L’Allemagne et l’Espagne veulent aider le Maroc à refouler les migrants loin de ses côtes
Les autorités marocaines ont commencé à éloigner du nord du pays les candidats à une vie meilleure en Europe, souvent originaires d’Afrique subsaharienne, nous rapporte le Parisien.
Alors que l’Espagne est devenue cette année la première porte d’entrée en Europe par la mer de clandestins, le nouveau dirigeant espagnol, le socialiste Pedro Sanchez et la chancelière conservatrice allemande, Angela Merkel, ont affiché samedi en Espagne leur entente sur la question migratoire.
Si un accord entre les deux pays vient d’entrer vigueur, tous deux plaident pour une aide européenne pour aider le Maroc à contrôler ses frontières. Plus de 23 000 migrants sont arrivés par la mer en Espagne depuis le début de l’année, selon le dernier bilan de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ces derniers jours, les autorités marocaines ont d’ores et déjà chassé les migrants de campements ou logements dans le nord du royaume.
Selon Omar Naji, un représentant de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), depuis mardi, «les autorités ont arrêté des centaines de migrants dans des camps près de Nador (au sud de l’enclave espagnole de Melilla) ou dans des maisons en ville ». « C’est une opération dans le cadre de la lutte contre l’immigration illégale », a pour sa part déclaré un responsable parlant au nom des autorités locales de Tanger. Selon lui, entre 1 600 et 1 800 personnes ont été « déplacées vers des villes où les conditions de vie sont meilleures ». Pour l’AMDH, ces «arrestations sont illégales car sans mandats judiciaires» et le Maroc, l’Espagne et l’Union européenne (UE) en sont « responsables». Le département d’État américain avait déjà noté ce type d’opérations dans le passé.
Davantage d’aides européennes destinées au Maroc. « Sanchez et Merkel ont convenu de transmettre à la Commission européenne la nécessité d’une plus grande implication financière dans le Fonds fiduciaire européen pour l’Afrique, d’où proviennent les fonds destinés spécifiquement au Maroc pour le contrôle des frontières », selon un communique de Madrid. L’Allemagne avait versé sa contribution à ce Fonds « pour la Tunisie et le Maroc parce qu’ils ont besoin d’un soutien en matière de sécurité frontalière et de coopération au développement», a souligné la chancelière.
Réduire les inégalités entre les deux côtés du détroit de Gibraltar. « Quatorze kilomètres séparent les côtes de l’Espagne – et en conséquence de l’Europe – de celles du nord de l’Afrique, mais il y a une distance […] infiniment plus grande en termes de développement », a déclaré le nouveau chef du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez. « Réduire la profondeur de cet abîme d’inégalité doit être une des principales tâches de l’Union européenne », a-t-il dit.
L’accord entre l’Espagne et l’Allemagne effectif
La rencontre Merkel-Sanchez a coïncidé avec l’entrée en vigueur d’un l’accord signé le 6 août, quand Madrid s’était engagé à reprendre les migrants arrivant en Allemagne mais ayant déjà été enregistrés en Espagne dans les bases de données européennes. Cet accord apparaît cependant symbolique car peu de migrants arrivent en Allemagne depuis l’Espagne.
La chancelière avait promis ce type d’accords bilatéraux au sein de l’UE pour convaincre le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, de renoncer à son projet de refouler unilatéralement dès juillet tout demandeur d’asile enregistré dans la base de données européenne EURODAC.
Berlin espère toujours convaincre l’Italie et la Grèce d’en faire autant.
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