Bénin: relation Patrice Talon-Adrien Houngbédji, une spirale de dribble sans fin ?

Entre le parti du renouveau démocratique de Me Adrien Houngbédji et Patrice Talon, ancien homme d’affaire et actuel président de la République du Bénin, les rapports ont été toujours une relation de dribble.  Cette affirmation qui vient de Me Adrien Houngbédji lui-même, leader charismatique du PRD et actuel président de l’Assemblée nationale, semble encore se confirmer au regard du dernier développement de l’actualité entre les deux personnalités.

Après près de trois ans de nuit de miel et de « consensus facile » autour de certaines propositions de lois à polémique, le parti du renouveau démocratique (PRD) de Me Adrien Houngbédji et le président Patrice Talon n’arrivent pas à avoir le même consensus facile autour de la création du parti républicain qui consacrera la disparition du parti arc-en-ciel en faveur du « nouveau parti ». L’incompréhension née entre les deux personnalités et le dernier développement sur le terrain après le retrait du PRD est symptomatique du genre de relation qui a toujours unis les deux hommes.

Je te dribble, tu me dribbles…

C’est un secret de polichinelle que le parti du renouveau démocratique n’a pas soutenu l’actuel chef de l’Etat lors de l’élection présidentielle de Mars 2016. Le candidat d’alors avait cru jusqu’au dernier moment, le soutien de cette formation politique qui avait combattu dix ans durant, le régime du président Thomas Boni Yayi. Les responsables du bureau politique du PRD ont entretenu l’espoir du candidat Patrice Talon avant de lui faire une surprise mémorable en « louant » leur logo à son challenger, le candidat Lionel Zinsou porté par le président sortant. Accusé de trahison par l’état-major du candidat Patrice Talon, le leader charismatique du PRD a répliqué en affirmant que c’est le président Patrice Talon qui a toujours trahi le PRD et que ce n’est qu’un retour de l’ascenseur.

« En 2006, mais il est venu ici, on a bien parlé mais après, il est allé apporter son soutien à Boni Yayi. Il a refait la même chose en 2011. Aujourd’hui c’est lui qui court derrière moi pour avoir les suffrages du Prd. Il vient me voir la nuit, il vient le jour… Il a amené l’argent ici et j’ai refusé, demandez-lui ça. J’ai ici le document dans lequel il me propose de prendre les 4 milliards pour avoir le soutien du PRD. »  avait clamé Houngbédji à ceux qui l’accusaient de traître.

« Pourtant je ne lui ai pas tenu grief et je lui ai dit que s’il a le soutien des grands partis,  je m’y associerai. Mais au finish, il n’a jamais obtenu ces soutiens. Chaque fois quand je demande, on me dit, c’est le week-end prochain. J’attends le week-end, le lundi je l’appelle, il m’a dit c’est le week-end prochain. Finalement, le soutien dont on m’a parlé n’est jamais venu. » a poursuivi Me Adrien Houngbédji.

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Le leader charismatique du parti du renouveau démocratique s’insurge davantage contre les partisans du Candidat Patrice Talon qui lui rappelaient que c’est grâce à l’argent de l’homme d’affaire et sa capacité de négociation, bien qu’il soit en exil en France, qui lui a permis d’être élu président de l’Assemblée nationale en 2015. Face à cet argumentaire, le président du PRD reste formel ; s’il a investi dans son élection, c’est parce qu’il se trouvait en difficulté et cherchait des solutions pour se tirer d’affaire. « Je souhaite qu’on organise même une marche pour le désavouer publiquement. On n’est pas si bête à Porto- Novo. On dit qu’il a financé l’élection du bureau de l’Assemblée nationale. C’est pour ses intérêts, il était exilé à Paris et voulait revenir au bercail. Et c’est fait… », avait rétorqué Me Adrien Houngbédji.

Qui a dribblé une fois trompera….

C’est donc avec beaucoup d’étonnement et de curiosité que le peuple béninois observe la parfaite entente que filent les deux personnalités depuis l’avènement du régime du « Nouveau Départ ». Une lune de miel que d’aucuns ont tôt fait de pronostiquer la fin certaine, car estimant que la relation de deux hommes rusés ne saurait durer indéfiniment. Ce qui ne manqua pas d’arriver. A travers un communiqué rendu public dans la soirée du lundi 19 novembre 2018, le Bureau Politique du Parti du Renouveau Démocratique (PRD) a confirmé l’information de sa démission du bloc « Républicain », estimant que  participer à la création d’un parti sur la base de malentendus, serait suicidaire. 

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En se retirant du bloc progressiste, le PRD affirme n’avoir pas obtenu gain de cause quant à ses exigences. En effet, pour Me Adrien Houngbédji, il n’est pas concevable qu’un parti politique qui, 30 ans durant, s’est battu pour asseoir son autorité puisse disparaître subitement dans un ensemble sans prendre un peu de garanti. En réalité, le PRD craignait beaucoup plus un piège tendu par son allié pour faire disparaître leur parti politique. Il a donc opéré un retrait soudain et inattendu qui n’est pas bien perçu par le chef de l’Etat qui comptait sur cet allié politique pour obtenir une majorité confortable à l’Assemblée nationale afin de poursuivre les réformes institutionnelles et politiques entamées depuis 2016.

Cet acte impromptu du parti religion des « Ayinonvi » est considéré comme une trahison politique par le chantre du « Nouveau Départ ». En réplique à cette situation, Patrice Talon, en homme de défis a décidé de faire le jeu politique en fragilisant l’influence du PRD sur le terrain. Pour y parvenir, il a décidé de faire un redéploiement au sein du bloc républicain afin de réduire les marges de manœuvre du parti arc-en-ciel dans ses circonscriptions électorales.  Dans ce jeu de placement de pillons ou de repositionnement, l’honorable Gbénamèto, son collègue Paulin Gbénou et Mathurin de Chacus, ancien président du club des dragons de l’Ouémé et l’actuel président de la fédération béninoise de football sont envoyés renforcer le bloc républicain.

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Toujours dans ce jeu de repositionnement, l’ancien bâtonnier Jacques Migan, le Directeur général de la Loterie nationale du Bénin, Gaston Zossou sont désormais également du côté du Bloc républicain pour renforcer les ministres Jean-Claude Houssou du Prd et Mathys Adidjatou. Des positionnements qui pourront rendre la tâche difficile au parti des « Tchoco Tchoco » qui sera certainement de plus en plus marginalisé au sein de la mouvance présidentielle.

En somme, même si le PRD clame encore son appartenance à la mouvance au pouvoir en dépit de son retrait du bloc républicain, il est évident que la relation entre les deux acteurs politiques ne pourront plus jamais être comme au début. C’est à croire qu’entre les deux hommes, il y a toujours un jeu de dribble qui mène chacun à être toujours sur ses gardes.