Sénégal : le procès en appel de Khalifa Sall boycotté par la défense

Lundi, le procès en appel de l’opposant sénégalais et maire de Dakar Khalifa Sall, condamné le 30 mars à cinq ans de prison pour détournements de fonds publics, n’a pas connu la présence des avocats de Sall.

La défense avait demandé au juge un report du procès en novembre mais cette requête n’a pas été accordée par la cour. Une raison probable qui expliquerait leur départ de la salle d’audience. Tant que sa condamnation n’est pas définitive, le maire de Dakar, 62 ans, reste éligible pour l’élection présidentielle de février 2019, face au chef de l’Etat sortant, Macky Sall, selon des juristes.

Pour les avocats de la défense, cette action va permettre l’examen par le Conseil constitutionnel de leurs requêtes visant à déclarer contraires à la Constitution les textes sur lesquels repose la condamnation de leur client. Les partisans du maire de Dakar, présents en nombre dans la salle d’audience, ont hué les juges après le rejet de cette demande de renvoi, conduisant le président de la cour d’appel, Demba Kandji, à demander aux gendarmes de les évacuer. Les débats se sont poursuivis sans les avocats de M. Sall et sans public.

« N’ayant pas d’avocats, je ne peux rien dire », a déclaré Khalifa Sall à la barre. « Nous boycottons le procès tant que nos droits ne seront pas respectés », a déclaré à l’AFP Me Ciré Clédor Ly, un de ses avocats.

Arrêt de la Cour de justice de la Cédéao

Une précédente demande de la défense pour un renvoi du procès avait été rejetée par la cour dans la matinée. La défense avait justifié cette première demande de renvoi de quelques jours par un arrêt rendu le 29 juin par la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui n’a pas encore été publié officiellement.

Selon la défense, cet arrêt de la juridiction communautaire, saisie par Khalifa Sall, a conclu au caractère « arbitraire » de sa détention préventive, ainsi qu’à la violation de sa présomption d’innocence et de son immunité parlementaire. Cette décision s’impose à la justice sénégalaise et annule la condamnation. « Je n’ai rien dans mon dossier qui me prouve qu’il y a une décision rendue par la Cédéao », a déclaré le président de la cour d’appel, Demba Kandji. « On ne peut pas continuer cette audience en faisant abstraction de cet arrêt », a rétorqué Me Abdou Aly Kâne, un avocat de la défense.

De son côté, l’Etat assure que l’arrêt de la Cour de la Cédéao « ne concerne pas le fond et ne remet nullement en cause l’autorité de la chose jugée ». Ses avocats affirment que la défense cherche ainsi à gagner du temps. Le procès doit se poursuivre mardi à 10H00 GMT (même heure locale)’, indique l’agence APR.