Nigéria: l’éducation prise en otage au nord du pays
Au nord du Nigéria, les écoles sont devenues la cible prioritaire des hommes armés. Des milliers d’élèves ont été enlevés, tués ou mutilés dans une série d’attaques.
Les groupes armés veulent-t-il paralyser l’éducation au nord du Nigéria? La réponse semble être affirmative au regard des événements tragiques qui se produisent depuis quelques mois dans cette région du Nigéria. Dans plusieurs Etats de cette région, comme Kaduna, Borno et Niger, les écoles sont devenues cibles prioritaires des attaques terroristes.
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En effet, plus de 700 élèves ont été enlevés, blessés ou tués lors d’une série d’attaques coordonnées contre des écoles de la région nord du Nigéria, entre décembre 2020 et mars 2021. Le bilan est totalement effarant malgré les offensives de l’armée nigériane.
Un stratagème
Dans un entretien accordé au Daily Trust, le doyen de la Faculté d’éducation de l’Université Ahmadu Bello de Zaria, le professeur Yahaya Korau Kajuru, a déclaré que l’enlèvement d’écoliers était un stratagème pour empêcher les enfants du nord du Nigéria d’aller à l’école et un stratagème aux implications évidentes.
Pour le directeur de l’organisation à but non lucratif, Idayat Hassan, «il n’est pas défendable que les Nigérians, en particulier les jeunes à la recherche d’une éducation, ne puissent plus le faire dans une atmosphère sûre, pacifique et propice.».
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Dans un communiqué en février, le directeur d’Amnesty International Nigéria, Osai Ojigho, a déclaré : «Les écoles devraient être des lieux de sécurité et aucun enfant ne devrait avoir à choisir entre son éducation et sa vie. D’autres enfants ont dû abandonner leur éducation après avoir été déplacés par de fréquentes attaques violentes contre leurs communautés, et de nombreux enseignants ont été contraints de fuir vers d’autres États », a-t-elle déclaré.
La psychose gagne du terrain
La situation est très inquiétante et l’éducation tourne au ralenti. Dans plusieurs villes de la région du nord du Nigéria, certains parents ne laissent plus leurs enfants aller à l’école. Pour eux, l’école n’est plus un lieu sûr.
Malgré les assurances des gouverneurs, la confiance laisse à désirer et les attaques terroristes au quotidien, entachent la crédibilité des autorités à l’endroit des pauvres populations et instaurent un climat de doute et de méfiance accru.
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Selon plusieurs témoignages, de nombreux citoyens vivent sous le choc et dans la psychose, dans une société où des actes de viol et de vandalisme font désormais partie du quotidien de tous.
L’éducation prise entre deux feux
Outre les hommes armés, les bandits qui prennent d’assaut des écoles pour enlever des enseignants ou des centaines d’élèves pour, plus tard, demander des rançons, le groupe terroristes Boko Haram en fait aussi autant.
Boko Haram, dont le nom en haoussa, la langue dominante dans le nord du Nigéria, signifie «l’éducation occidentale est interdite», a enlevé 276 écolières du dortoir de l’école. Cent sept (107) filles ont jusqu’à présent été relâchées ou se sont échappées, et de nombreuses autres sont toujours portées disparues.
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Une étude publiée par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance en 2017 montre que plus de 2 295 enseignants ont été tués et 19 000 déplacés dans le nord-est depuis le début de l’insurrection de Boko Haram en 2009.
L’étude montre également qu’environ 1 400 écoles ont été détruites, la majorité n’ayant pas pu ouvrir en raison de dommages importants ou parce qu’elles se trouvent dans des zones dangereuses. Pas moins de 618 écoles sont déjà restées fermées dans six États du nord par crainte d’attaques et d’enlèvements d’élèves et de membres du personnel, selon un décompte du journal ThisDay.
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