Droits de l’homme : l’Arabie saoudite expulse l’ambassadeur du Canada et rappelle le sien à Riyad

L’Arabie saoudite expulse l’ambassadeur canadien après des critiques d’Ottawa. L’Arabie saoudite a annoncé le retour au pays de son ambassadeur à Ottawa et l’expulsion de l’ambassadeur canadien, dimanche, en réplique aux critiques formulées par Ottawa quant à la récente répression envers des militants opposés à la monarchie.

Riyad a qualifié l’ambassadeur canadien, Dennis Horak, de persona non grata. Il a 24 heures pour quitter le pays et l’Arabie saoudite dit se réserver le droit d’adopter de nouvelles mesures. De fait, M. Horak est en vacances à Toronto depuis trois semaines, a pu confirmer CBC. Les mesures décidées par Ryad comprennent également le gel des relations commerciales avec le Canada. L’Arabie saoudite va également déplacer tous ceux et celles qui y avaient entrepris des études vers d’autres pays, rapporte la chaîne de télévision saoudienne Al-Arabiya.

Elles interviennent à la suite d’un appel de l’ambassade du Canada à la libération immédiate de militants des droits de l’Homme emprisonnés en Arabie saoudite. Le Royaume d’Arabie saoudite « n’acceptera d’aucun pays une ingérence dans ses affaires intérieures ou des diktats imposés », a déclaré le ministère saoudien des Affaires étrangères sur Twitter.

Dans une déclaration dimanche sur Twitter, le ministère saoudien des Affaires étrangères a pourfendu ces commentaires en provenance du Canada, dénués selon lui de tout fondement, en dénonçant une « ingérence flagrante » dans ses affaires internes et un « affront inacceptable » envers son processus judiciaire.

Les « soi-disant activistes de la société civile » dont il est question, affirme le ministère, sont « dûment détenus » pour des crimes reconnus par la loi saoudienne. « Il est très regrettable que les mots « libération immédiate » figurent dans la déclaration canadienne », ajoute-t-elle. Cette expression a été utilisée dans le tweet en anglais du ministère.

Dimanche soir, Affaires mondiales Canada a réagi en se disant « gravement préoccupé » par les récentes déclarations de l’Arabie saoudite. « Le Canada défendra toujours la protection des droits humains, et donc forcément les droits des femmes », peut-on lire dans le communiqué. « Le gouvernement […] estime que ce dialogue est essentiel à la diplomatie internationale. »

Samar Badaoui est la récipiendaire du Prix international du courage féminin 2012 décerné par le département d’État américain.

Elle a fait campagne pour la libération de son frère, Raef al-Badaoui, un blogueur dissident, et de Walid Abou al-Khair, son ancien mari.

Citoyen saoudien, Raef al-Badaoui est emprisonné depuis 2012 en raison de propos tenus sur son blog. Il a été condamné en novembre 2014 à dix ans de prison et à 1.000 coups de fouet pour « insulte à l’islam ».

En 2012, Samar Badaoui a reçu des mains de Michelle Obama et d’Hillary Clinton le Prix international du courage féminin décerné par le département d’État américain.

L »épouse de Raef al-Badaoui, Ensaf Haidar, est installée au Québec depuis l’automne 2013 avec ses trois enfants.

En avril dernier, le Premier ministre canadien Justin Trudeau lui-même avait fait part au prince saoudien de « ses préoccupations importantes et constantes » à l’égard du blogueur emprisonné.

Les arrestations de Samar Badaoui et de sa collègue sont intervenues quelques semaines après celles d’une dizaine de militantes des droits des femmes, accusées de porter atteinte à la sécurité nationale et de collaborer avec les ennemis de l’État.