Candide Azannai: un homme politique d’exception

On ne saurait évoquer les 28 ans de processus démocratique  au Bénin sans évoquer le nom de Candide Azannai. L’un des plus jeunes délégués présents aux travaux de la conférence des forces vives de la nation, Candide Armand-Marie Azannai a marqué l’histoire politique du Bénin durant ces 15 dernières années.

Spécialiste des stratégies électorales et initiateur des brigades anti-fraude, Candide Azannaî a toujours eu à jouer un rôle clé dans les élections présidentielles au Bénin où il fait les présidents de la République pour ensuite les défaire. L’exemple du président Thomas Boni Yayi est bien illustratif de cette assertion. Mais là, n’est pas le sujet qui nous préoccupe aujourd’hui.

En effet, au delà de tout ce qui peut être dit sur l’homme, il y a un aspect qui lui est spécifique et qui le distingue de la plupart des acteurs politiques qui polluent l’environnement économique du Bénin depuis l’avènement de l’historique conférence des forces vives de la Nation de Février 1990 par des dossiers scabreux et scandaleux.

Aperçu sur le parcours politique de « l’homme de Joncquet »

Né le 14 juin 1959 à Porto-Novo, de parents originaires d’Abomey, Candide Azannaï a grandi à Cotonou dans les quartiers populaires de Joncquet et Guinkomey. Après ses études secondaires, Azannaï s’est inscrit en Philosophie à la Faculté des lettres arts et sciences humaines (Flash) de l’Université nationale du Bénin (UNB), actuellement université d’Abomey Calavi. Nanti d’une licence et d’une maîtrise en philosophie politique et morale, l’homme n’a pas mis du temps à s’insérer dans la sérail politique de son pays où il n’a pas seulement connu une ascension fulgurante mais où il s’est imposé comme un leader incontournable.

Membre fondateur du parti Renaissance du Bénin (Rb) du premier président de l’ère démocratique, Candide Armand-Marie Azannai en a tenu le secrétariat exécutif national avant de créer sa rébellion à l’intérieur de cette formation politique qui n’est pas très enclin à la démocratie interne. Avant de claquer la porte de la RB, il a réussi à décrocher son passeport pour le palais des gouverneurs puisqu’il a réussi à se faire élire député des 2 ème, 3 ème et 4 ème législature sous la bannière de la renaissance du Bénin.

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La porte du palais des gouverneurs lui sera fermée en 2007, lorsque sorti du parti de la Renaissance du Bénin, il créa son propre parti politique dénommé « Restaurer l’Espoir » sous la bannière de laquelle il tente l’aventure en 2007. Il s’offrira néanmoins son 4 ème mandat parlementaire en 2011 avec l’alliance des forces cauris pour un Bénin émergent (fcbe) dont il figure parmi ceux qui ont fait le leader charismatique de cette alliance politique.

Il entre dans le gouvernement de ce dernier (Thomas Boni Yayi) en 2010 au poste du ministère de l’Industrie et du Commerce mais aussi porte-parole du gouvernement. Il s’ investira corps et âme pour la réélection de Boni Yayi en 2011 et pour son propre retour au parlement sur la liste Fcbe.

Mais les rapports de Candide Azannaï avec son ancien patron vont se distendre à partir de 2012 avec les velléités de ce dernier à réviser la constitution et l’acharnement subit qu’il a commencé par exercer sur son ex mentor et ami personnel, l’homme d’affaire Patrice Talon. Candide Azannaî se retournera alors contre le président Thomas Boni Yayi qu’il va défier avec le courage qu’on lui reconnait et qui est une vertu presque inexistante chez les acteurs politiques béninois. Il travaillera donc acharnement pour le départ de Boni Yayi et l’avènement de son mentor (l’opérateur économique, Patrice Talon) entre temps devenu son ennemi juré.

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Il sera nommé ministre délégué auprès du nouveau président de la République (Patrice Talon)chargé de la défense. Un portefeuille ministériel que le ministre Candide Azannai jettera moins d’un an plus tard, soit le 28 Mars 2017, pour sortir du gouvernement du président Patrice Talon qu’il prendra en opposition pour trahison de la vision sur laquelle ils se sont entendus pour prendre le pouvoir d’état.

Mais durant tout ce parcours politique de plus d’une vingtaine d’années, aucun président de la République, ni aucun adversaire politique, ne peut avoir le courage d’associer le nom de cet acteur politique atypique à un dossier de malversation ou de scandale financier.

