Analyse – Turquie : Le canal d’Istanbul serait-il le projet de la discorde ?
Le canal d’Istanbul constitue un projet phare pour le gouvernement d’Erdogan dans sa politique des grandes infrastructures. Long de 45 km, large de 150 m et une profondeur de 25 m, le « Kanal d’istanbul » est une voie maritime artificiel qui permettra de désengorger le canal de Bosphore. Ce projet structurant selon certain analyste turc ne fait pas l’unanimité au sein de certains hauts gradés retraités. 10 amiraux n’ont pas hésité à critiquer virulemment le projet titanesque d’Erdogan.
Pourquoi le Canal d’Istanbul ?
Le Canal de Bosphore est devenu trop étroit pour accueillir certains gros porteurs dans un contexte de développement du commerce maritime mondial La collusion d’un chalutier et d’un pétrolier russe en 2018 en est une illustration parfaite. Avec 41000 navires par an La recrudescence des accidents et des télescopages a convaincu les dirigeant turc de repenser leur stratégie pour accueillir plus de frets maritimes et d’engranger de précieux devises. Le Canal d’Istanbul constituera un suppléant du Canal de Bosphore en cas de saturation ou d’incident maritime.
Un impact sur la biodiversité
La construction du Canal d’Istanbul n’est pas sans conséquence. L’ouverture du Canal de Suez en 1869 a provoqué la disparition de plusieurs espèces et l’évasion de 500 espèces de poisson entre la mer rouges et la mer méditerranée. Selon plusieurs spécialistes, le Canal risque de bouleverser les équilibres dans la zone. En effet, les différences de salinité entre la mer noire et la mer de Marmara risque de perturber les équilibres écologiques et l’hydrologiques.
Une menace à la liberté de navigation
Signé par la Turquie, la convention de Montreux garantit la liberté de navigation sur le détroit de Bosphore. En essayant de le substituer par le Canal d’Istanbul, le président Turc montre clairement son ambition de disposer un levier géostratégique de taille sur ses alliés de L’OTAN, mais aussi de son puissant voisin Russe dont l’accès aux mers chaudes à partir du port de Sébastopol en Crimée sont une priorité absolue. Par ailleurs, la Turquie aura le droit de décider qui pourra traverser ou non le canal de Bosphore. Ce qui est perçu comme une flagrante violation du droit à la liberté de navigation pat les 10 amiraux récemment arrêtés.
Des soupçons de malversations financières ?
Avec un cout pharamineux de 10 milliards de Dollars, la construction du Canal fait encore jaser. Hormis le cout déjà décrié, le long du Canal devra être accompagné par un projet immobiliers de grandes ampleurs : restaurants, hôtels, complexes sportifs et loisirs. Les détracteurs du projet y voient un accaparement du foncier par la famille Al-Thani du Qatar dont on soupçonne de financer une partie du projet à coup de pétrodollars. De surcroit, il faut noter que le Qatar et la Turquie ont des intérêts géopolitiques convergents avec leurs soutiens sans faille à la cause des frères musulmans.
El. Ibrahima Faye
Rédacteur en chef #geopolitico_info
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