Référendum: les Béninois face à une lourde responsabilité
La voie est tracée depuis le 05 juillet 2018 suite au rejet des propositions d’amendement à la Constitution du 11 décembre 1990 initiées par certains députés du Bloc de la majorité parlementaire. Les regards sont désormais tournés vers les Béninois appelés à donner leur quitus ou non pour la révision de leur Constitution.
Sauf cataclysme, le peuple béninois assistera à un nouveau référendum comme celui du 02 décembre 1990 qui avait précédé l’adoption de la Constitution du 11 décembre 1990 toujours en vigueur au Bénin. En effet, l’un des sujets phares qui défraient la chronique ces derniers jours est celui relatif au référendum dû à l’échec de la nouvelle tentative de la révision de la Constitution.
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Sur la question, l’opposition et la mouvance, sans oublier une partie de la société civile semblent être divisées. Elles n’arrivent toujours pas à accorder leurs violons. Si les partisans du camp au pouvoir estiment qu’il faut aller au plus tôt à ce référendum pour, disent-ils, un nouvel essor économique et social du Bénin, d’autres par contre appellent à un « vote-sanction » surtout dans les conditions actuelles où le consensus peine à être trouvé sur la question de la révision de la Constitution.
Mieux, d’autres pensent qu’on n’a vraiment pas besoin de toucher à la loi fondamentale pour les quatre points évoqués qui pouvaient être gérés par des lois spécifiques. C’est ce qu’a laissé entendre Me Marie Elise Gbèdo qui, même si elle approuve la proposition qui vise l’amélioration de la représentativité des femmes au sein du parlement, souligne tout de même que cette question est déjà prise en compte par la Constitution en son article 26 qui dispose que l’homme et la femme sont égaux en droit.
Elle propose alors que soient prises des lois spécifiques afin de régler cette question de promotion de la gente féminine. Même son de cloche de la part de l’ancien Président de la Cour Constitutionnelle, Me Robert Dossou qui, comme bien d’autres analystes, observateurs politiques et hommes de droit, ne trouve pas l’opportunité d’un référendum pour créer la Cour des comptes. Pour l’homme de droit, Me Alain Orounla, il n’y a pas une obligation d’inscrire la peine de mort dans la Constitution puisqu’elle n’est plus appliquée au Bénin depuis des décennies. Et si tant est qu’il y a une obligation, il n’y a aucune urgence souligne l’avocat.
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S’agissant du dernier point lié au groupage des élections, il est révélé selon une étude des acteurs de la société civile, que cette option coûterait plus chère que celle qui est actuellement appliquée. Ce sont donc ces quatre points qui seront soumis au peuple lors du référendum. Lors de leur sortie médiatique le week-end dernier, les députés de l’opposition, membres de la minorité parlementaire, Valentin Djènontin et Atchadé Nouréinou disent avoir joué leur partition et laissent le peuple jouer la sienne, celle de voter ou non la révision de la Constitution.
Une lourde responsabilité, sans nul doute, quand on sait que tant les acteurs politiques que ceux de la société civile sont divisés sur ces propositions mais aussi au regard des réactions qui fusent de toutes parts allant même à des menaces voire des intimidations à peine voilées. Nul ne peut présager de l’issue de ce vote dans ce climat fait de suspicion, de méfiance et parfois d’intoxication.
Le peuple béninois est à un carrefour décisif de son histoire où le bon sens doit prévaloir sur les pratiques peu orthodoxes ayant souvent cours en de pareilles occasions en vue d’orienter le vote en faveur de l’un ou l’autre sens. Il reste et demeure désormais le seul arbitre à siffler la fin de la récréation et à départager les protagonistes.
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