Azannai ou l’homme politique qui lie probité, honnêteté, conviction et courage

C’est un secret de polichinelle que la classe politique béninoise est un conglomérat d’hommes politiques dont la plupart n’a de conviction que leur intérêt personnel égoïste, de courage que pour s’agglutiner derrière le détenteur du pouvoir d’état pour siphonner  les ressources publiques. Les dossiers de scandale financier et de malversation sont légion dans le pays et sentent toujours directement ou indirectement, l’odeur d’un acteur politique qui a soit agi de son propre chef ou sur instruction d’une autorité hiérarchique.

Le président du parti « Restaurer l’Espoir » est totalement loin de ce cliché béninois ou on entre en politique pour distraire les maigres ressources de l’Etat. Si cette assertion est fausse, qu’on démontre le contraire au peuple béninois devant qui le philosophe qui se glose affirmant qu’il fait de la politique par conviction et qu’il n’a cure des biens matériels étant un homme totalement détaché du matériel.

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L’homme ne se cache pas en criant sur tous les toits qu’il fait de la politique vertueuse et que contrairement à ce qui est véhiculé dans l’opinion, on peut bien faire de la politique en étant vertueux.

Pour donner la preuve de sa philosophie politique qui le fait passer pour certains comme un « sophiste », Candide Armand-Marie Azannaï ne badine pas avec les principes. Esclave des principes qu’il s’impose, Candide Azannaï est contraint au nomadisme politique car difficile pour lui de trouver sa correspondance dans le microcosme politique béninois pour une coopération durable.

Difficile de lier idéalisme et politique dans ce pays où la politique constitue pour la majorité, un tremplin pour se servir et s’enrichir sur le dos de la population contrainte à la pauvreté et à la misère permanente.

Le combat politique de Azannaï: un éternel recommencement

S’il y a une chose qui est reprochée très souvent au président du parti « Restaurer l’Espoir », c’est son instabilité politique. Doit-on le mettre sous le compte d’une instabilité caractérielle ou d’un sentiment de ne pas trouver d’homme politique vertueux?

En tous cas, pour le secrétaire général du parti « restaurer l’Espoir », l’honorable Guy Mitokpè, la philosophie politique du parti est assise sur une vision qui est celle de l’intérêt du peuple; des principes qui sont des lignes directives du parti et la vertu qui est le principe sacro-saint du parti.

Si la démission d’un poste de responsabilité n’est pas un acte courant sous nos cieux, le ministre Candide Azannaï est l’une des rares personnalités politiques qui arrive à démissionner de son poste quand il se rend compte que les pratiques  tranchent avec ses principes et ne rencontrent pas sa vision de la gestion des choses publiques.

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Cette posture de l’homme est loin de ce qui se remarque le plus au Bénin où l’acteur politique est prêt à toutes les compromissions pourvu qu’il préserve son poste et trouve son compte. Il s’adapte donc à tous les chefs qu’il rencontre sur son chemin prêt à faire leur quatre volontés. Si malheureusement c’est cela la norme au Bénin, il sera difficile pour un homme qui ne partage pas cette façon de voir les choses ou de faire de la politique d’être stable. Et c’est probablement la difficulté que rencontre actuellement la première personnalité du parti « Restaurer l’Espoir ».

Il est une chose d’accuser le ministre Candide Azannaï d’embarquer les béninois avec des personnalités pour ensuite les renier et les abandonner en cours de route. Mais il importe également de constater la moralité des acteurs politiques qui ne permet souvent pas au peuple de les suivre dans leurs faits et gestes qui manquent très souvent de lisibilité et de cohérence. De ce point de vue, Candide Azannaï est un acteur politique atypique; qu’on l’aime ou qu’on l’aime pas, il faut souhaiter avoir beaucoup d’autres acteurs politiques de cette acabit; il en va pour le développement du pays qui souffre de ses acteurs politiques.

3 comments

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Ulrich

YouTube a bien fait de laisser paraître cette vidéo de son entretien fin sur Canal Bénin. Vous avez trouvé de la matière première pour faire ce recueil.

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Adjihanou

C’est vrai,il ressemble à un certain pilote VLAVONOU du port de Cotonou.
Un homme intègre, effacé et fuyant les mauvaises choses et puis respectable et respecté.

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Moïse

Donc c’est vrai que tous ces poisons nous viennent de la FLASH. Il n’a qu’à garder ses principes moraux vertueux ou pas. C’est très bien d’avoir des principes. Sauf que bon nombre de gens n’ont que faire de systèmes mécaniques. La classe politique régorge de pourritures certes. Mais il y existe de nombreux qui valent plus la peine d’être soutenus. Alors puisque ces politiciens sont tous des ogres éhontés prêts à tout pour leur pouvoir, ceux qui démissionnent sont certainement des vertueux… Le temps nous donnera raison ou tort.