Bénin – transhumance et affrontement: bientôt une commission d’enquête parlementaire

En application de l’article 112 du règlement intérieur de l’assemblée nationale, la représentation nationale a convoqué le gouvernement a venir s’expliquer sur le phénomène de la transhumance. Peu satisfait des réponses fournies par l’exécutif, l’He Sanni Mama dénonce une mafia et demande la mise sur pied d’une enquête parlementaire sur le sujet. 

Le Jeudi 16 Janvier 2020, le gouvernement de la rupture a donné des éclairages aux élus du peuple sur un certain nombre de questions sur lesquelles il a été interpellé. Au menu des sujets à l’ordre du jour, la question relative à la transhumance et aux affrontements meurtriers entre Agriculteurs et éleveurs. L’exécutif convoqué pour éclairer la représentation nationale sur ces différents sujets ne s’est pas montré convainquant aux yeux de l’honorable Sanni Mama qui , après avoir fait des révélations sur le sujet, a proposé à ses collègues la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire. A en croire l’élu du peuple, la transhumance bat toujours son plein en dépit de la loi votée pour endiguer le phénomène grâce à une mafia tapie dans les mairies, et dans les départements.  « Je voudrais remercier le collègue par rapport à cette question relative à la transhumance et la situation de Dassa-Zoume. C’est un dossier qui me tient beaucoup à coeur. Les populations du Zou et des Collines subissent le diktat de ces peuhls transhumants. Je voudrais qu’on fasse la nuance ici sinon nous risquons de tomber dans cette stigmatisation qui ne dit pas souvent son nom où les gens pensent que tout peuhl qui est un éleveur et a des bœufs est quelqu’un de violent. Non. Je pense que les éleveurs et les agriculteurs doivent se compléter. L’un a besoin de l’autre et je pense que le problème de la transhumance doit être regardé avec un œil pertinent », a-t-il nuancé.

L’élu du peuple a surtout mis le doigt sur l’application qui est faite de la loi qui est votée pour circonscrire le problème. A l’en croire, sur les papiers, on dit que la transhumance est interdite, c’est-à-dire que les gens ne peuvent plus quitter chez eux pour venir chez nous. Mais dans la réalité, clame-t-il, les choses sont toute autre. Selon lui, de  » milliers de peuhls transhumants ont quitté le Nigeria pour venir au Bénin. Certains y séjournent encore, d’autres ont continué pour aller au togo et c’est ceux-là qui causent les dégâts. Ils sont lourdement armés et passent avec des dizaines de bêtes parfois avec des AKM. ». Ces peulhs se donnent cette liberté, précise le député, parce qu’ils bénéficient d’une mafia bien installées dans les mairies. Ils pensent qu’ils ont déjà payé leurs droits de passage en complicité avec une mafia qui est bien organisée, tapie dans les mairies, dans les départements. «  »C’est le lieu de remercier le gouvernement du Président Patrice Talon qui depuis trois ans a commencé quelque chose dans ce sens. C’est pourquoi on a constaté la diminution de ces affrontements et de morts d’hommes sinon à des périodes de transhumance, nous comptons des dizaines de morts. La mafia existe et résiste toujours. Chers collègues, cessons de stigmatiser une ethnie. C’est ceux qui arrivent d’ailleurs lourdement armés et entretenus par la mafia qui bouffent de centaines de millions chaque année qui résistent.« , a-t-il fait savoir. Pour mieux comprendre la situation et cesser d’emprisonner des innocents, le parlementaire propose une enquête parlementaire. « Si nous n’agissons pas pour arrêter cette mafia, on va continuer par emprisonner de pauvres innocents pour dire que c’est eux qui ont fusillé. Cette affaire qui s’est passée à Dassa Zoumè, je l’ai suivie de près. Ce sont des innocents qui sont en prison. Les premières attaques qui se sont passées dans le village en question, les Nigérians, quand il y a eu l’équipe de sensibilisation qui est passée, ils ont réussi à aller vers Ketou pour renvoyer tout leur pâturage de l’autre côté et ils sont revenus armés. Ils ont attendu quand les villageois soient revenus, ils les ont tués puis répartis au Nigeria. Après, on a pris les innocents pour les jeter en prison. La mafia opère toujours. Elle est dans les mairies, les départements« , conclut-il.