Coronavirus – Allègement de dette : le moratoire ne résout pas le problème de l’Afrique

Les pays africains ont, avec le soutien de plusieurs autres, appelé et appellent à l’annulation pure et simple de la dette africaine. En effet, les Etats du G20 ont trouvé le moyen d’alléger le poids de la dette en cette période de pandémie, en décidant de suspendre le paiement. L’économiste Demba Moussa Dembélé est revenu sur la question, et trouve légitime la demande des africains par ces temps qui courent.

« Il est désormais admis que la pandémie du coronavirus va avoir de graves conséquences économiques et sociales pour le monde, comparables à celles de la Grande Dépression des années 1930 », a souligné Demba Moussa Dembélé, dans une tribune publiée sur Connectionivoirienne.net. L’économiste indique que les prévisions de pertes économiques à l’échelle mondiale, faites par les institutions spécialisées, ne sont rien comparativement à ce que pourrait subir l’Afrique comme « catastrophe économique ». La banque mondiale, l’OMC, le FMI et autres, ont déjà annoncé presqu’une fonte complète de l’économie de l’Afrique due à la pandémie. Face à ces prévisions pessimistes, l’Afrique a demandé l’annulation des dettes sous le poids duquel elle croule, mais les créanciers n’ont donné qu’un moratoire.

Mais Demba Moussa Dembélé souligne que le moratoire ne résoudra pas le problème de l’Afrique. Selon lui, « le moratoire va suspendre -pas effacer- le service de la dette de 77 pays pour un montant de 14 milliards de dollars. Cela représente moins de 200 millions de dollars par pays (182 millions environ). Ce montant est une goutte d’eau dans l’océan des besoins de ces pays ». Il rappelle les besoins financiers que les dirigeants africains eux-mêmes ont estimé à 200 milliard de dollars, au moins, pour faire face à la pandémie du coronavirus et ses conséquences économiques et sociales ; et donc que le moratoire ne servirait à pas grand-chose dans le contexte actuel. « Même si tout le montant du moratoire était pour les pays africains, il représenterait 7% des besoins calculés par l’Union africaine. Même comparé au service de la dette de l’Afrique en 2020, projetée à 44 milliards de dollars, le moratoire pour les 77 pays représente 31,8%, soit un peu moins du tiers », explique l’économiste.