Bénin : le Conseil des Ministres transformé en chambre d’accusation ?
Rabelais disait si bien dans Pantagruel : « le pouvoir est un bâton que chacun prend pour battre son ennemi ». Certainement que Patrice Talon, ci-devant à la barre, a lu et relu cet enseignement. C’est vrai que Patrice Talon a commencé a bien usé et même abusé de ce bâton de pouvoir. Dans son subconscient il voulait tellement l’utiliser pour battre les opposants que finalement il a donné le coup de trop lors du dernier conseil des ministres sur ce qu’on peut d’ores et déjà appeler l’affaire BIBE.
S’appuyant sur une mission de l’UMOA puis sur une autre effectuée par l’inspection générale des finances, le gouvernement a parlé de versement de commissions occultes. Des conclusions de ces deux organes, le gouvernement assure qu’il y a eu versement de commissions occultes au détriment des travailleurs, des retraités et de l’Etat. Ainsi, le conseil des ministres a instruit le ministre de la justice, Me Joseph Djogbénou, de poursuivre les dirigeants de l’époque notamment : Laurent Metongnon (président du CA).
Peut-être que Patrice Talon, à force de transformé le conseil des ministres en chambre d’accusation, fait une prophétie à la Georges Clémenceau, pour anéantir les opposants à son régime, afin de s’adjuger le majestueux fauteuil de la Marina.
C’est vrai que Clémenceau n’était pas tendre avec les dictatures qui « sont comme le supplice du pal : elles commencent bien, mais elles finissent mal ». Mais il ne faut pas perdre de vue que le même Clémenceau n’avait aussi que raillerie pour cette démocratie qui n’est rien d’autre « que le pouvoir des poux de manger les lions ». Car son uppercut du 02 novembre dernier n’a pas ébranlé Laurent Metongnon demeuré solide sur ses appuis de financier et stratège formé à bonne école.
On ne fait pas l’école pour rien ! Rappelons que la Sorbonne a bon dos. Mais, les sortants de la Sorbonne pas après la deuxième année du premier cycle et la vraie Sorbonne ne s’aventureraient jamais sur le terrain d’un communiste aguerri par la formation et l’expérience. La liberté d’opinion et d’association sont normalement des principes fondamentaux de la démocratie.
Mais au Bénin de Patrice Talon, où la démocratie s’exerce depuis 1990, exprimer ses idées est un sacrilège sanctionné par un dossier de malversation monté de toute pièce. Désormais, l’épée de Damoclès pend sur la tête des opposants qui ne peuvent tenir… leur langue.
De quoi s’agit-il ?
Ce qui arrive à Laurent Metognon n’est que du machiavélisme rupturien. C’est en fait le voleur qui crie au voleur ! Tenez ! Le gouvernement de Patrice Talon, prend officiellement (40) quarante milliards dans les caisses de la Cnss, sans l’autorisation des travailleurs qui ont cotisé, sans l’autorisation du conseil d’administration, avec l’aval du Directeur général, pour dit-on financer le PAG.
Ayant ainsi mis en danger les finances d’une caisse, autrefois florissante, il faut bien sûr trouver un bouc émissaire, montrer du doigt, quelqu’un au peuple afin de cacher le nom des vrais responsables de la saignée. Surtout que c’est un opposant, qui ainsi, dénoncé et dénigré, perdrait toute crédibilité aux yeux du peuple.
Le tour est joué. Quand nos retraités commenceront à manquer de salaire, vers qui ils vont se retourner ? Laurent Mètognon évidemment ! Ce sera alors la déchéance totale pour lui.
Personne ne l’écoutera désormais ! Le vrai coupable restera dans l’ombre, se frottant joyeusement les mains. Le gouvernement ferait ainsi d’une pierre, deux coups. Dans le même temps, il trouve un agneau pour le sacrifice, surtout, un grand opposant qui serait politiquement mort ! De l’intelligence pour faire du mal !
Ce que le pouvoir ignore, c’est qu’il y aura toujours des Laurent Mètognon pour dénoncer le mal vivre des Béninois, le népotisme, le clientélisme et l’accaparement des ressources du pays, qui ont pris corps et racines dans notre pays…
Gilbert Makou
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