Nomination à la Cour: une occasion «en or» pour Djogbénou de se réconcilier avec le peuple
Conformément à l’article 115 de la Constitution du 11 décembre 1990, les sept (07) nouveaux sages de la Cour constitutionnelle sont désormais connus. Trois membres sont désignés par le Président de la République et quatre autres par le bureau de l’Assemblée nationale dont le Ministre de la justice, Joseph Djogbénou dont l’image suscite d’ailleurs des polémiques au sein de l’opinion depuis sa nomination au gouvernement.
Très adulé par ses concitoyens dans un passé récent, le précédemment ardent défenseur des causes nobles de la République, Joseph Djogbénou semble ne plus faire l’unanimité au sein de l’opinion. Ceci, depuis qu’il a choisi faire carrière en politique. Elu député à l’Assemblée nationale, 7ème législature dans la 16ème circonscription électorale sous la bannière de l’Union fait la Nation (UN), le Professeur Joseph Djogbénou est devenu, le 07 avril 2016, le Ministre de la Justice dans le gouvernement du Président Patrice Talon. Depuis lors, il détient les grands dossiers de la Nation et est de surcroît le bras sûr du Chef de l’Etat.
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Désigné par le bureau de l’Assemblée nationale pour siéger dans la prochaine Cour constitutionnelle, il fait l’objet de vives critiques. En effet, la majorité des Béninois sont unanimes sur le fait que l’homme remplit les critères selon la loi fondamentale pour devenir membre de cette prestigieuse institution de la République. Aucun d’eux n’a d’ailleurs contesté ses compétences. C’est dire donc que le problème ne se pose pas quant aux critères. Mais les griefs contre le Ministre de la justice sont ailleurs.
Lorsqu’on scrute bien les propos des uns et des autres, on se rend à l’évidence que le Garde des sceaux n’a pas su combler les attentes de ses compatriotes qui n’ont pas hésité à propulser au parlement lors des législatives de 2015. Ce qui lui a valu le titre de député, le poste qu’occupe actuellement son suppléant Orden Alladatin. Chacun y va selon ce qu’il retient de lui depuis qu’il est à la tête de ce département ministériel.
Ce qui est reproché à Joseph Djogbénou
Pour nombre d’observateurs bien avertis de la chose politique, la politique a changé l’homme, autrefois ardent défenseur de la démocratie et de l’Etat de droit qui seraient menacés sous le précédent régime. «On l’a vu quand il était dans la société civile. Il a dit des choses et posé certains actes. Mais aujourd’hui en politique, il a changé de camp. On ne le reconnaît plus. Les gens le disent et nous le constatons aussi», a laissé entendre Noël Chadaré, Secrétaire général de la Cosi-Bénin, interviewé par les confrères de Capp FM.
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Les reproches à l’encontre du désormais «sage» de la Cour de la Constitutionnelle sont liés, entre autres, au non-respect des décisions de la justice notamment celles de la Cour constitutionnelle, à la tentative de retrait du droit de grève à certains agents de l’Etat, aux violations des libertés publiques sans occulter les tentatives de déstabilisation des partis politiques qui prennent la gouvernance de la Rupture à contre-pied. Des dérives graves que l’homme dénonçait sous le régime de la refondation avec la contribution d’autres acteurs de la société civile, des acteurs politiques et bien évidemment des centrales et confédérations syndicales.
Egalement, il est reproché à ce régime d’engager des réformes qui ne prennent pas en compte les aspirations des Béninois. «C’est lui qui a conduit les réformes. Ces réformes n’ont pas été de bonnes réformes pour la Nation. Lorsque sous sa houlette, on a voulu retirer le droit de grève aux Magistrats, aux travailleurs, c’est des ressources que nous avons perdu sur le plan économique. Même la réforme constitutionnelle a été un échec», avait déclaré sur une radio de la place, le député de l’opposition, Atchadé qui pense qu’il n’y a pas encore péril en la demeure avec sa nomination à la Cour.
Une occasion «en or» pour Djogbénou de se réconcilier avec le peuple
Sous l’actuelle mandature de la Cour constitutionnelle, plusieurs lois votées par l’Assemblée nationale ont été déclarées contraires à la Constitution. Ceci, pour la plupart à la grande satisfaction des Béninois.
Au regard de la configuration de la nouvelle Cour avec l’actuel Ministre de la Justice, Joseph Djogbénou comme probable Président de l’institution, les Béninois craignent que ces mêmes lois ne reviennent sous la nouvelle mandature et ne passent comme une lettre à la poste. Surtout la réforme constitutionnelle que le chef de l’Etat a à l’œil. En clair, les Béninois craignent une Cour qui sera aux ordres du pouvoir pour faire la volonté du Chef et non celle du peuple.
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Certains restent tout de même optimistes et pensent que l’actuel Garde des sceaux, Joseph Djogbénou doit prendre cette ascension fulgurante comme une «occasion en or» pour se réconcilier avec le peuple afin de réparer son image. «Ceux qui sont nommés doivent désobéir au pouvoir s’il veut les amener à faire des choses qui sont contraires à la Constitution. Ils doivent rester pieds et mains liés à l’interprétation de notre loi fondamentale… Le Ministre Djogbénou doit pouvoir démentir tous les préjugés que les Béninois ont de lui pour dire le droit conformément à la Constitution», a souhaité le Syndicaliste Noël Chadaré. Même son de cloche de la part du député du bloc de la minorité parlementaire, Atchadé Nourénou qui pense qu’il fera un bon travail à la Cour. «Lorsque vous suivez les gens, c’est seulement sur son nom qu’ils discutent. Je suis fan admirateur de lui et il se doit de rattraper au niveau de la Cour constitutionnelle qu’il soit Président ou simple membre de l’institution. Il a l’obligation de réparer son image. Je pense qu’il fera un bon travail», rassure le député.
Ainsi donc, la balle est désormais dans le camp du Ministre de la justice qui se doit de combler les attentes des Béninois conformément à la loi fondamentale du Bénin.
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