Gestion des ports au Togo et en Guinée : Vincent Bolloré et deux cadres du groupe placés en garde à vue
Vincent Bolloré a été placé en garde à vue ce mardi 24 matin dans les locaux de la police judiciaire de Nanterre dans le cadre d’une information judiciaire pour des soupçons de corruption en Afrique, selon une information du Monde.
L’enquête porte notamment sur les conditions d’obtention en 2010 de deux terminaux à conteneurs au Togo et en Guinée par le groupe Bolloré. La justice soupçonne « les dirigeants du groupe d’avoir utilisé leur filiale de communication Havas pour faciliter l’arrivée au pouvoir de dirigeants africains en assurant des missions de conseil et de communication sous-facturées », précise le quotidien.
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Le directeur général du groupe Gilles Alix et le responsable du pôle international de Havas Jean-Philippe Dorent ont également été placés en garde à vue ce mardi matin.
Selon le journal Challenges, les dirigeants sont auditionnés dans les locaux de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions (OCLCIFF), à Nanterre, sous le régime de la garde à vue, un fait rarissime pour un grand patron. Ces juges ( Serge Tournaire et Aude Buresi ) , habitués des grandes enquêtes politico-financières, soupçonnent son groupe d’avoir financé la campagne électorale de dirigeants africains qui, par la suite, lui ont accordé des concessions portuaires. Deux pays sont dans le collimateur: la Guinée d’Alpha Condé et le Togo de Faure Gnassingbé, qui ont tous les deux bénéficié des conseils de l’agence Havas durant leurs campagnes en 2010.
Après avoir saisi de nombreuses pièces comptables, lors de leurs perquisitions chez Havas, en 2014 et 2015, puis au siège de Bolloré, à Puteaux, en avril 2016, les enquêteurs ont acquis la conviction que des dépenses électorales des deux présidents ont été prises en charge par le groupe Bolloré. Ils ont notamment récupéré des factures adressées par Havas à Africa Bolloré Logistics pour de prétendues prestations de communication en Guinée. Des factures, payées par ABL, qui correspondraient en fait à des prestations destinées à la campagne d’Alpha Condé. Le risque judiciaire pour les dirigeants du groupe est à prendre au sérieux, avec des qualifications pénales potentiellement lourdes: abus de bien social et trafic d’influence. « En Guinée et au Togo, le groupe Bolloré a été choisi uniquement pour ses compétences et sa capacité à réaliser les investissements portuaires, que ses concurrents n’avaient pas réalisé par le passé », rétorque un porte-parole du groupe.
Au Togo, le groupe Bolloré a remporté en 2009 – quelques mois avant la réélection de M. Gnassingbé l’année suivante – la concession du terminal à conteneurs du port de Lomé pour une durée de trente-cinq ans. Une décision elle aussi contestée, cette fois par un autre concurrent. Jacques Dupuydauby, ancien associé de Bolloré au Togo, a multiplié les recours judiciaires pour dénoncer les conditions dans lesquelles il considère avoir été évincé, a rapporté le Monde.
En novembre 2010, Alpha Condé accède à la magistrature suprême à la suite de la première élection libre du pays, qui sort de cinquante-deux ans de régime autoritaire. Une élection omineuse pour le groupe français Necotrans, spécialisé dans la logistique portuaire en Afrique. Dès mars 2011 en effet, la convention de concession du terminal à conteneurs du port de Conakry, octroyée en 2008 pour une durée de vingt-cinq ans à sa filiale Getma, est rompue. Alpha Condé confie la gestion du port à son « ami » Vincent Bolloré. Une bataille judiciaire est alors engagée en France par son rival Necotrans, qui finira en redressement judiciaire et dont une partie des actifs seront rachetés pour une bouchée de pain par Bolloré à l’été 2017.
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