte-parole du Mouvement patriotique du salut (MPS), parti au pouvoir.
Un titre de maréchal qui rappelle le passé sombre du continent
Le 26 juin dernier, l’Assemblée nationale tchadienne avait voté une loi pour honorer Idriss Déby au titre suprême. Une décision qui était passée comme une lettre à la poste malgré le boycott de l’opposition. Pour Saleh Kebzabo, le titre de maréchal rappelle un passé sombre du continent : « Quand on entend ce titre de maréchal, ça fait sourire, ça ne fait pas rire. Ce n’est pas au goût du jour ni du temps. Quand vous dites maréchal aujourd’hui en Afrique, on pense à Bokassa, on pense à Idi Amin, on pense à Mobutu, personnages loufoques. Mais malheureusement pour nous, le parti au pouvoir démontre que le Tchad est à ce niveau parce que le Président Déby, chef des armées, n’a pas besoin d’un autre titre, fut-il honorifique », avait alors déclaré l’opposant.
Réplique du côté de la majorité où on avait même justifié la décision : « C’est une élévation consacrée, prévue dans nos textes. Il n’est pas maréchal dans l’armée, ce n’est pas un grade, c’est une dignité par rapport à tout son parcours », s’était réjoui Jean-Bernard Padaré.
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