Face aux députés, le gouvernement présente le point des béninois « esclaves » en Libye
C’est à travers une question d’actualité en date du 23 Novembre 2017 que 13 parlementaires béninois ont exprimé leur inquiétude sur le silence du gouvernement Talon face à la situation des migrants en Libye. Partant des révélations faites par la chaîne américaine Cnn sur le marché d’esclaves en Libye qui a suscité des vagues d’indignations dans le monde, les parlementaires béninois voudraient bien comprendre ce qui explique le silence du régime Talon.
Face à la représentation ce Jeudi 12 Avril 2018, le ministre des affaires étrangères et de la coopération, Aurélien Agbénonci a apporté des réponses à la préoccupations des élus du peuple. Lire ci-dessous l’intégralité de sa réponse.
Réponse du gouvernement sur la situation en Lybie:
1- Introduction
Le Bénin dispose en Lybie d’une représentation diplomatique qui a été momentanément fermée, à cause de la situation sécuritaire dans ce pays. En dépit de cet état de guerre civile, tout a été mis en oeuvre par le Gouvernement pour assurer une présence efficace dans cette Région, à travers un renforcement de la présence diplomatique du Bénin à Alger avec un réseau de consuls honoraires qui travaillent en synergie avec l’Ambassade.
Tout ce dispositif de veille est renforcé par la qualité des relations d’amitié et de coopération qu’entretient notre pays depuis l’avènement du Gouvernement actuel avec les Etats de l’Afrique du Nord.
Les bons rapports de coopération entretenus au plan bilatéral avec certains pays, dont la Tunisie, ont facilité la mise en oeuvre des actions dans le cadre de la gestion de cette crise.
2- Question :Pourquoi le mutisme du Gouvernement face à la situation des migrants d’Afrique subsaharienne en Lybie?
3- Réponse
Dès la révélation par la presse internationale du scandale des migrants subsahariens en situation d’esclavage en Libye, le Gouvernement béninois, à travers notre Ambassade à Alger, a aussitôt mis en place une opération de rapatriement pour extirper nos compatriotes en situation difficile.
Qu’il vous souvienne que, dès le 11 janvier 2018, le Conseil des Ministres s’est prononcé sur la question et a donné les instructions nécessaires au Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération en vue de porter toute l’assistance requise à nos compatriotes éprouvés.
Grâce à des laissez-passer délivrés par l’Ambassade à Alger et expédiés par courrier DHL en Libye, onze (11) de nos compatriotes victimes de la traite sont rentrés au Bénin, à la date du 10 avril 2018. La situation de veille est toujours maintenue en collaboration avec l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) pour permettre à d’autres éventuels candidats au rapatriement de regagner le pays.
Il convient de signaler que l’une des difficultés dans la gestion de cette situation est liée, entre autres, à l’acheminement des Laissez-passer entre Alger et Tripoli.
Grâce à ses réseaux et canaux diplomatiques, le Gouvernement a pu recueillir, en dépit de tous les risques liés à la situation d’insécurité qui prévaut dans ce pays, des informations sur la présence ou non de ressortissants béninois sur le territoire Libyen. Ces informations ont conclu à la présence de quelques individus présumés béninois se trouvant dans les camps de Tajura, Zahua et de Zabrata. Il est à préciser que ces personnes, d’après les renseignements reçus, ne sont pas soumises à des traitements inhumains et dégradants.
Le processus d’identification des ressortissants béninois a été rendu complexe en raison du fait que la plupart des personnes présumées béninoises ne possèdent aucune pièce d’identité. D’où la difficulté pour l’Ambassade du Bénin à Alger de leur délivrer des documents de voyage, sur la base des photos reçues et/ou de simples déclarations d’identité.
C’est la raison pour laquelle, à la demande du Gouvernement, le Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, a instruit l’Ambassadeur du Bénin à Alger aux fins d’un renforcement des actions sur le terrain pour faciliter le processus d’identification de nos compatriotes et procéder, le cas échéant, à la délivrance des documents consulaires pour sécuriser leur présence en Libye et leur apporter toute l’assistance nécessaire, avec l’aide de l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) et la collaboration des Associations béninoises dans la Région.
En plus des actions conduites par notre Ambassade à Alger, une Cellule de crise a été mise sur pied au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, sous l’autorité du Ministre.
Enfin, pour faire face à tout besoin de financement en urgence, le Gouvernement a constitué une provision à cet effet. Cette provision, de 27.730.000 francs CFA, fera l’objet de justification, conformément aux décisions du Conseil des Ministres (cf relevé n°02/PR/SGG/REL/Ord du 11 janvier 2018).
4- Conclusion
Au total, grâce à la réactivité de notre représentation diplomatique à Alger, à la Cellule de veille du ministère ainsi qu’à la collaboration des associations de béninois dans la Région, le Bénin a pu donner des réponses appropriées à la mesure des attentes de nos compatriotes.
Le Gouvernement affirme qu’au regard des résultats obtenus en ce qui concerne la situation des béninois en Libye, les actions menées se sont révélées efficaces sur le terrain.
Il profite de l’occasion pour rassurer, à travers la Représentation Nationale, le Peuple béninois de sa détermination à protéger les droits et assurer l’intégrité physique et morale de nos compatriotes, quel que soit le pays où une situation de crise se produirait.
Fait à Cotonou, le 11 avril 2018.
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