Philippine : « si mon avion explose, vous pouvez demander à la CIA », Rodrigo Duterte

Le président philippin Rodrigo Duterte a lancé une nouvelle tirade explosive contre les Etats-Unis, accusant l’un de ses plus proches alliés de manquer de « parole d’honneur », tout en laissant entendre que l’Agence centrale de renseignement américaine (CIA) est en plein complot contre lui.

Dans un discours à Manille jeudi, Duterte a fustigé le gouvernement américain pour avoir stoppé la vente prévue d’armes à feu aux Philippines en raison de problèmes de droits humains. La question est, la guerre contre la drogue de Duterte mine-t-elle la primauté du droit ?

« Au moins, si jamais mon avion explose, ou si une bombe au bord de la route explose, vous pouvez peut-être demander à la CIA »

« Le fait est que les Américains n’honorent vraiment pas leur parole », a-t-il dit, justifiant sa décision de se tourner vers la Chine et la Russie pour acquérir des armes pour les forces philippines. « Au moins, si jamais mon avion explose, ou si une bombe au bord de la route explose, vous pouvez peut-être demander à la CIA », a déclaré Duterte à un groupe de fermiers et de pêcheurs réunis au palais présidentiel de Malacanang. Ce n’était pas la première fois que le président des Philippines accusait la CIA de comploter contre lui.

En 2016, il a déclaré à un groupe de Philippins au Vietnam qu’il avait reçu des informations faisant état d’un «plan présumé de la part de la CIA de me tuer». En 2017, il aurait également déclaré: «Si je meurs, c’est l’Amérique qui est derrière, c’est la CIA». Il avait également affirmé que la CIA était à blâmer pour un raid raté en 2015 contre un chef musulman armé qui avait fait 44 morts parmi les membres d’une unité de police d’élite.

En février, Duterte avait également affirmé que la CIA finançait le site d’information Rappler, allégations que la société basée à Manille avait démenties. Rappler a valu la colère du président pour la publication de rapports critiques à l’égard de son gouvernement. L’ambassadeur américain aux Philippines, Sung Kim, a nié que son gouvernement tente de saper le gouvernement philippin. Mais un rapport de la CIA publié en 2018 a classé Duterte parmi les «menaces régionales» en Asie du Sud-Est.

Jeudi, Duterte a déclaré que les Américains étaient des « grandes gueules », critiquant la politique changeante du gouvernement américain. Il a ensuite qualifié Obama de «critique» pour avoir critiqué la situation des droits de l’homme aux Philippines et a félicité M. Trump de lui avoir dit qu’il faisait du «bon travail».

« Alors les Américains, quelles sont les valeurs que vous essayez de nous imposer? Les valeurs d’Obama, les valeurs de Trump, ou votre propre stupidité nationale? »

Duterte a également déclaré que « un jour » les Etats-Unis devront aussi faire face au même problème de drogue que les Philippines, « seulement cent fois plus grave ». Dans le même discours, Duterte s’est également défendu de la critique selon laquelle sa déclaration contre le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, était raciste.

« Ce n’est pas une insulte de dire qu’elle est noire. Ce n’est jamais mal de dire une dame noire, je ne connais pas son nom », at-il dit.

Bensouda a précédemment confirmé que la CPI avait entamé des démarches légales pour enquêter sur Duterte pour d’éventuels crimes contre l’humanité liés à la guerre meurtrière contre la drogue. Selon un sénateur philippin de l’opposition, le nombre de morts dans la guerre contre la drogue aux Philippines  a dépassé 20 000, depuis que Duterte est arrivé au pouvoir le 30 juin 2016.

Des chiffres que bien entendu le gouvernement a niés en bloc en disant que, du 1er juillet 2016 au 20 mars 2018, la guerre contre la drogue a fait 4 075 suspects de trafic de drogue neutralisés.