L’Afrique n’a pas besoin d’emprunter à la Chine

Un ancien vice-président de la division Afrique de la Banque mondiale et ancien ministre nigérian de l’éducation, Oby Ezekwesili, a critiqué la décision des pays africains d’emprunter à la Chine.

La Chine a annoncé une facilité d’aide de 60 milliards de dollars en prêt à l’Afrique. Mais, l’ancien ministre nigérien Oby Ezekwesili, dans un fil Twitter lundi, a déploré que l’Afrique emprunte à la Chine: «pour l’investissement massif dont notre continent a besoin, même pour l’infrastructure (quelque 93 milliards de dollars par an de l’une des études réalisées par notre équipe il y a quelques années), le continent doit emprunter pour compléter sa principale source de financement. » Donnant des statistiques à l’appui de ses affirmations, Mme Ezekwesili a indiqué que le stock total de dette publique du Nigéria à la fin du premier trimestre de l’exercice 2017 était de 19,16 milliards N (soit 62,9 milliards USD), représentant environ 18% du PIB nominal.

Mme Ezekwesili, qui a été vice-présidente de la division Afrique de la Banque mondiale de mai 2007 à mai 2012, a également condamné l’acte d’emprunt du gouvernement nigérian à la Chine. Elle a également déclaré que l’attitude de la Chine à l’égard de l’endettement est la plus difficile au monde. Elle a déclaré qu’elle était consciente du fait qu’elle devait faire face à cette situation dans le cadre de son travail à la Banque mondiale, aidant ainsi les pays pauvres très endettés à annuler leur dette. Mme Ezekwesili a souligné que cela la « gêne beaucoup de voir nos pays bailler sur des prêts chinois ».

 «Le plus agaçant de cette nouvelle vague d’accroissement de la dette publique des pays du continent est que les politiciens se comportent exactement comme ceux qui ont accumulé les dettes dans les années 80 et 90». Elle a expliqué que la Chine sait exactement ce qu’elle fait en vertu des accords de prêt avec les pays africains. «Vous verrez à quel point ils couvrent leur exposition. Pendant ce temps, nos propres dirigeants s’y rendent naïvement, avec joie et avec une énorme dose de complexe d’infériorité ».

Elle a ensuite accusé les dirigeants africains de ne pas avoir la volonté de mener des réformes audacieuses et coûteuses qui attireront des investissements du secteur privé dans des secteurs critiques de l’économie.

«Nos gouvernements remplacent les prêts non concessionnels risqués de la Chine et d’autres pays. Certains transmettent même le patrimoine national en échange. Tant que les dirigeants et les citoyens africains n’auront pas réussi à mobiliser le consensus autour des rôles essentiels du secteur privé dans la résolution de nos problèmes économiques, nous continuerons à emprunter et donc à faire des emprunts. Les citoyens permettent aux #LazyLeaders sur le continent d’éviter le dur labeur et de s’attaquer à #ChineseLoans»,

a-t-elle tweeté.