Bénin – Covid-19: Ganiou Soglo juge les mesures insignifiantes et propose

Ganiou Soglo - ancien ministre

Les dernières mesures sociales du gouvernement du président Patrice Talon, pour soutenir les impacts économiques de la Covid-19, continuent de susciter la polémique au sein de la classe politique. Pour Ganiou Soglo, les mesures prises par le gouvernement sont plus qu’insignifiantes.

Dans une crise sur sa Page, le plus jeune de la fratrie de l’ancien président béninois, Nicéphore Soglo, a donné son appréciation de l’accompagnement social effectué par le gouvernement, dans le but d’atténuer les effets économiques de cette crise sanitaire mondiale.

Après avoir donné un aperçu de la situation à travers le monde, l’ancien ministre des sports de Boni Yayi affirme que la crise liée à la pandémie du nouveau coronavirus aura pour effet d’affaiblir malheureusement les Etats vulnérables, imposant ainsi la prise de mesures d’urgence inédites par l’ampleur de la situation.

C’est dans ce cadre, affirme le ministre Ganiou Soglo, que « les autorités béninoises, après avoir pris par-dessus la jambe, la sécurité sanitaire de nos populations, se découvrent soudainement une âme charitable et ont proposé, lors du dernier Conseil des Ministres, des mesurettes dans le seul but de distraire l’opinion. De la poudre de perlimpinpin, dirai-je, pour paraphraser le président Macron. »

Pour l’ancien ministre, contrairement à d’autres pays africains, le Bénin n’a pas opté pour le confinement, mais plutôt pour un cordon sanitaire autour de certaines villes. « Qu’est-ce qui justifie alors cette décision du Conseil des Ministres du mercredi 10 juin ? Au plus fort de la pandémie, les populations étaient livrées à elles-mêmes. Aucune mesure d’accompagnement, pas de plan riposte digne d’un pays émergent jouissant d’une croissance culminant à 7,5 %.« , indique-t-il dans sa tribune.

…Nous sommes dans un cas manifeste de prévarication pure et simple

A en croire le ministre Ganiou Soglo, le geste généreux du gouvernement du président Patrice Talon est de la poudre aux yeux. Pour l’ancien collaborateur de Boni Yayi, les 74 milliards débloqués, concernent, dans une large mesure, aux entreprises, dont l’essentiel appartiennent aux chefs de l’Etat et ses affidés. « Je serai tenté de dire que nous sommes dans un cas manifeste de prévarication pure et simple.« , laisse-t-il entendre.

Pour l’ancien ministre, le geste du gouvernement est en déphasage avec la réalité liée à l’impact de la Covid-19. En effet, indique-t-il, la machine économique mondiale est grippée : les prix des produits d’exportation dégringolent, d’énormes invendus sont à constater, la baisse des recettes est une triste réalité et, enfin, le tarissement de liquidité entraîne des conséquences incommensurables.

Face à ce tableau, l’économiste indique qu’il faut de l’argent frais pour relancer l’économie et remettre le pays au travail. « Pour ce faire, je crois profondément que nous devons, dans un premier temps, ravaler notre fierté et négocier avec notre grand voisin de l’est, le Nigéria, pour une réouverture des frontières. Diriger un pays, c’est prendre en compte l’intérêt seul du peuple. La dynamique pour le Bénin est dorénavant de créer le plus possible de la richesse, une richesse qui permettra d’augmenter l’assiette fiscale des impôts et donc des recettes pour répondre aux impondérables de l’Etat.« , précise-t-il.

Loin des 74 milliards déboursés, le ministre Ganiou Soglo estime qu’il s’agira d’injecter de l’argent dans l’économie locale pour que l’argent circule et stimule la consommation.
Ensuite, poursuit-il, il urge pour le Bénin de repenser son modèle économie en misant, par exemple, sur la transformation, la petite transformation.
Dans ce cadre, il suggère la création d’un fonds d’appui à la transformation dans le but de susciter des vocations dans ce secteur. L’enjeu serait de créer un engouement collectif.
Par ailleurs, indique-t-il, le Bénin devra orienter ses efforts dans d’autres cultures d’exportation, autre que le coton, tel que nous l’exploitons aujourd’hui.
« Si la propension est de rester dans ce domaine, nous pouvons partir sur du bio, qui peut s’avérer être une niche. Une des leçons de cette pandémie est qu’elle a permis de mettre en exergue le rôle de l’humain dans notre société. L’Homme doit dorénavant être au cœur de toute politique publique.« , a affirmé l’ancien ministre des sports.