Nigéria – #EndSARS: la mobilisation contre les violences policières prend de l’ampleur

Nigéria – #EndSARS: la mobilisation contre les violences policières prend de l’ampleur

 Au Nigéria, la Brigade spéciale de répression des vols (SARS), une unité spéciale de la police, est accusée de graves atteintes aux droits humains. Depuis plus d’une semaine, de nombreux Nigérians exigent la dissolution de cette section policière accusée d’arrestations illégales, de torture et même de meurtre.

La jeunesse nigériane, soutenue par des stars de la chanson, réclame le démantèlement d’une unité spéciale de la police, le « Special Anti-Robbery Squad » (SARS). Tout est parti d’une première vidéo, samedi 3 octobre, dénonçant la mort d’un jeune homme sous les balles de cette unité de la police nigériane. Il n’aura fallu que quelques heures pour que des dizaines d’images et témoignages qui accablant cette unité de la police nigériane déferlent sur Twitter. Les autorités ont nié l’authenticité de la vidéo, et son auteur a été arrêté en début de semaine, mais cela n’a fait qu’amplifier le mécontentement de la jeunesse nigériane.

Le hashtag #EndSARS pour demander son démantèlement

Postée sur Twitter, elle incrimine les forces d’une unité spéciale de la police nigériane, la Brigade spéciale antibraquage, la Sars : “Un jeune homme est mort à Ughelli, dans l’État du Delta [dans le sud du Nigeria], juste devant l’hôtel Wetland. Ils l’ont laissé mort sur le bas-côté de la route et se sont enfuis dans une jeep Lexus”, explique son auteur, cité par le quotidien nigérian The Guardian. Des centaines de personnes sont descendues vendredi dans les rues de plusieurs grandes villes du Nigeria pour protester contre ces violences policières, au lendemain de violences ayant fait deux morts dans le Sud.

Censée lutter contre les vols, elle est réputée pour sa violence et ses agissements à la limite de la loi. Mais la stupeur prend une autre tournure quand des personnalités s’emparent de la question. Ainsi, Wizkid, superstar de la chanson a tweeté à plusieurs reprises pour la fin de la Sars, apostrophant le président Muhammadu Buhari. “Des policiers tuent tous les jours des jeunes ici !”, s’exclame-t-il.

Le hashtag #EndSARS comptait vendredi près de 2,4 millions de tweets, des « chiffres très importants à l’échelle du continent », selon l’organisme d’analyse des réseaux sociaux panafricain, Afriques Connectées. Face à la fronde, le pouvoir en place a promis des réformes en profondeur de cette unité de police. Mais alors que les précédentes tentatives de refonte ont échoué, les Nigérians ne se contentent plus de ces promesses. Ils réclament désormais la fin pure et simple de la Sars.

La mobilisation prend toujours de l’ampleur

Des manifestations ont également eu lieu dans plusieurs autres grandes villes du pays, mais ont été rapidement dispersées par les forces de l’ordre, provoquant de vives tensions avec les manifestants. A Ughelli, les violences ont fait deux morts jeudi, selon le porte-parole de la police locale. « Des patrouilles de police ont été attaquées et un agent a été tué avec son arme de service », a déclaré Hafiz Inuwa. « Un manifestant a également été tué pendant l’incident. »

Les dérives de l’unité spéciale chargée de lutter contre les vols et les braquages sont documentées depuis 2014 par Amnesty International au Nigeria. Dans un rapport publié en juin, l’ONG dénonce « le règne de l’impunité dont jouit la Brigade spéciale de répression des vols », accusée de tortures, de mauvais traitements et même d’exécutions extrajudiciaires. Ce n’est pas première fois non plus que les Nigérians brandissent le hashtag #EndSARS pour demander son démantèlement. Mais, cette fois, de nombreuses célébrités leur ont emboîté le pas, donnant de l’ampleur au mouvement.

1 commentaire

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jeffrey

L’unité de police a été démantelé aujourd’hui dans un communiqué.