L’Afrique du sud veut quitter la CPI, les organisations des droits de l’homme s’indignent

L’Afrique du Sud a annoncé publiquement vendredi qu’elle avait informé le secrétaire général des Nations Unies de son intention de se retirer de la CPI. Une décision qui a suscité une vague de réactions des organisations de défense des droits de l’homme.

Le retrait annoncé de l’Afrique du Sud de la Cour pénale internationale (CPI) est une gifle pour les victimes des crimes les plus graves et doit être réexaminé, ont déclaré samedi des groupes africains et des organisations internationales présentent en Afrique. Les groupes ont exhorté les autres pays africains à réaffirmer leur engagement envers la CPI, la seule juridiction de dernier recours vers laquelle les victimes qui ont besoin de justice pour des atrocités de masse peuvent s’adresser. «Le retrait de l’Afrique du Sud de la CPI représente un coup dévastateur pour les victimes de crimes internationaux en Afrique », a déclaré Mossaad Mohamed Ali du Centre africain pour les études sur la justice et la paix. Il ajoute que «l’Afrique du Sud étant l’un des membres fondateurs de la cour, son annonce envoie aux victimes le mauvais message que les dirigeants africains ne soutiennent pas leur quête de justice.»

Respect de la constitution

Cependant, «il y a des questions importantes quant à savoir si l’Afrique du Sud a respecté son droit interne en se retirant sans l’approbation de son propre parlement», ont déclaré les groupes.  «Le soi-disant retrait de l’Afrique du Sud, sans l’approbation du Parlement ou un débat public, est un affront direct aux décennies de progrès dans la lutte mondiale contre l’impunité», a déclaré Stella Ndirangu de la Commission internationale des juristes. « Nous appelons le gouvernement sud-africain à reconsidérer ses actions téméraires et invitons les autres États d’Afrique et du monde à affirmer leur soutien à la CPI », a-t-elle lancé. Selon, Jemima Njeri de la criminalité internationale en Afrique de l’Institute for Security Studies, « cette tentative de retrait de la CPI soit constitutionnelle et constitue une digression par rapport aux progrès réalisés par l’Afrique du Sud en matière de promotion des droits de l’homme sur le continent ».

Situation de départ

L’annonce par l’Afrique du Sud de son retrait de la CPI intervient après que la cour d’appel du pays a conclu que le gouvernement avait violé ses obligations juridiques internationales et nationales en n’arrêtant pas le président soudanais, recherché par la CPI, Omar al-Bashir, en juin 2015, lors de sa visite en Afrique du Sud. Un appel du gouvernement était en instance ‚mais vendredi, le gouvernement a indiqué qu’il l’avait retiré. « La décision de Pretoria de se retirer du Statut de Rome est une réponse à une situation politique intérieure », a déclaré George Kegoro de la Commission des droits de l’homme du Kenya. L’Afrique du Sud est le premier pays à avoir informé le secrétaire général de l’ONU de son retrait de la CPI. Le Burundi a récemment adopté une loi sur le retrait de la CPI mais n’a pas soumis de notification au secrétaire général des Nations unies, ce qui est nécessaire pour déclencher le processus de retrait.

La CPI très critiquée

La CPI est censée agir en tant que juridiction de dernier recours ‚n’intervenant que lorsque les tribunaux nationaux ne peuvent ou ne veulent pas poursuivre certains des crimes internationaux les plus graves. Depuis 2009, la CPI a subi une réaction violente de la part d’une minorité de dirigeants africains, affirmant que la Cour visait injustement l’Afrique. Alors que toutes les enquêtes de la CPI à ce jour, à l’exception de la Géorgie, se sont déroulées en Afrique, la plupart ont été ouvertes à la demande d’un gouvernement africain: République centrafricaine ‚Côte d’Ivoire‚ République démocratique du Congo ‚Mali ou encore Ouganda. Les situations en Libye et au Darfour ont été référées par le Conseil de sécurité des Nations unies. Le Kenya est la seule situation en Afrique dans laquelle le gouvernement ou le Conseil de sécurité n’a pas demandé à la CPI d’enquêter.