Bénin – Présidentielle de 2021: les questions auxquelles Talon doit répondre avant sa candidature
Si, constitutionnellement, l’actuel locataire du palais de la Marina est éligible pour un second mandat, il doit, de l’avis du consultant en politique de développement, Serge Dossou-Yovo, éclairer le peuple béninois sur certaines préoccupations.
Dans une tribune rendue publique en début de semaine et publiée dans Nord-Sud Quotidien, le consultant en politique de développement, Serge Dossou-Yovo, s’est préoccupé des appels tous azimuts lancés à l’endroit du président de la République pour un second mandat.
Après avoir salué la réforme du système partisan qui dans sa conception actuelle ne permettra qu’une dizaine de candidatures, Sege Dossou-Yovo, béninois résidant en France, ne comprend pas la pertinence de l’appel à un second mandat lancé à l’endroit du chef de l’Etat.
Si la candidature ou non à un second mandat du président de la république préoccupe beaucoup de béninois, pour ce consultant en politique de développement, cette question semble à priori réglée sauf pour ceux et celles qui voudraient s’adonner à un jeu de rôles.
A l’en croire, les récentes modifications de la constitution, et les nouvelles dispositions de lois, donnent privilèges aux deux partis représentés à l’Assemblée Nationale, auxquels s’ajoute éventuellement la troisième force qui a émergé lors des élections communales de 2020, pour favoriser une candidature à la présidentielle de 2021.
L’appel pour un second mandat est paradoxal
Les nombreux appels à la candidature du Président Patrice Talon pour un second mandat peuvent paraître surprenants, car, d’une part, indique Serge Dossou-Yovo, la présidentielle est l’affaire d’un homme face à sa nation, et avec un projet; d’autre part, en 2016, poursuit-il, le Président Talon lui-même avait pris la décision d’aller à la rencontre du peuple béninois avant d’y associer différents partenaires.
« On peut se poser la question de savoir pourquoi cette fois-ci, il aurait besoin que du nord au sud et de l’est à l’ouest, il y ait des comités qui appellent à sa candidature, comme s’il fallait l’imposer, d’autant que cet appel émane surtout du camp de ses supporters, la majorité du peuple restant ainsi impassible et observatrice des différentes messes organisées çà et là… ! », lance-t-il.
Pour le consultant en politique de développement, si le Président Talon devait répondre à cet appel, cela voudrait-il dire qu’il aurait mal estimé la charge du travail et le délai nécessaire pour marquer durablement le développement du Bénin ?
« Puisque, devant Dieu, les mânes de nos Ancêtres et devant le peuple Béninois, il a fait vœu de ne faire qu’un seul mandat ! L’autre alternative serait qu’il se présente en personne à son peuple pour expliquer son bilan, les raisons qui auraient guidé ses choix, les difficultés rencontrées et surtout le projet qu’il a pour le Bénin, les cinq prochaines années. », a-t-il précisé.
Les questions auxquelles Talon doit répondre avant sa candidature
Il devra surtout expliquer pourquoi en 5 ans, de 2016 à 2021, il s’est privé d’aller rencontrer son peuple dans sa diversité socio-professionnelle et géographique ? Lit-on dans la tribune de Serge Dossou-Yovo.
Le chef de l’Etat, avant sa candidature, doit également, selon Serge Dossou-Yovo, expliquer pourquoi il s’est muré dans un silence incompréhensible a priori, après les événements malheureux de mai et juin 2019, lorsque, suite aux manifestations post-électorales, des femmes et des hommes sont tombés sous les balles de l’armée béninoise alors qu’il a fait serment de les protéger .
Le président Talon doit également, à son avis, justifier pourquoi il est resté sans voix, face à l’appel d’une partie de ses compatriotes, dont la situation financière, matérielle et sociale s’est progressivement dégradée au fil des ans, accentuée par la fermeture des frontières par le Nigeria.
Il doit éclairer sur le pourquoi, enfin, lors des 13 minutes de sa prise de parole au début de la pandémie du coronavirus, la population a entendu que le Bénin ne pouvait pas faire face à cette crise sanitaire naissante, avant que son gouvernement, quelques semaines plus tard, ne prenne des mesures de soutien, dont l’amplitude devra encore prouver qu’elles touchent le maximum de la population, notamment celles et ceux qui animent l’économie de notre pays, celle dite informelle alors qu’elle est réelle.
Ce que devraient faire ceux qui suscitent la candidature pour un second mandat…
A en croire Serge Dossou-Yovo, avant d’être candidat pour un second mandat, le président Patrice Talon doit trouver les mots et les moyens de séduire ses compatriotes de plus en plus dubitatifs, selon les cas, sur un projet qui les a fait rêver, mais qui s’est avéré à leurs yeux non aboutit pour certaines réformes.
C’est à cela que ses partisans doivent réfléchir et travailler, précise-t-il, et non susciter à tout vent sa candidature. Selon lui, en lieu et place du slogan désormais scandé « Finir le job », car même au terme des cinq prochaines années, le job ne serait pas fini, les partisans du chefs de l’Etat pourraient utiliser les fonds mobilisés pour sa caution pour réaliser des actions de solidarité sur le terrain.
Il y a eu des réalisations, mais les options étaient-elles justes?
La réalité, selon le consultant en politique de développement, Serge Dossou-Yovo, est que le président Talon a fait le pari du développement par la structure et l’infrastructure, alors que les besoins immédiats de son peuple étaient peut-être ailleurs.
« Le PAG a permis l’accès à l’eau dans certaines de nos régions et rendu un peu plus disponible l’énergie. Il est vrai qu’on peut rouler par endroit et essentiellement dans les grandes villes, sur des voies moins accidentées ou asphaltées. Combien seront-ils dans nos villages et contrées reculées à pouvoir apprécier ces avancées à leur juste valeur, alors que poser les actes de la vie quotidienne comme manger, relève encore du défi« , affirme-t-il.
Combien seront-ils à comprendre que les kilomètres de routes réalisés serviront à acheminer leurs productions agricoles alors qu’eux-mêmes ont du mal à rester dignes ? Combien seront-ils à comprendre qu’il leur est toujours difficile de se faire soigner à un coût abordable et dans des conditions sanitaires satisfaisantes…, ‘ interroge le consultant.
« Pour finir, je voudrais m’essayer à un exercice périlleux : évaluer ses chances de réussite en 2021. Si l’on se fie à la cartographie politique actuelle, on ne voit pas comment il pourrait en être autrement puisque porté par l’un ou l’autre (ou les deux) partis de sa majorité, il serait face à un autre candidat issu des mêmes rangs et éventuellement un autre, si la magie de la troisième force dite de l’opposition municipale fonctionne. Dans ce cas de figure, nul doute que sa réélection est déjà assurée !« , indique-t-il
Mais il s’interdit d’être péremptoire dans cette analyse, car, selon lui, au Bénin, rien n’a jamais été logique ni cohérent; surtout en matière politique lors d’élection présidentielle. « Sinon le Président Talon n’aurait pas été élu en 2016. Le Bénin peut encore surprendre.!« , fait-il savoir.
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