Liberté de presse au Bénin :Ibrahim Salami demande la suppression de la HAAC

Je ne suis pas de ceux qui, habituellement proposent de supprimer les institutions qui posent problème dans leur existence et essence mêmes.

Pourtant, je suis obligé de constater que parmi les maux qui minent notre démocratie, il y a bien un problème HAAC.  Ce matin du jeudi 24 mai 2017, la chambre administrative de la Cour suprême a évoqué et mis en délibéré l’affaire Le béninois Libéré (MM. TAKOU et TCHIAKPE) contre la HAAC. Les représentants de la HAAC avaient du mal à préciser le texte qui donne compétence à l’institution de prendre des sanctions aussi graves que l’interdiction d’exercer à vie. En toute logique, les sanctions seront sanctionnées…

Il me semble que la HAAC n’a pas une idée juste et claire de sa mission de régulation qui l’a transformée en canon braqué contre la presse, surtout la presse qui ne chante pas les louanges du pouvoir.  On pouvait penser que cette institution était en mission pour le Président YAYI Boni comme on peut penser aujourd’hui qu’elle l’est pour le pouvoir TALON. Je pense qu’il faut aller au-délà de l’indignation quoique légitime mais circonstancielle pour constater que la HAAC pose un problème existentiel et structurel pour notre démocratie chèrement acquise.  Ce qui doit nous amener à poser clairement et sérieusement la question de la suppression, surtout après la décision unilatérale du Président de la HAAC se suspendre La Nouvelle Tribune. La HAAC supprimée, les auteurs d’infractions de presse répondront directement devant les juridictions compétentes.  Le mal-HAAC, le malaise HAAC, la HAAC-Hache seront ainsi composés au passé.

En écoutant le Président de la HAAC, j’ai eu la nette impression qu’il a agi en attendant ou en espérant que la plénière de la HAAC lève la sanction infligée à La Nouvelle Tribune, l’un des rarissimes espaces de liberté non contrôlés par le pouvoir. La Nouvelle Tribune et son promoteur ont le courage et la dignité de refuser de chanter les louanges du pouvoir.  Tous les Béninois ne peuvent pas aller à la rivière. La démocratie est un régime de libertés.

Socialement, politiquement, juridiquement et judiciairement, la décision de suspension de La Nouvelle Tribune sera combattue.

Courage à Vincent FOLY.

Longue vie à La Nouvelle Tribune.

Ibrahim SALAMI
Agrégé des facultés de droit
Professeur Titulaire des universités

3 comments

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ADJAGBESSI Joachim

Certes <> mais la notion même de liberté n’a de sens que lorsqu’elle est encadrée. Il est reproché à La Nouvelle Tribune d’utiliser fréquemment des termes injurieux contre le Président de la république et sa vie privée. Curieusement, le professeur agrégé n’en a rien dit. Est-ce qu’il y a eu des propos injurieux? Si oui, quelle sanction convient-il d’appliquer? Si vous estimez que le président de la HAAC a outrepassé ses droits, il est prévu des voies de recours que vous auriez dû simplement conseiller à votre ami plutôt que de demander qu’on supprime l’institution. A cette allure, on finira par supprimer toutes les institutions de la république justement parce qu’aucune n’est parfaite. Chacune accomplit sa mission telle qu’elle le peut, tant bien que mal. Même <> que vous suggérez à la place de la HAAC, pensez-vous qu’elles soient sans reproche, au-dessus de toutes critiques? Votre réaction frise l’extrémisme et par conséquent s’éloigne de l’objectivité et de la neutralité qui devraient être votre boussole mais malheureusement elle est entachée de parti pris. Ce qui interpelle davantage la conscience, lorsqu’un professeur agrégé se prononce sur un sujet aussi sensible, on attend qu’il apporte de l’éclairage technique sur les chefs d’accusation, la pertinence ou non des articles évoqués, mais nous avons eu droit à des déclarations d’un citoyen novice. C’est dommage!
Quand on lit les extraits incriminés, on se demande l’information, l’instruction ou la leçon qu’ils véhiculent. Un journaliste que l’on dit de renom, doit inspirer la jeunesse et le peuple par des propos éducatifs, instructifs et constructifs. Lorsqu’il se met dans le manteau d’opposition, il devient méconnaissable du fait d’un glissement.
Personne ne demande à quelqu’un d’aller à la rivière. Ceux qui veulent y aller et n’y parviennent pas n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Point n’est besoin d’être à la rivière avant d’accompagner son pays. C’est une question de bon sens et de patriotisme.

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Moïse

Je ne sais pas si M. ADJAGBESSI est Agrégé en droits comme notre professeur SALAMI. Mais je salue l’usage qu’il fait de sa raison. L’auteur de cet article traillit ses titres et diplomes.

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armando

Au lieu de faire preuve d’objectivité pour comprendre un problème sérieux soulevé par l’auteur du supra article, restez-là à vous masturber intellectuellement et à voir la politique partout. Lo dicho…dicho.