France: Nicolas Hulot sort, règle ses comptes avec la politique Macron sur France 2

Trois mois après sa démission surprise du gouvernement, Nicolas Hulot sort de son silence jeudi soir sur le plateau de «L’Émission politique», en pleine crise des «gilets jaunes» qui contestent la taxe carbone chère à l’ex-ministre écolo.

Le 28 août, en direct sur France Inter et sans avoir prévenu ni le président ni le Premier ministre, le ministre de la Transition écologique annonçait son départ, se disant «tout seul à la manoeuvre» sur les enjeux environnementaux au sein du gouvernement. Depuis, l’ancien animateur télé, qui s’est dit soucieux de ne rien faire «pour nuire à ce gouvernement», a été très discret, démentant seulement préparer la sortie d’un livre et saluant de quelques tweets des mobilisations pour le climat dans la rue ou par des youtubers.

 «Il faut un accompagnement social digne de ce nom»

Ce soir sur France 2, celui qui est redevenu la personnalité politique préférée des Français selon des sondages, s’est exprimé pendant plus d’une heure, débattant notamment avec le philosophe Alain Finkielkraut, le patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux et une agricultrice.

Nicolas Hulot a réclamé un «accompagnement social digne de ce nom» de la hausse de la taxe carbone dénoncée par les «gilets jaunes»: «Je l’ai défendue (la taxe carbone) et je l’assume», mais «il faut un accompagnement social digne de ce nom», a déclaré l’ancien ministre de la Transition écologique trois mois après avoir quitté le gouvernement, soulignant que cet accompagnement était «ce qui a manqué».

 «Je n’ai pas été entendu»

La crise des «gilets jaunes» était «évitable», a assuré Nicolas Hulot, indiquant que le gouvernement n’avait pas «entendu» ses propositions pour un meilleur accompagnement social de la transition écologique. «Je me suis battu, et notamment les semaines qui ont précédé mon départ, pour qu’on change complètement d’échelle dans l’accompagnement social de la transition énergétique et écologique, avec des propositions concrètes. Je n’ai pas été entendu», a déclaré l’ancien ministre de la Transition écologique trois mois après sa démission.

 «Je l’ai dit à l’époque, et ce n’est un secret pour personne, il y a des contraintes budgétaires qui n’ont pas permis ou en tout cas pas convaincu le gouvernement d’augmenter cet accompagnement social, il va le faire je l’espère maintenant».

«Je veux bien tout assumer, j’ai tenté, quand je n’ai pas convaincu, j’en prends acte, mais j’aurais préféré effectivement ne pas avoir eu raison sur le risque d’emballement que l’on connaît», a ajouté l’ancien animateur télé, confronté à un représentant du mouvement des «gilets jaunes» en duplex depuis Saint-Brieuc. «La France se serait bien passée de cette confrontation qui oppose l’écologie au social, alors que ma volonté était de réconcilier écologie et social. On n’y est pas parvenu et cette crise était évitable», a insisté M. Hulot.

Européennes: il ne soutiendra aucune liste

Quant à une éventuelle candidature au scrutin présidentiel de 2022, c’est «un fantasme de journaliste», a-t-il dit. «La question des gens qui peuvent mener des listes aux européennes, c’est pas ça mon problème», a déclaré l’écologiste. «Ce qui m’intéresse ce n’est pas une liste, c’est que l’ensemble de la classe politique s’empare de propositions structurantes à la hauteur des réalités du 21e siècle». «Ce que je voudrais pour les élections européennes (…) c’est, avec d’autres, mettre sur la table des propositions à hauteur de l’ambition européenne et de la situation actuelle, et s’en empare qui veut (…) Je veux aider à faire émerger les alternatives».

Quant à la possibilité qu’il soutienne une liste, il a répondu nettement «Non!»: «Je soutiens des propositions, des idées (…) je ne ferai rien qui divise, et je considère que sur ce sujet-là on doit se rassembler». Côté politique, «j’ai tout fait dans ce domaine: j’ai été chez les écolos, j’ai été candidat à la présidentielle… mais il faut que je trouve une autre forme, ça passera par la société civile». «On a besoin de sang neuf, moi je suis disponible mais pas dans le champ politique traditionnel», a-t-il ajouté. Car «un homme, une femme ne changera rien si une société ne se réconcilie pas, on n’y arrivera pas les uns contre les autres. Donc ce n’est pas une question d’homme. J’ai été ministre, et ça n’a pas changé grand-chose!»