Lettre ouverte de la Fédération Nationale des Étudiants du Bénin à Patrice Talon

Monsieur le Président de la République,

Convaincus que de peur de se voir être dépouillés de leurs fauteuils, vos collaborateurs ne ménagent et ne ménageront plus aucun effort à vous applaudir avec grand fracas, même dans les décisions les plus véreuses comme celles de la suspension des organisations estudiantines depuis le 05 octobre 2016, des nouveaux critères d’attributions d’allocations universitaires renforcés pour les ploutocrates, etc., à l’orée de cette nouvelle année qui couve l’an II de votre mandature, il nous plaît de vous notifier notre profond regret de l’atmosphère de ruse, d’oisiveté et de manque de volonté participative entretenue par votre gouvernement à ce jour en ce qui concerne les attentes des étudiants.

Monsieur le Président de la République, les sages disent très souvent que : « Le repas du palais ne tue pas la vérité du palais ». Depuis votre arrivée à la tête de notre Etat, tout point fait, les actions concrètes peinent à être enregistrées pour le mieux-être de la communauté estudiantine, que dis-je, de la jeunesse. Plutôt, depuis lors, les entreprises semblent créer sans nul doute, une distraction absolue entérinée par les décisions les plus hasardeuses qui puissent exister dans un cercle de « technocrates ».

À partir du 05 octobre de l’année 2016, lorsque suspendues, les organisations estudiantines à travers leurs responsables n’ont cessé d’aller vers les autorités de tutelle (COUS-AC, les établissements, le Rectorat, MESRS…) et autres sources bien indiquées pour que réglée, soit cette situation. Du temps perdu est-on en mesure de dire quand on sait que toutes ces démarches n’ont abouti à rien. Et pour cause, des dires, c’est à vous seul que revient la légitimité de toutes décisions. Notre peur ne réside point en ce que vous êtes le seul à pouvoir remettre la pendule à l’heure quant  aux organisations estudiantines, mais elle réside dans l’inaction, la désinvolture et l’absence de volonté participative dont fait montre votre gouvernement sur la question.

Quoiqu’on reproche aux organisations estudiantines en ce siècle, nous tenons à rappeler qu’elles ont toujours servi de tremplin à plusieurs têtes pensantes de notre nation. D’ailleurs, le fameux projet de fusion des organisations estudiantines à caractère syndical, ne saurait être initié et même rendu public, car l’histoire d’un peuple, d’une région ne saurait être fusionnée sous prétexte de recherche de la sécurité. Le vivre ensemble n’a jamais été imposé sous aucun ciel, encore moins en plein 21ème siècle. Le peuple béninois vous ayant suivi, nous croyons, comme Nelson Mandela, qu’« accomplir sa mission quand l’histoire nous convoque est la seule chose qui compte et n’a pas de prix ».

Excellence Monsieur le Président, croyez-vous réellement en une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie et avec des chances égales ? Nous en sommes sceptiques. Nous avons écouté les témoignages de nombreux Hommes d’Etat, jadis lycéens, étudiants… dans notre État, qui montrent le sérieux et l’engagement du gouvernement à leur côté. Aujourd’hui, il est bien triste qu’à travers ses décisions, le gouvernement se désengage du social avec pour raison, l’indisponibilité des ressources.

Dans le même temps,  les enfants des diplomates sont favoris et ont un traitement hors classe. Ce, quand bien même ceux-ci vivent au dépend des ressources  de la nation. Serait-il un péché qu’ont commis ceux nés de parents de basse classe ? Nous croyons et interpellons votre autorité sur l’importance de la préservation de ces conditions qui participent de la survie des étudiants issus de familles nécessiteuses.

Pour preuve, dans un contexte où l’étudiant n’a pas une source de revenus et n’est pas en mesure de bénéficier de l’appui des siens, faute d’une disette accrue, n’est-ce pas grâce aux allocations universitaires tardivement acquises qu’il s’offre un minimum de conditions favorables à ses études ? Admettre l’obtention d’allocations universitaires qu’au niveau du baccalauréat, n’est-ce pas priver une bonne partie de la population de ses chances de réussite ?

Sur la question du report du payement des frais d’inscriptions, si les étudiants peuvent vous être reconnaissants pour avoir cédé à leur doléance, il est à signaler que l’ouverture du débat de fond pour lequel nous avons souhaité le report est tant attendue. Pour mémoire,  dans la lettre du 26 octobre 2017 adressée à la ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, l’instauration du débat de fond a été notre souhait. Constatant le silence qui règne depuis ce temps, nous n’aimerions point revenir sur les traces du temps mort après le séminaire sur le système LMD.

Excellence Monsieur le Président de la République, à l’orée de cette nouvelle année, nous voulons croire que les actes ainsi que les réflexions seraient ceux au profit de toute la masse. Nous croyons en votre attachement à la jeunesse de ce pays qui a beaucoup de mérites à faire valoir pour un « Bénin Révélé ».

Vous adressant nos vœux de paix, de santé, de clairvoyance et de réussite pour l’année 2018, recevez Excellence Monsieur le Président, notre profonde considération.

Pour la Fédération Nationale des Étudiants du Bénin,
Le Président
Alimi Gounou