Usage du Glyphosate : l’Afrique entre risque de cancer et bonne production cotonnière
Le producteur de l’herbicide Glyphosate est au cœur d’une grosse polémique depuis quelques jours. Selon les informations relayées par la presse internationale, Monsanto a été condamné à payer une amende de 289 millions de dollars suite à un cas de cancer causé par son produit Glyphosate chez un jardinier. L’information de cette condamnation a traversé le monde pour impacter l’avis des environnementalistes africains qui ont relancé à nouveau leur assaut contre cet herbicide.
Le Glyphosate est devenu la bête à abattre des protecteurs de l’environnement et des spécialistes de la santé en Afrique. Dans leur lutte, ils prennent exemples sur le cas de cancer détecté en Amérique et qui a valu plusieurs millions d’amende à la Société Monsanto. Mais à voir les dernières performances de certains pays producteurs de coton ayant opté pour l’usage du Glyphosate, on peut envisager la difficulté des dirigeants à y mettre fin.
Les pays producteurs du coton comme le Mali , le Burkina et le Bénin auront visiblement du mal à se débarrasser de ce produit. Pour preuve, ces trois pays sont venus en tête du classement des meilleurs producteurs du coton en Afrique de l’Ouest pour le compte de la campagne cotonnière passée. Ainsi, le Mali vient en tête avec 700 000 tonnes, le Burkina Faso avec 613 000 tonnes et le Bénin avec 587 000 tonnes. De belles performances qui n’ont pas été atteintes sans l’apport du Glyphosate.
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“Avec le glyphosate, les producteurs de coton sont en mesure d’augmenter les surfaces de culture, traiter efficacement le coton en déployant moins d’efforts”
Gaston Dossouhoui, le ministre de l’Agriculture du Bénin
Il a été appuyé par Sylvain Ouedraogo, secrétaire permanent du Comité sahélien de gestion des pesticides qui a fait l’éloge du produit tant controversé. Selon ses propos relayés par France 24, “Le Glyphosate présente l’avantage d’être non sélectif, c’est un herbicide à large spectre qui permet de tuer tous les végétaux qui ne sont pas désirés, explique Sylvain Ouedraogo. À la différence des herbicides sélectifs qu’on utilise selon les familles d’adventices. Il a aussi un caractère systémique : quand vous l’appliquez, il pénètre dans la plante, une fois pour de bon, peu importe les intempéries.”
L’autre face du Glyphosate
S’il est vrai que le Glyphosate permet aux pays africains, surtout ceux qui produisent le coton d’atteindre de belles performances, il n’est pas moins faux qu’il pourrait générer des dommages sanitaires. Même si Werner Baumann, nouveau patron de Monsanto affirme que les résultats de nombreuses études ont attesté le caractère inoffensif du produit, les organisations de la sauvegarde de l’environnement soutiennent le contraire.
Le cas du jardinier américain les a conforté dans leur thèse. Selon Enagnon Brice Sohou, docteur en gestion de l’environnement et spécialiste des risques et catastrophes, le drame ne se produit pas seulement au USA. Il évoque le cas du Bénin où le risque du cancer est très élevé au sein de la jeunesse. « Nous avons eu la preuve au Bénin de la présence du Glyphosate dans les poissons, dans les aliments…Beaucoup de jeunes meurent du cancer dans le pays », a-t-il déclaré sur la radio allemande Deutsche Welle.
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Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a également effectué des recherches sur l’état nocif du Glyphosate. Selon les résultats de ses études rendus en 2015, le Glyphosate est « probablement cancérigène pour les humains ».
Plus de peur que de mal?
Contrairement aux organisations de la société civile qui sont en état d’alerte, les différents acteurs intervenant dans la production agricole estiment qu’il n’y a pas péril en la demeure. Ainsi, il serait très facile de penser à l’abandon de l’utilisation du Glyphosate comme le souhaite les ONG.
Pour Sylvain Ouedraogo dont les propos sont rapportés par France 24, il faut dépassionner le débat et voir les choses autrement. “Il faut être moins dans l’émotion. Les inquiétudes de la société civile sont légitimes. Mais pour l’instant, aucune étude scientifique n’a démontré l’effet cancérigène du Glyphosate. Je fais référence à la conclusion d’une expertise en mai 2016 à Genève. Il faut atténuer le pessimisme au niveau des pesticides”, a-t-il martelé.
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Néanmoins, il est recommandé aux producteurs de ne pas abuser du Glyphosate. “Il faut une utilisation responsable du pesticide. Quand bien même, il n’est pas cancérigène, il reste dangereux comme tout autre pesticide’’, a recommandé Sylvain Ouedraogo.
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